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Coups de cœur
La lumière jaillira
Claire et blanche un matin
Brusquement devant moi
Quelque part en chemin
Et la reconnaîtrai
Pour l'avoir tant de fois
Chaque jour espérée
Et de la voir si belle
Je connaîtrai pourquoi
J'avais tant besoin d'elle
Et nous nous marierons
Pour n'être qu'un combat
N'être qu'une chanson
Et je l'inviterai
A venir sous mon toit
Pour y tout transformer
Et déjà modifié
Lui avouerai du doigt
Les meubles du passé
Et j'aurai un palais
Tout ne change-t-il pas
Au soleil de juillet?
Et toute ma maison
Assise au feu de bois
Apprendra ses chansons
Parsemant mes silences
De sourires de joie
Qui meurent et recommencent
Qu'éternel voyageur
Mon cœur en vain chercha
Mais qui était en mon cœur
Reculant l'horizon
La lumière jaillira
Et portera ton nom
Souffles
Écoute plus souvent
Les choses que les Êtres
La Voix du Feu s'entend,
Entends la Voix de l'Eau.
Écoute dans le Vent
Le Buisson en sanglots :
C'est le Souffle des ancêtres.
Ceux qui sont morts ne sont jamais partis :
Ils sont dans l'Ombre qui s'éclaire
Et dans l'ombre qui s'épaissit.
Les Morts ne sont pas sous la Terre :
Ils sont dans l'Arbre qui frémit,
Ils sont dans le Bois qui gémit,
Ils sont dans l'Eau qui coule,
Ils sont dans l'Eau qui dort,
Ils sont dans la Case, ils sont dans la Foule :
Les Morts ne sont pas morts.
Écoute plus souvent
Les Choses que les Êtres
La Voix du Feu s'entend,
Entends la Voix de l'Eau.
Écoute dans le Vent
Le Buisson en sanglots :
C'est le Souffle des Ancêtres morts,
Qui ne sont pas partis
Qui ne sont pas sous la Terre
Qui ne sont pas morts.
Ceux qui sont morts ne sont jamais partis :
Ils sont dans le Sein de la Femme,
Ils sont dans l'Enfant qui vagit
Et dans le Tison qui s'enflamme.
Les Morts ne sont pas sous la Terre :
Ils sont dans le Feu qui s'éteint,
Ils sont dans les Herbes qui pleurent,
Ils sont dans le Rocher qui geint,
Ils sont dans la Forêt, ils sont dans la Demeure,
Les Morts ne sont pas morts.
(...)
Birago DIOP
A quoi rêvent les routes ?
A quoi rêvent les routes, sinon de voyager pour leur propre compte ?
Le poème, en définitive, m’apparaît comme une barque détachée de la rive,
et qui plonge imperceptiblement avant d’épouser le fil du courant.
Marc Alyn
Wir danken dir, Gott, wir danken dir
Johann Sebastian Bach, Wir danken dir, Gott, wir danken dir, BWV 29, Collegium vocale, direction Philippe Herreweghe
Ballade finale
Ici se clôt le testament
Et finit du pauvre Villon.
Venez à son enterrement,
Quand vous orrez le carillon,
Vêtus rouge com vermillon,
Car en amour mourut martyr :
Ce jura-t-il sur son couillon
Quand de ce monde vout partir.
Et je crois bien que pas n'en ment,
Car chassé fut comme un souillon
De ses amours haineusement,
Tant que, d'ici à Roussillon,
Brosse n'y a ne brossillon
Qui n'eût, ce dit-il sans mentir,
Un lambeau de son cotillon,
Quand de ce monde vout partir.
Il est ainsi et tellement,
Quand mourut n'avoit qu'un haillon ;
Qui plus, en mourant, malement
L'époignoit d'Amour l'aiguillon ;
Plus aigu que le ranguillon
D'un baudrier lui faisoit sentir
(C'est de quoi nous émerveillon)
Quand de ce monde vout partir.
Prince, gent comme émerillon,
Sachez qu'il fit au départir :
Un trait but de vin morillon,
Quand de ce monde vout partir.
