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Ballade à la lune

10 Avril 2017, 03:00am

Publié par vertuchou

C'était, dans la nuit brune,
Sur le clocher jauni,
La lune
Comme un point sur un i.

Lune, quel esprit sombre
Promène au bout d'un fil,
Dans l'ombre,
Ta face et ton profil ?

Es-tu l'oeil du ciel borgne ?
Quel chérubin cafard
Nous lorgne
Sous ton masque blafard ?

N'es-tu rien qu'une boule,
Qu'un grand faucheux bien gras
Qui roule
Sans pattes et sans bras ?

Es-tu, je t'en soupçonne,
Le vieux cadran de fer
Qui sonne
L'heure aux damnés d'enfer ?

Sur ton front qui voyage.
Ce soir ont-ils compté
Quel âge
A leur éternité ?

Est-ce un ver qui te ronge
Quand ton disque noirci
S'allonge
En croissant rétréci ?

Qui t'avait éborgnée,
L'autre nuit ? T'étais-tu
Cognée
A quelque arbre pointu ?

Car tu vins, pâle et morne
Coller sur mes carreaux
Ta corne
À travers les barreaux.

Va, lune moribonde,
Le beau corps de Phébé
La blonde
Dans la mer est tombé.

Tu n'en es que la face
Et déjà, tout ridé,
S'efface
Ton front dépossédé.

Rends-nous la chasseresse,
Blanche, au sein virginal,
Qui presse
Quelque cerf matinal !

Oh ! sous le vert platane
Sous les frais coudriers,
Diane,
Et ses grands lévriers !

Le chevreau noir qui doute,
Pendu sur un rocher,
L'écoute,
L'écoute s'approcher.

Et, suivant leurs curées,
Par les vaux, par les blés,
Les prées,
Ses chiens s'en sont allés.

Oh ! le soir, dans la brise,
Phoebé, soeur d'Apollo,
Surprise
A l'ombre, un pied dans l'eau !

Phoebé qui, la nuit close,
Aux lèvres d'un berger
Se pose,
Comme un oiseau léger.

Lune, en notre mémoire,
De tes belles amours
L'histoire
T'embellira toujours.

Et toujours rajeunie,
Tu seras du passant
Bénie,
Pleine lune ou croissant.

T'aimera le vieux pâtre,
Seul, tandis qu'à ton front
D'albâtre
Ses dogues aboieront.

T'aimera le pilote
Dans son grand bâtiment,
Qui flotte,
Sous le clair firmament !

Et la fillette preste
Qui passe le buisson,
Pied leste,
En chantant sa chanson.

Comme un ours à la chaîne,
Toujours sous tes yeux bleus
Se traîne
L'océan montueux.

Et qu'il vente ou qu'il neige
Moi-même, chaque soir,
Que fais-je,
Venant ici m'asseoir ?

Je viens voir à la brune,
Sur le clocher jauni,
La lune
Comme un point sur un i.

Peut-être quand déchante
Quelque pauvre mari,
Méchante,
De loin tu lui souris.

Dans sa douleur amère,
Quand au gendre béni
La mère
Livre la clef du nid,

Le pied dans sa pantoufle,
Voilà l'époux tout prêt
Qui souffle
Le bougeoir indiscret.

Au pudique hyménée
La vierge qui se croit
Menée,
Grelotte en son lit froid,

Mais monsieur tout en flamme
Commence à rudoyer
Madame,
Qui commence à crier.

" Ouf ! dit-il, je travaille,
Ma bonne, et ne fais rien
Qui vaille;
Tu ne te tiens pas bien. "

Et vite il se dépêche.
Mais quel démon caché
L'empêche
De commettre un péché ?

" Ah ! dit-il, prenons garde.
Quel témoin curieux
Regarde
Avec ces deux grands yeux ? "

Et c'est, dans la nuit brune,
Sur son clocher jauni,
La lune
Comme un point sur un i.

Alfred de Musset

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Quoique je te perde de vue

9 Avril 2017, 02:57am

Publié par vertuchou

Quoique je te perde de vue à travers les arbres, je n'ai pas besoin de te voir
pour te retrouver ; quelque chose de toi que je ne puis dire reste pour moi
dans l'air où tu passes, sur l'herbe où tu t'assieds.
Lorsque je t'approche, tu ravis tous mes sens. L'azur du ciel est moins beau
que le bleu de tes yeux; le chant des bengalis, moins doux que le son de ta voix.
Si je te touche seulement du bout du doigt, tout mon corps frémit de plaisir.

