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Vertuchou.over-blog.com

Soleils couchants

11 Mai 2010, 18:18pm

Publié par vertuchou

A Catulle Mendés
   
   
Une aube affaiblie
Verse par les champs
La mélancolie
Des soleils couchants.
La mélancolie
Berce de doux chants
Mon cour qui s'oublie
Aux soleils couchants.


4503114709_e3352ce883.jpg
Et d'étranges rêves,
Comme des soleils
Couchants sur les grèves,
Fantômes vermeils,
Défilent sans trêves,
Défilent, pareils
À des grands soleils
Couchants sur les grèves

Paul Verlaine

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Je ne sais pas encore

10 Mai 2010, 07:00am

Publié par vertuchou

Si la vie n’est pas
ce vers quoi nous ne pouvons retourner;
s’il y a quelque consolation
pour la tristesse qui revient
comme une alerte, la marque visible
de ce qui lentement se défait
en chacun de nous, le monde cherche sa beauté
et s’il devrait éviter la douleur
je ne sais pas encore.

Pourquoi cette ombre, ce silence
versés dans nos mains
ces manques insaisissables;
au fond de l’air, un oiseau déploie ses ailes
et s’il devrait éviter la douleur
je ne sais pas encore.

Aurons-nous le temps d'aller très loin
de traverser les carrefours, les mers, les nuages
d'habiter ce monde qui va parmi nos pas
d'un infini secret l'autre, pourrons-nous écouter
le remuement des corps à travers le sable ;
aurons-nous le temps de tout nous dire et d'arrêter d'être effrayés
par nos tendresses, nos chutes communes ;


ChampPool pano

 

pourrons-nous tout écrire
d'un passage  du vent sur nos visages
ces murmures de l'univers, ces éclats d'immensité ;
aurons-nous le temps de trouver
un mètre carré de terre et d'y vivre ce qui nous échappe


je ne sais pas encore.

Hélène Dorion

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On t'oubliera comme si tu n'avais jamais été

9 Mai 2010, 13:22pm

Publié par vertuchou

On t’oubliera, comme si tu n’avais jamais été.
On t’oubliera comme la mort d’un oiseau,
comme une église abandonnée,
comme un amour passager
et comme une rose dans la nuit… on t’oubliera
J’appartiens à la route… D’autres pas
ont précédé mes pas.
D’autres que moi ont dicté leurs visions
à mes visions,
d’autres ont répandu le verbe
afin qu’il intègre le récit
ou éclaire pour celui qui suivra,
trace lyrique… et intuition
On t’oubliera… comme si tu n’avais jamais été
homme ou œuvre… on t’oubliera
J’avance guidé par la vision. Le récit sera peut-être
plus personnel. Car les mots
me gouvernent et je les gouverne.
Je suis leur forme
et ils sont la libre transfiguration.
Mais ce que je dirai a été dit.
Un futur antérieur me précède.
Je suis le roi de l’écho.
Je n’ai de trône que les marges. Et le chemin
est la méthode. Les Anciens ont peut-être
oublié de décrire
quelque chose pour que j’y réveille
mémoire et sensations.
On t’oubliera comme si tu n’avais jamais été
acte ou trace… on t’oubliera
J’appartiens à la route…
Quelqu’un pose ses pas
dans mes pas, qui me suivra jusqu’à ma vision,
quelqu’un qui déclamera des vers de louanges
aux jardins de l’exil, devant la maison,
des vers délivrés de l’adoration du passé,
délivrés de ma métonymie et de ma langue,
et je témoignerai
que je suis vivant
et libre
quand on m’oubliera !

 Mahmoud Darwich

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Nous courons sans souci dans le précipice

8 Mai 2010, 23:21pm

Publié par vertuchou

Nous courons sans souci dans le précipice,

après que nous avons mis quelque chose

devant nous pour nous empêcher
de le voir
.


Pascal

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Le tombeau d’Edgar Poe

7 Mai 2010, 13:14pm

Publié par vertuchou

   Tel qu'en Lui-même enfin l'éternité le change,
    Le Poète suscite avec un glaive nu
    Son siècle épouvanté de n'avoir pas connu
    Que la mort triomphait dans cette voix étrange !