François Villon
J'veux qu'on baise sur ma tombe
A la lumière obscure
Je te croise enfin
Mon dieu que tu es belle
Toi la seule toi l'ultime
Entre les hommes égalité
S'il te plait prends ma main
Ne te fais plus attendre
Il est temps de s'étreindre
De s'éteindre
Une dernière cigarette
Les guerriers de la route avaient pourtant prédit
La mort ou la naissance
Ca dépend du c?ur
Au soleil qui s'incline
Allez finissons en
Et laissons s'accomplir le firmament
Plongé dans l'infini dans le gouffre sacré
De Katagena
Me noyer à jamais
Et puis quitter ce monde sans pudeur ni morale
Jveux qu'on baise sur ma tombe
Jveux qu'on baise sur ma tombe
Que la grâce s'accomplisse
Immortelle jouissance
Que les femme s'unisse dans un parfait accord
Rien que pour un instant
L'éphémère devienne
Eternité
J'aurais aimé t'aimer
Comme on aime le soleil
Te dire que le monde est beau
Que c'est beau d'aimer
J'aurais aimer t'écrire
Le plus beau des poèmes
Et construire un empire
Juste pour ton sourire
Devenir le soleil
Pour sécher tes sanglots
Et faire battre le ciel
Pour un futur plus beau
Mais c'est plus fort que moi
Tu vois je n'y peux rien
Ce monde n'est pas pour moi
Ce monde n'est pas le mien
Au revoir mes amis
Au revoir mes frères
Au revoir mon pays
A nous deux la lumière
Au revoir Franckie
Au revoir les printemps
Au revoir pauvre monde
A nous deux satan
Au revoir mes amis
Au revoir mes frères
Au revoir mon pays
A nous deux la lumière.
Damien Saez
Conversation avec la pierre
Je frappe à la porte de la pierre
”C’est moi, laisse-moi entrer.
je viens te voir, te visiter
sentir ton souffle”
”Va-t-en, dit la pierre
Je suis fermée à clé.
Même brisée en morceaux
nous resterons toujours fermés,
même réduite en sable
nous ne laisserons entrer personne.”
Je frappe à la porte de la pierre.
”C’est moi, laisse-moi entrer.
Je viens par simple curiosité
et la vie est l’unique occasion.
Je voudrais seulement me promener dans ton palais
avant d’aller visiter la feuille et la goutte d’eau.
Je n’ai pas beaucoup de temps
car je n’ai qu’une vie.
- Je suis faite de pierre, dit la pierre.
Je dois rester sérieuse. Va-t-en,
tu vois bien que je n’ai pas les muscles du rire.
Je frappe à la porte de la pierre
- C’est moi, laisse-moi entrer.
On dit qu’il y a chez toi des grandes salles vides
majestueuses et sans bruit de pas
que personne n’a jamais vu.
Avoue que tu ne les connais pas toi-même.
-De grandes salles vides c’est vrai
mais il n’y a pas de place, dit la pierre.
Belles, peut-être
mais pas d’une beauté perceptible à tes sens.
Tu peux me savoir, mais jamais me connaître.
Tu me vois en apparence mais pas dans mon essence
Je frappe à la porte de la pierre
- C’est moi, laisse-moi entrer.
Je te promets de ne pas m’éterniser pas chez toi
ni prendre refuge
Je ne suis pas malheureuse et j’ai un domicile.
Et puis le monde vaut la peine qu’on y retourne.
J’entrerai chez toi et ressortirai les mains vides
sans toucher à rien.
Comme preuve de ma visite
j’écrirai seulement quelques mots
et d’ailleurs personne ne me croira.
- Tu n’entreras pas, dit la pierre.
Tu n’as pas le sens du partage
et aucun autre sens ne peut le remplacer
pas même la clairvoyance de l’au-delà.
Tu n’entreras pas,
tu ne connais pas le partage
tu n’en a qu’une image lointaine.
Je frappe à la porte de la pierre
- C’est moi, laisse-moi entrer.
Je ne peux pas attendre deux mille siècles
pour venir chez toi.
- Si tu ne me crois pas, dit la pierre
demande à la feuille, elle te dira la même chose,
et la goutte d’eau te dira comme la feuille.
Tu peux même demander à un cheveu de ta tête, si tu veux.
Tu me fais rire, tiens. D’un immense éclat de rire
comme si j’avais appris à rire.
Je frappe à la porte de la pierre
- C’est moi, laisse-moi entrer.
- Je n’ai pas de porte, dit la pierre.
Wislawa Szymborska
Orchid
Air de la princesse d'Orange
Viens, ô toi que j’adore.
Ton pas est plus joyeux
Que le vent des cieux ;
Viens, les yeux de l’aurore
Sont divins, mais tes yeux
-Me regardent mieux.
Avril, c’est la jeunesse.
Viens, sortons, la maison,
L’enclos, la prison,
Le foyer, la sagesse,
N’ont jamais eu raison
Contre la saison.
Pour peu que tu le veuilles,
Nous serons heureux ; vois,
L’aube est sur les toits,
Et l’eau court sous les feuilles,
Et l’oh entend des voix
Du ciel dans les bois.
Toutes les douces choses,
L’hirondelle au retour
Dans la vieille tour,
Les chansons et les roses
Et la clarté du jour,
Sont faites d’amour.
Aimer, c’est lâ première
Des lois du Dieu clément ;
Le bois est charmant ;
Et c’est de la lumière ;
Et c’est du firmament
Qu’on fait en aimant.
Belle, à la mort tout change ;
Le ciel s’ouvre, embaumé,
Superbe, enflammé,
Et nous dit : viens ! sois ange !
Mais qui n’a pas aimé
Le trouve fermé.
28 mai 1857. Guernesey.
Victor Hugo