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Vertuchou.over-blog.com

Tête de faune

18 Février 2019, 02:45am

Publié par vertuchou

Dans la feuillée, écrin vert taché d'or,
Dans la feuillée incertaine et fleurie
De fleurs splendides où le baiser dort,
Vif et crevant l'exquise broderie,

Un faune effaré montre ses deux yeux
Et mord les fleurs rouges de ses dents blanches.
Brunie et sanglante ainsi qu'un vin vieux,
Sa lèvre éclate en rires sous les branches.

Et quand il a fui - tel qu'un écureuil -
Son rire tremble encore à chaque feuille,
Et l'on voit épeuré par un bouvreuil
Le Baiser d'or du bois, qui se recueille

Arthur Rimbaud

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La poésie est le miroir brouillé

17 Février 2019, 02:38am

Publié par vertuchou

La poésie est le miroir brouillé de notre société. Et chaque poète souffle sur ce miroir : son haleine différemment l'embue.

Louis Aragon

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Fiche de police

16 Février 2019, 02:30am

Publié par vertuchou

Pour Pierre Seghers

 

 

Il y avait ton cœur fermé

ton cœur ouvert

ton cœur de feu couvert

tes cheveux pour filer entre les doigts

pour verser leur sable sur mon sommeil

et pour enchanter la fatigue

tes cheveux comme un treillage entre le regard et les

   vignes qui flambent

tes cheveux de luisant et de sorgue

tes yeux avec la halte à l’ombre

et la colonne de froid sur le puits

tes yeux les anémones ouvertes dans la mer

tes yeux pour plonger droit dans les vaucluses

et dérober leurs paillettes aux fontaines

tes yeux sur les averses qui volent sur les ardoises

tes bras pour les bras tendus

pour le geste cueillant le linge qui sèche

pour tenir la moisson de toile contre ta poitrine

pour maintenir la maison de souvenirs contre le vent

tes bras pour touiller les bassines de confiture

tes seins les dunes d’un beau soir

tes seins pour les paumes calleuses au retour du travail

- mais sais-tu les meules qui se prêtent se creusent

quand il faut le repos

- sais-tu le nez dans les sources d’herbe

quand la marinière trempe de buée sa chanson –

tes seins pour bander

tes mains – pavots qui apprivoisent l’insomnie

tes mains pour les mains nouées et les promesses scellées

tes mains pour tendre les tartines

tes mains pour toucher ton amour

tes hanches comme la péniche pleine

comme l’amphore épousée par les doigts de haut en bas

ton ventre pour les tabliers bleus du matin

et les gaines soyeuses des minuits de luxe

ton ventre la pleine joie de la pleine mer

ton ventre de houle

tes cuisses de flandre

ton sillage de carène heureuse et de menthe volée

ton odeur de servante jeune et de pain bis

ton odeur de vachère et de jachère en avril

ton odeur de renoir et d’auberge calme

ta peau de santé le slalom nègre sur la pente des étés

tes robes de bouquets aux crayons de couleurs

sur un vieux cahier d’école

tes robes en dimanche tes robes de bonjour

tes matinées au lit comme une nage facile par la grande baie

 

   des fougères

ton envie comme une salve qui salue la rade où brûlent mille

 

   rochelles

et l’argent des avirons

- et te voici dressée, plantée sur ton plaisir et qui délires –

ton envie le suc qui éclate de la figue mûre

ta voix venue des châteaux en Bavière

ta voix qui étonne les légendes dissimulées

ta bouche pour dire oui

ta salive à boire

ton sourire d’enfance retrouvée.

 

 

   Il y avait ce plus secret de toi

ce blond de toi épanouie

l’étoile de mer encore humide entre deux désirs.

