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Vertuchou.over-blog.com

Le langage articulé

30 Avril 2016, 03:08am

Publié par vertuchou

Le langage articulé n'est pas une manière propre à épouser le désir - je veux dire :

la langue orale, les paroles volantes - le poème au contraire se moule sur le corps,

le poème est proche de la voix, de la peau.

Camille Laurens, Dans ses bras-là

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Les lilas

29 Avril 2016, 03:03am

Publié par vertuchou

Je rêve et je me réveille
Dans une odeur de lilas
De quel côté du sommeil
T'ai-je ici laissé ou là

Je dormais dans ta mémoire
Et tu m'oubliais tout bas
Ou c'était l'inverse histoire
Etais-je où tu n'étais pas

Je me rendors pour t'atteindre
Au pays que tu songeas
Rien n'y fait que fuir et feindre
Toi tu l'as quitté déjà

Dans la vie ou dans le songe
Tout a cet étrange éclat
Du parfum qui se prolonge
Et d'un chant qui s'envola

O claire nuit jour obscur
Mon absente entre mes bras
Et rien d'autre en moi ne dure
Que ce que tu murmuras


Louis Aragon

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La lune

28 Avril 2016, 03:05am

Publié par vertuchou

Nicolas de Stael, La lune, 1953

Nicolas de Stael, La lune, 1953

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L'invitation au voyage

27 Avril 2016, 04:33am

Publié par vertuchou

Mon enfant, ma soeur,
Songe à la douceur
D'aller là-bas vivre ensemble !
Aimer à loisir,
Aimer et mourir
Au pays qui te ressemble !
Les soleils mouillés
De ces ciels brouillés
Pour mon esprit ont les charmes
Si mystérieux
De tes traîtres yeux,
Brillant à travers leurs larmes.


Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.

Des meubles luisants,
Polis par les ans,
Décoreraient notre chambre ;
Les plus rares fleurs
Mêlant leurs odeurs
Aux vagues senteurs de l'ambre,
Les riches plafonds,
Les miroirs profonds,
La splendeur orientale,
Tout y parlerait
À l'âme en secret
Sa douce langue natale.

Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.

Vois sur ces canaux
Dormir ces vaisseaux
Dont l'humeur est vagabonde ;
C'est pour assouvir
Ton moindre désir
Qu'ils viennent du bout du monde.
- Les soleils couchants
Revêtent les champs,
Les canaux, la ville entière,
D'hyacinthe et d'or ;
Le monde s'endort
Dans une chaude lumière.

Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté .


Charles Baudelaire

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Qui sait...

26 Avril 2016, 03:13am

Publié par vertuchou

Qui sait ce qui arrive ne sait rien
Qui ne sait pas ce qui arrive n'en sait pas davantage

Raymond Godefroy

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la possibilité d'une île

25 Avril 2016, 03:44am

Publié par vertuchou

Ma vie, ma vie, ma très ancienne
Mon premier voeu mal refermé
Mon premier amour infirmé,
Il a fallu que tu reviennes.

Il a fallu que je connaisse
Ce que la vie a de meilleur,
Quand deux corps jouent de leur bonheur
Et sans fin s'unissent et renaissent.

Entré en dépendance entière,
Je sais le tremblement de l'être
L'hésitation à disparaître,
Le soleil qui frappe en lisière

Et l'amour, où tout est facile,
Où tout est donné dans l'instant ;
Il existe au milieu du temps
La possibilité d'une île.

Michel Houellebecq

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Fantasie chromatique et fugue

24 Avril 2016, 03:05am

Publié par vertuchou

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Haiku

23 Avril 2016, 04:34am

Publié par vertuchou

Rien d'autre aujourd'hui
que d'aller dans le printemps
   rien de plus

Yosa Buson

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Puis, dans la brève hésitation

22 Avril 2016, 02:43am

Publié par vertuchou

Puis, dans la brève hésitation que nous marquâmes l’un et l’autre avant de repartir,

nos épaules se touchèrent, s’effleurèrent presque consciemment,

s’abandonnèrent l’une à l’autre,

il était impossible que ce fût fortuit, nos regards se croisèrent encore

et je sus alors avec certitude qu’elle aussi avait été consciente

de ce nouveau contact secret entre nous, comme une ébauche,

la rapide esquisse de l’étreinte plus complète, de nouveau différée,

qui ne tarderait plus.

Jean-Philippe Toussaint, Fuir

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La rapidité des nuages

21 Avril 2016, 03:27am

Publié par vertuchou

Le lit, la vitre auprès, la vallée, le ciel,
La magnifique rapidité de ces nuages.
La griffe de la pluie sur la vitre, soudain,
Comme si le néant paraphait le monde.

Dans mon rêve d'hier
Le grain d'autres années brûlait par flammes courtes
Sur le sol carrelé, mais sans chaleur.
Nos pieds nus l'écartaient comme une eau limpide.

Ô mon amie,
Comme était faible la distance entre nos corps !
La lame de l'épée du temps qui rôde
Y eût cherché en vain le lieu pour vaincre.

Yves Bonnefoy

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