Il est plus difficile
Il est plus difficile de vivre décemment une journée
que de composer un livre
Adam Mickiewicz
Coups de cœur
Il est plus difficile de vivre décemment une journée
que de composer un livre
Adam Mickiewicz
est-ce pomme
Jacques Darras |
Je suis François , dont il me poise,
Né de Paris emprès Pontoise,
Et de la corde d’une toise
Saura mon col que mon cul poise.
François Villon
Quand je marche
Quand je marche, je marche
quand je dors, je dors
quand je chante, je chante
je m'abandonne
Quand je marche, je marche droit
quand je chante, je chante nue
et quand j'aime, je n'aime que toi
quand j'y pense, je ne dors plus
Je suis ici, je suis dedans
je suis debout
je ne me moquerai plus de tout
"Entends tu, m'as-tu dis,
le chant du monde », alors depuis
quand l'aube se lève, je la suis
quand la nuit tombe
je tombe aussi
Je suis ici, je suis dedans
je suis debout
je ne me moquerai plus de tout
Quand j'ai faim, tout me nourrit
le cri des chiens, et puis la pluie,
quand tu pars, je reste ici,
je m'abandonne et je t'oublie.
Camille Dalmais
Exaltation muette qui me parcourt
Se dévoiler par le verbe
Se toucher sans se rencontrer
Attente impatiente qui me traverse
Découvrir le don de l’autre
S’emparer de ce présent et en faire chair !
Attention inquiète qui me transperce
Deviner les maux derrière l’écriture
Jusqu’où la terre finira-t-elle sa course ?
Voici des fruits, des fleurs, des feuilles et des branches
Et puis voici mon coeur qui ne bat que pour vous.
Ne le déchirez pas avec vos deux mains blanches
Et qu'à vos yeux si beaux l'humble présent soit doux.
J'arrive tout couvert encore de rosée
Que le vent du matin vient glacer à mon front.
Souffrez que ma fatigue à vos pieds reposée
Rêve des chers instants qui la délasseront.
Sur votre jeune sein laissez rouler ma tête
Toute sonore encor de vos derniers baisers;
Laissez-la s'apaiser de la bonne tempête.
Et que je dorme un peu puisque vous reposez.
Aurons-nous le temps d’aller très loin
de traverser les carrefours, les mers, les nuages
d’habiter ce monde qui va parmi nos pas
d’un infini secret à l’autre, pourrons-nous écouter
le remuement des corps à travers le sable ;
aurons-nous le temps
de tout nous dire et d’arrêter d’être effrayés
par nos tendresses, nos chutes communes ;
pourrons-nous tout écrire
d’un passage de vent sur nos visages
Ces murmures de l’univers, ces éclats d’immensité ;
aurons-nous le temps de trouver
un mètre carré de terre et d’y vivre
ce qui nous échappe
je ne sais pas encore
Hélène Dorion
A découvrir sur
http://www.maulpoix.net/Dorion.html
Le poème, tel que je l'entends,
transformation d'une forme de vie par une forme de langage
et d'une forme de langage par une forme de vie,
partage avec la réflexion le même inconnu, le même risque
et le même plaisir, le même pied de nez
aux idées reçues du contemporain.
Puisqu'on n'écrit ni pour plaire ni pour déplaire, mais pour vivre et transformer la vie.
Henri Meschonnic
My towers at last ! These rovings end,
Their thirst is slaked in larger dearth :
The yearning infinite recoils,
For terrible is earth.
Kaf thrusts his snouted crags through fog :
Araxes swells beyond his span,
And knowledge poured by pilgrimage
Overftows the banks of man.
But thou, my stay, thy lasting love
One lonely good, let this but be !
Weary to view the wide world’s swarm,
But blest to fold but thee.
Mes tours, enfin ! Terme de mes errances
Dont la soif s’étanche en pénurie plus grande :
Infini, le désir se replie,
Car terrible est la terre !
Kaf perce le brouillard du groin de ses à-pics :
L’Araxe s’enfle et s’outrepasse
Et les pèlerinages déversent un savoir
Qui submerge les rives de l’homme.
Mais toi, mon soutien, ton amour pérenne
Unique et seul bien - que cela seulement soit !
Lassé de contempler l’essaim du vaste monde,
Mais béni de n’avoir à étreindre que toi.
Herman Melville