Nuages
Quand mon cœur est léger comme un oiseau sauvage,
Il monte dans les cieux, à longs coups d'aile, fier :
Il joue avec la brise et s'accroche aux nuages;
Et son front radieux baigne dans l'azur clair,
Quand mon cœur est léger comme un oiseau sauvage.
Or, mon cœur, étant jeune, était toujours léger;
Il suivait, en chantant, les nuages qui volent;
Il désapprit la terre et ne put voyager
Que les deux poings noués a leurs crinières molles;
Car mon cœur, étant jeune, était toujours léger.
Mais maintenant mon cœur a les ailes meurtries,.
Et, trop lourd pour voler, il rampe et se début,
Il pleure vers le ciel où passent des féeries.
O nuages, mon cœur vous appelle d'en bas;
Mais mon cœur maintenant a les ailes meurtries.
Nuages, descendez, ô frères de mon cœur,
Vous qui mettez au ciel des taches de tristesse,
Des montagnes de rêve et des flots de noirceur !
Déroulez sur mon cœur vos ténèbres épaisses,
Nuages, descendez pour étouffer mon cœur!
Maurice de Noisay