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Vertuchou.over-blog.com

Les papillons

31 Octobre 2017, 02:38am

Publié par vertuchou

PANTOUM

Les papillons couleur de neige
Volent par essaims sur la mer ;
Beaux papillons blancs, quand pourrai-je
Prendre le bleu chemin de l’air ?

Savez-vous, ô belle des belles,
Ma bayadère aux yeux de jais,
S’ils me pouvaient prêter leurs ailes,
Dites, savez-vous où j’irais ?

Sans prendre un seul baiser aux roses,
À travers vallons et forêts,
J’irais à vos lèvres mi-closes,
Fleur de mon âme, et j’y mourrais.

Théophile Gautier

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On se regarde pendant qu'on fait l'amour

30 Octobre 2017, 02:12am

Publié par vertuchou

On se regarde pendant qu'on fait l'amour et on a l'impression
qu'on vient de plonger dans l'univers de quelqu'un d'autre.
On est stupéfait. La respiration coupée.  C'est cela être ensemble ?
Le mélange de deux univers, de deux personnes qui, à ce moment précis,
ont éliminé toutes leurs différences.
C'est le je-suis-toi-tu-es-moi-je-ne-sais-plus-où-commence-mon-corps-où-finit-le-tien.

Daniel Bergner , Ce que veulent les femmes

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Haute fille de canne et de coquelicot

29 Octobre 2017, 02:49am

Publié par vertuchou

D'abord, fuyante ceinture,
l'orbite d'or de son allure,
le monde frais de son rire,
la verte, la métallique
innocence des ses yeux.
L'aimais-je ? On ne le sait jamais.
Mais dans les nuits timides,
dans les nuées perdues et somnambules,
son nom résonnait
comme une étoile fixe en la pénombre.
La distance devint
la longueur d'un soupir.
Oh! la terrestre angoisse,
oh! la soudaineté
du lointain et des neiges!
Ai-je souffert ? On ne le sait jamais.
Mais dans les soirées tristes,
l'insistance familière de l'angélus,
à l'heure du vol taciturne
des hiboux, des chauves-souris,
je la voyais comme en un simple songe.
Et voici qu'à la fin, le vent,
et voici que le vent,
à la fin, me la rend.
Je l'avais dans mes bras
et je la caressais
durant un éclair tiède.
J'ai touché ses mains lentes,
la fleur bicéphale du sein, l'eau
de sa luxure augurale... Maintenant,
toi, la bonne espérance,
toi, la douce maîtresse
du feu et de la danse,
haute fille de canne et de coquelicot,
je sais bien maintenant
que je souffre et je t'aime.

Nicolas Guillén

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Anthropométrie sans titre

28 Octobre 2017, 02:49am

Publié par vertuchou

Yves Klein, Anthropométrie sans titre, 1960

Yves Klein, Anthropométrie sans titre, 1960

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Impromptu

27 Octobre 2017, 02:30am

Publié par vertuchou

EN RÉPONSE A CETTE QUESTION :

Qu’est-ce que la Poésie ?

Chasser tout souvenir et fixer la pensée,
Sur un bel axe d’or la tenir balancée,
Incertaine, inquiète, immobile pourtant ;
Éterniser peut-être un rêve d’un instant ;
Aimer le vrai, le beau, chercher leur harmonie ;
Écouter dans son cœur l’écho de son génie ;
Chanter, rire, pleurer, seul, sans but, au hasard ;
D’un sourire, d’un mot, d’un soupir, d’un regard
Faire un travail exquis, plein de crainte et de charme ;
          Faire une perle d’une larme :
Du poète ici-bas voilà la passion,
Voilà son bien, sa vie, et son ambition.

            1839.

Alfred de Musset

 

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Un poème, c'est...

26 Octobre 2017, 02:44am

Publié par vertuchou

Un poème, c'est quand tu entends battre le cœur des pierres.

Jean-Pierre Siméon

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Les arbres

25 Octobre 2017, 02:19am

Publié par vertuchou

Nous regardions nos arbres, c'était du haut
De la terrasse qui nous fut chère, le soleil
Se tenait près de nous cette fois encore
Mais en retrait, hôte silencieux
Au seuil de la maison en ruines, que nous laissions
A son pouvoir, immense, illuminée.
Vois, te disais-je, il fait glisser contre la pierre
Inégale, incompréhensible, de notre appui
L'ombre de nos épaules confondues,
Celle des amandiers qui sont près de nous
Et celle même du haut des murs qui se mêle aux autres,
Trouée, barque brûlée, proue qui dérive,
Comme un surcroît de rêve ou de fumée.
Mais ces chênes là-bas sont immobiles,
Même leur ombre ne bouge pas, dans la lumière,
Ce sont les rives du temps qui coule ici où nous sommes,
Et leur sol est inabordable, tant est rapide
Le courant de l'espoir gros de la mort.
Nous regardâmes les arbres toute une heure.
Le soleil attendait, parmi les pierres,
Puis il eut compassion, il étendit
Vers eux, en contrebas dans le ravin,
Nos ombres qui parurent les atteindre
Comme, avançant le bras, on peut toucher
Parfois, dans la distance entre deux êtres,
Un instant du rêve de l'autre, qui va sans fin.

Yves Bonnefoy

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Besame mucho

24 Octobre 2017, 02:58am

Publié par vertuchou

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Femme d'autrefois

23 Octobre 2017, 02:33am

Publié par vertuchou


Femme ! je ne te vis, jadis, que quelques heures,
Passante parmi les passantes… Je ne fus
Pour toi qu’un doux enfant dont nul trait ne demeure,
Un visage qui fuit aussitôt qu’apparu…

Je me souviens : tu mis ta main pôle à mes joues.
Frôlas négligemment mes cheveux de tes doigts,
Ignorant que ta grâce un peu triste, un peu floue
Sous le long voile noir, s’incarnait toute en moi.

Depuis, j’ai grandi ; mais mon âme adolescente
Se rappelle toujours la bonté de tes yeux
Et, parfois, imprécise en ta robe flottante,
Je te vois apparaître au lointain des soirs bleus…

Emile Lanto

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Jeanine Foucamprez vint se placer

22 Octobre 2017, 02:47am

Publié par vertuchou

Jeanine Foucamprez vint se placer face à Arthur Dreyfuss, sa main froide
caressa la buée qui sortait d'entre ses lèvres,caressa l'infime
qui les séparait encore; ils ne s'embrassèrent pas,
tout était parfait sans baiser; puis elle posa sa tête sur son épaule;
ils traversèrent l'impressionnante allée des Limousins,
s'enfoncèrent dans les ombres humides de la forêt;
ils marchèrent lentement, en titubant un peu à cause
de leur différence de taille mais aussi parce
qu'il n'est jamais facile d'être parfaitement synchrones
au début d'une histoire d'amour.
On doit apprendre à écouter, et non seulement ses mots,
mais son corps, sa vitesse, sa force,
sa faiblesse et ses silences qui déséquilibrent;
on doit perdre un peu de soi pour se retrouver dans l'autre.

Grégoire Delacourt, La première chose qu'on regarde

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