Dans ce rêve
Dans ce rêve
je ne sais plus vraiment
si je croquais un nuage
juteux comme un fruit mûr
ou si je buvais de la glace
au fond de ta culotte
ce que je sais
c'est que j'étais réveillé
Thomas Vinau
Coups de cœur
Dans ce rêve
je ne sais plus vraiment
si je croquais un nuage
juteux comme un fruit mûr
ou si je buvais de la glace
au fond de ta culotte
ce que je sais
c'est que j'étais réveillé
Thomas Vinau
Tu peux me faire passer à l'Histoire
Avec tes mensonges pervers,
Et me traîner dans la poussière,
Mais, comme elle, je me soulèverai.
Mon exubérance t'irrite-t-elle ?
La tristesse te gagne, pourquoi ?
Parce que j'avance comme si j'avais
Des puits de pétrole chez moi.
Tout comme les lunes et les soleils,
Aussi sûre que les marées,
Tel un espoir qui se réveille,
Toujours, je m'élèverai.
Voulais-tu me voir brisée ?
La tête courbée les yeux baissés ?
Mes épaules tombant comme des larmes,
Par mon âme en pleurs, diminuées ?
Est-ce mon dédain qui t'offense ?
Tu peines vraiment à l'accepter ?
Car je ris comme si des mines d'or
Dans mon jardin étaient creusées.
Tire-moi dessus avec tes mots,
Saigne-moi donc avec tes yeux,
Tue-moi avec ta haine, mais
Pourtant, comme l'air je m'élèverai.
Mon côté sexy te dérange ?
Et pour toi, est-ce une surprise
Que je danse comme si des diamants
Nichaient au croisement de mes cuisses ?
Des taudis honteux de l'Histoire
Je m'élève
D'un passé pétri de souffrance
Je m'élève
Tel un océan noir, bondissant et immense,
Débordant, grossissant, je porte la marée.
Abandonnant les nuits de terreur et d'effroi
Je me lève
Dans une aurore à l'éclat merveilleux
Je m'élève
Apportant les cadeaux offerts par mes aïeux,
Je suis le rêve et l'espoir de l'esclave.
Je me lève
Je me soulève
Je m'élève.
Maya Angelou
Je voudrais t’aimer
comme on aime Dieu
avec le regard levé vers le bleu,
avec les cierges un à un allumés,
un tapis d’étoiles pour le sommeil.
Je voudrais te supplier, t’appeler,
te couvrir de pardons.
Je voudrais t’aimer,
couchée sur le miroir des autels.
Dans l’herbe retournée au mystère,
couche-moi, berce-moi,
pénètre-moi, sans fin, sans espoir.
Chante pour moi,
chante pour adoucir l’instant.
Profondes sont les feuilles,
recouvre-moi, oublie…
Profond est le sommeil,
cache-moi dans ton âme flottante.
Mon corps aux sept cicatrices,
n’est-il pas las des réveils nauséeux
dans des chambres stériles ?
N’est-il pas las de la promiscuité
des hôpitaux ?
Ce sourire qui vient du ventre,
à peine esquissé,
me transforme,
me bouleverse.
Mon âme grésille.
Parle-moi !
Quelques mots, seulement,
pour croire en tes divinités.
Dis-leur que ma foi est fragile
et mes Saints de plâtre
si dérisoires.
Abandonnons la peur
aux bêtes affamées.
Anne-Marie Derèse
La fêve du gâteau des Rois
Est plus dure qu’un caillou !
Jean, qui s’y casse une dent,
La jette au loin en pleurant.
Mais Aglaé la ramasse,
La plante dans son jardin,
L’arrose chaque matin
pour voir pousser l’année prochaine,
Entre salade et romarin,
Des gâteaux de Roi par centaines.
Pierre Gabriel
traces de mains
empreintes de mes pas
et ma voix en écho
d’une façade à l’autre
d’une façade à l’autre
partout je serai là
dans ton regard aussi
et jusque sous ta peau
au creux de mes nuits
et dans les draps de ton lit
là
partout
je serai
Bernard Friot
Vers le soir
Abandonne-toi
à ton double destin:
Habiter le cœur du paysage
Et faire signe
aux filantes étoiles
François Cheng
En vérité
c'est de toi cette senteur du jardin
jusqu'à l'extrême regard incendiaire
à la poursuite des patiences
et des pluies venues
Encore toi
ce pays sans avenue
que l'on transporte en soi
dans la terre fertile du désir
Toujours toi
à la cadence des jours
blottis entre chaque phrase
sans mesure
comme une certitude du présent.
Huguette Bertrand
Tu as laissé glisser sur moi
L'amitié d'un rayon de lune.
Et tu m'as souri doucement,
Plage au matin éclose en galets blancs.
Elle règne sur mon souvenir, ta peau olive
Où Soleil et Terre se fiancent.
Et ta démarche mélodie
Et tes finesses de bijou sénégalais,
Et ton altière majesté de pyramide,
Princesse !
Dont les yeux chantent la nostalgie
Des splendeurs du Mali sous les sables ensevelies.
Léopold Sedar Senghor
Il faut revenir pas à pas
Vers la seule fenêtre ouverte
L’avenir est là
Comme un enfant qui rit.
Il reste assez de jour
Pour guérir une forêt
Assez d’arbres
Pour croire à l’aurore
Un grand coup de ciel sur ta vie
A fait le monde pur
Comme un drap gonflé par le vent.
Hélène Cadou
On s’essaie à la vie,
on veut oublier les chambres en enfilades
des échecs,
on regarde défiler les plaisirs,
la solitude,
on sait la sécheresse des mots,
et du cœur,
on voudrait changer d’être, de peau,
de soi,
on hait la demande, l’attente,
le sacrifice qu’il faut payer,
on désire effacer les traces, survivre dans le vide,
on garde seule et vivante la beauté des choses,
on la comprends mieux que les êtres,
elle dilate le cœur , dispense son ravissement,
elle réconcilie soi et le monde,
enfin un.
Sylvie Fabre G