Jacques-Henri Bernardin de Saint-Pierre, Paul et Virginie

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Berceuse pour les Ours qui ne sont pas là

8 Avril 2017, 02:54am

Publié par vertuchou

    Oursi Ourson Ourzoula
    Je voudrais que tu sois là
    Que tu frappes à la porte
    Et tu me dirais c'est moi
    Devine ce que j'apporte
    Et tu m'apporterais toi.

    C'est dimanche il est 8 heures
    Et je ne veux pas sortir
    Et je m'ennuie à mourir
    Alors je t'écris mon ange
    Une chanson du dimanche
    Une chanson pas très drôle
    Mais on y ajoutera
    Mardi soir un grand couplet
    Viens dormir sur mon épaule
    Et on ne dormira pas.

    Boris Vian

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« Alla Turca » ou « Marche turque ».

7 Avril 2017, 02:57am

Publié par vertuchou

Wolfgang Amadeus Mozart,, 3ème mouvement dit « Alla Turca » ou « Marche turque ».de la Sonate pour piano n° 11 en la majeur, K. 331.

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O, si chère de loin ...

6 Avril 2017, 02:48am

Publié par vertuchou

Ô si chère de loin et proche et blanche, si
Délicieusement toi, Méry, que je songe
À quelque baume rare émané par mensonge
Sur aucun bouquetier de cristal obscurci  .
Le sais-tu, oui ! pour moi voici des ans, voici
Toujours que ton sourire éblouissant prolonge
La même rose avec son bel été qui plonge
Dans autrefois et puis dans le futur aussi.  
Mon cœur qui dans les nuits parfois cherche à s’entendre
Ou de quel dernier mot t’appeler le plus tendre
S’exalte en celui rien que chuchoté de sœur  
N’était, très grand trésor et tête si petite,
Que tu m’enseignes bien toute une autre douceur
Tout bas par le baiser seul dans tes cheveux dite.

Stéphane Mallarmé

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Dans un poème ou dans un conte

5 Avril 2017, 03:42am

Publié par vertuchou


Dans un poème ou dans un conte, le sens n'importe guère ;

ce qui importe, c'est ce que créent dans l'esprit du lecteur

telles ou telles paroles dites dans tel ordre ou selon telle cadence.

Jorge Luis Borges

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Tard dans la vie

4 Avril 2017, 02:37am

Publié par vertuchou

Je suis dur
je suis tendre
Et j'ai perdu mon temps
À rêver sans dormir
À dormir en marchant
Partout où j'ai passé
J'ai trouvé mon absence
je ne suis nulle part
Excepté le néant
je porte accroché au plus haut des entrailles
À la place où la foudre a frappé trop souvent
Un cœur où chaque mot a laissé son entaille
Et d'où ma vie s'égoutte au moindre mouvement

Pierre Reverdy

 

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Grand Motet

3 Avril 2017, 02:56am

Publié par vertuchou

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Les corbeaux

2 Avril 2017, 02:44am

Publié par vertuchou

Seigneur, quand froide est la patrie,
Quand, dans les hameaux abattus,
Les longs angélus se sont tus…
Sur la nature défleurie
Faites s’abattre des grands cieux
Les chers corbeaux délicieux.

Armée étrange aux cris sévères,
Les vents froids attaquent vos nids !
Vous, le long des fleuves jaunis,
Sur les routes aux vieux calvaires,
Sur les fossés et sur les trous
Dispersez-vous, ralliez-vous !

Par milliers, sur les champs de France,
Où dorment les morts d’avant-hier,
Tournoyez, n’est-ce pas, l’hiver,
Pour que chaque passant repense !
Sois donc le crieur du devoir,
Ô notre funèbre oiseau noir !

Mais, saints du ciel, en haut du chêne,
Mât perdu dans le soir charmé,
Laissez les fauvettes de mai
Pour ceux qu’au fond du bois enchaîne,
Dans l’herbe d’où l’on ne peut fuir,
La défaite sans avenir.


Arthur Rimbaud

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Tu pourrais dormir avec moi

1 Avril 2017, 03:39am

Publié par vertuchou

- Tu pourrais dormir avec moi cette nuit ? proposa alors le jeune homme.

Demain tu  ne travailles pas…

Il saisit sa main petite et froide et la porta à ses lèvres. Il regardait tout à coup  sa bien-aimée comme un être vulnérable qu’il fallait aimer plus que tout au monde. Sonia s’est hissée sur la pointe des pieds et l’embrassait dans le cou. Elle était si menue et lui si grand, si massif, qu’ils auraient dû avoir du mal à marcher l’un contre l’autre, et pourtant leurs pas s’ajustaient à merveille.

 

Sophie Avon, Les amoureux

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