    Eux, comme un vil sursaut d'hydre oyant jadis l'ange
    Donner un sens plus pur aux mots de la tribu
    Proclamèrent très haut le sortilège bu
    Dans le flot sans honneur de quelque noir mélange.

    Du sol et de la nue hostiles, ô grief !
    Si notre idée avec ne sculpte un bas-relief
    Dont la tombe de Poe éblouissante s'orne

    Calme bloc ici-bas chu d'un désastre obscur,
    Que ce granit du moins montre à jamais sa borne
    Aux noirs vols du Blasphème épars dans le futur.


    Stéphane Mallarmé

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Immense et Rouge

6 Mai 2010, 13:03pm

Publié par vertuchou

Immense et rouge
Au-dessus du Grand Palais
Le soleil d'hiver apparaît
Et disparaît

 

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Comme lui mon coeur va disparaître
Et tout mon sang va s'en aller
S'en aller à ta recherche
Mon amour
Ma beauté
Et te trouver
Là où tu es.

Jacques Prévert

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Deux hommes

5 Mai 2010, 13:01pm

Publié par vertuchou

Deux hommes sont en moi, l'un jeune, l'autre vieux.
Le vieux, c'est ma pensée à qui rien de la vie
Ne cache son mensonge et ne fait plus d'envie,
Et qui doute, inquiet, si la tombe vaut mieux.

Le jeune, c'est ma chair, ma chair inassouvie,
Que j'ai sevrée au temps de l'avril radieux,
Qui demande son dû, qui souffre, et dont les yeux
Réclament l'aube ardente à ses baisers ravie.

D'un long cri de révolte il emplit la maison
Pendant que le vieillard songe, amer et livide;
O douleur ! et je sens que tous deux ont raison.

Et j'en meurs ; car sitôt que l'un, de joie avide,
Peut saisir une coupe, avant qu'il ne la vide,
L'autre y verse un dégoût plus fort que du poison.

Paul Delair

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l'arc en ciel

4 Mai 2010, 08:59am

Publié par vertuchou

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Unreal City

3 Mai 2010, 08:01am

Publié par vertuchou

                        
Under the brown fog of a winter dawn,
A crowd flowed over London Bridge, so many,
I had not thought death had undone so many.
Sighs, short and infrequent, were exhaled,
And each man fixed his eyes before his feet.
Flowed up the hill and down King William Street,
To where Saint Mary Woolnoth kept the hours
With a dead sound on the final stroke of nine.
There I saw one I knew, and stopped him, crying "Stetson !
"You who were with me in the ships at Mylae !                           
"That corpse you planted last year in your garden,
"Has it begun to sprout ? Will it bloom this year ?
"Or has the sudden frost disturbed its bed ?

"Oh keep the Dog far hence, that's friend to men,
"Or with his nails he'll dig it up again!
"You ! hypocrite lecteur ! - mon semblable, - mon frere !"


The Waste Land by T. S. Eliot

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Grodek

2 Mai 2010, 21:58pm

Publié par vertuchou


Vers le soir, les forêts d'automne retentissent

des armes de la mort, les plaines dorées,

les lacs bleus et par-dessus le soleil

encore plus sombre roule ; la nuit enserre

des guerriers mourants, la lamentation sauvage

de leurs bouches en éclat.

Mais en silence s'amoncelle au fond du pâturage

nuée rouge, là vit un dieu coléreux,

le sang est vidé, froid de lune

Toutes les routes débouchent dans la pourriture noire

Sous les rameaux d'or de la nuit et des étoiles,

Vacille l'ombre de la sœur au travers du bois muet

Pour saluer les esprits des héros, les têtes en sang

Et doucement sonnent dans les roseaux les flûtes

obscures de l'automne

Ô deuil plus fier autel d'airain

La flamme chaude de l'esprit nourrit aujourd'hui

une douleur violente,

Les descendants qui ne verront pas le jour.


 

 Georg Trakl


http://www.espritsnomades.com/sitelitterature/trakl/traklgeorg.html

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