Le poème est tissé à partir du silence
Le poème est tissé à partir du silence, pareil à un foulard, fin comme l’air,
glissant librement à travers un anneau. Des milliers de motifs, de signes
et d’ornements ne modifieraient pas son essence magique.
Aussi énigmatique qu’un rêve,il nous montre des visages infinis,
mais lui-même nous reste inconnu et inaccessible. Il est pourtant
capable de faire surgir entre de parfaits étrangers des ponts
de reconnaissance d’un blanc éclatant, — car ceux que
des mondes entiers séparent se ressemblent souvent
au fond d’eux-mêmes.
Doris Kareva