¡Qué lejos por mares, campos y montañas!
Ya otros soles miran mi cabeza cana. Nunca fui a Granada.
Mi cabeza cana, los años perdidos.
Quiero hallar los viejos, borrados caminos.
Nunca vi Granada.
Tant de mers, de champs et de montagnes m'en éloignent
Déjà d'autres soleils regardent ma tête blanche.
Je ne suis jamais allé à Grenade.
Ma tête blanche, les années perdues.
Je veux retrouver les vieux chemins effacés.
Jamais je n'ai vu Grenade.
Dadle un ramo verde de luz a mi mano.
Una rienda corta y un galope largo.
Nunca entré en Granada.
¿Qué gente enemiga puebla sus adarves?
¿Quién los claros ecos libres de sus aires?
Nunca fui a Granada.
Donnez moi un rameau vert de lumière à la main
Une rêne courte et un long galop
Jamais je ne suis entré à Grenade
Quel ennemi peuple ses adarves ?
Quels sont les échos libres de ses vents?
Jamais je ne suis allé à Grenade
¿Quién hoy sus jardines aprisiona y pone
cadenas al habla de sus surtidores?
Nunca vi Granada.
Qui aujourd'hui emprisonne ses jardins et met
des cadenas à la bouche de ses fontaines ?
Jamais je n'ai vu Grenade
Venid los que nunca fuisteis a Granada.
Hay sangre caída, sangre que me llama.
Nunca entré en Granada.
Venez, vous qui n'êtes jamais allé à Grenade
Le sang a coulé, sang qui m'appelle
Jamais, je ne suis entré dans Grenade
Hay sangre caída del mejor hermano.
Sangre por los mirtos y aguas de los patios.
Nunca fui a Granada.
Il y a du sang versé du meilleur frère
Du sang pour les myrtes et les eaux des patios
Jamais je ne suis allé à Grenade
Del mejor amigo, por los arrayanes.
Sangre por el Darro, por el Genil sangre.
Nunca vi Granada.
Du meilleur ami, pour les myrtes
Du sang coulant dans le Darro, et le Genil
Jamais je n'ai vu Grenade.
Si altas son las torres, el valor es alto.
Venid por montañas, por mares y campos.
Entraré en Granada.
Si les tours sont hautes, le courage est supérieur
Arrivez par les montagnes, les mers et les campagnes
J' entrerai à Grenade
.
Rafael Alberti