 

 

   Il y avait ton attente la première permission

du soldat à la guerre

ton souvenir – et c’est la pluie qui bat tiède

contre les volets clos de la mémoire

ton souvenir à inventer

- mais jamais toi tenue certaine

au midi du bonheur

et pourtant quelques-uns t’ont vue en plein jour

ou derrière leurs poèmes

tu es plus vieille que la peine du monde

et plus neuve que la joie de vivre

c’est toi que les hommes ont toujours voulue

dans leur faim de tendresse

au bout des jours au bout des routes

celle qu’ils ont appelée la veille de la chaise électrique

ou du peloton d’exécution

pour qui tous ont trahi leur plus franche parole

et tenu leurs plus dérisoires serments

celle qui embrassait trop tard les gars punis

avant la fosse commune ou les croix de bois.

 

   Il me reste à te donner un nom

   à te donner vie

   il me reste surtout à te rencontrer

   comme les mains émerveillées de l’aveugle

   trouvent la présence du soleil

   sur un pan de mur.

André Hardellet

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Sonate Battalla Barabaso yerno de Satanas

15 Février 2019, 02:35am

Publié par vertuchou

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L'amour est toujours aveugle aux fautes

14 Février 2019, 02:14am

Publié par vertuchou

L'amour est toujours aveugle aux fautes;
Toujours enclin à être joyeux,
Sans-loi, libre et ailé,
Il brise toutes les chaînes de chaque esprit

Le mensonge est aliéné au secret,
Légitimé, prudent et raffiné ;
Aveugle à tout sauf à son intérêt,
Il forge des fers pour l'esprit

William Blake

traduit par Alain Suied

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Aujourd'hui mon amour

13 Février 2019, 02:33am

Publié par vertuchou

Aujourd'hui mon amour je suis trop fatigué pour t'écrire. Tu trouveras dans ton cœur une lettre de plusieurs pages, remplie de silence. Lis-la lentement. La lumière de ce jour l'a écrite en mon nom. Il n'y est question que de toi et de ce repos qui me vient chaque fois que je tourne mon visage vers ton visage, là-bas, à plusieurs centaines de kilomètres…

Christian Bobin, L'éloignement du Monde

 

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Le fleuve est un étranger et tu es mon amour

12 Février 2019, 02:27am

Publié par vertuchou

L’étranger le fleuve — Elle a dit
Et elle s’est préparée à chanter.
Nous n'avons pas essayé le langage de l'amour, ni abordé
en vain le fleuve.
La nuit m'est venue avec son mouchoir
Et il ne m'est jamais venu de nuit comme cette nuit.
J'ai alors fait offrande de mon sang aux prophètes,
Qu'ils meurent à notre place…
Que nous restions une heure encore sur le trottoir des
étrangers
Et elle s'est préparée à chanter.

Nous sommes seuls à l’instant des amants.
Fleurs sur l’eau
Et traces de pas sur l’eau.
Où irons-nous ?
Pour la gazelle, le vent et la lance. Je suis le couteau et la
plaie.
Où irons-nous ?
Voici la liberté jolie,
Tes yeux et des pays posés sur une lucarne
Dans ma veine coupée.
Où irons-nous, oiselle en feu ?
Pour la gazelle, le vent et la lance.
Et pour le poète, des temps qui viendront plus élevés que
l'eau et moins que les cordes des potences.
Où irons-nous, oiselle de l'exil ?
Je n'ai pas dit adieu. Je viens de faire mes adieux à la
planète Terre.
Avec moi, tu es rencontre permanente d'un adieu l'autre
Et je témoigne que l'amour est pareil au trépas.
Il advient au moment où tu n'attends pas cet amour.
Ne m'attends donc pas…

Mahmoud Darwich

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Clair de lune

11 Février 2019, 02:00am

Publié par vertuchou

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La fleur parfaite

10 Février 2019, 02:50am

Publié par vertuchou

La fleur parfaite est chose rare.
On pourrait passer sa vie
à en chercher une,
et ce ne serait pas une vie gâchée.

Katsumoto

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Le poète est le véhicule

9 Février 2019, 02:37am

Publié par vertuchou

Le poète est le véhicule, le médium naturel de forces inconnues qui le manœuvrent, profitent de sa pureté pour se répandre par le monde.

Jean Cocteau

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