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Coups de cœur
Le dit des ribauds de Grève
Ribauds, vous êtes bien à l’aise
les arbres dépouillent leurs branches
et vous n’avez aucun habit,
vous en aurez froid à vos hanches.
Qu’ils vous serviraient, les pourpoints
et les surcots fourrés à manche !
Vous allez en été si vifs
et en hiver si engourdis !
Vos souliers n’ont besoin de graisse :
vos talons, ce sont vos semelles.
Vous ont piqués, les noires mouches ;
maintenant piqueront les blanches.
Rutebeuf
Dans quelques jours, il arrivera
Dans quelques jours, il arrivera, il tendra de nouveau les bras vers elle, et quand il les aura fermés, cette fois-ci, il ne les rouvrira plus.
Marie appuie contre l'arbre sa joue d'abord, puis tout son corps. L'écorce est rude et fraîche contre la peau de son visage. Elle ferme les yeux. Elle est heureuse d'être Marie et d'être femme, de s'être couchée devant Jean, de s'être ouverte devant lui pour recevoir le dur plaisir et la vie chaude qui est restée en elle ; heureuse d'être le terrain miraculeux où il sema cette graine qui a germé et qui pousse, jusqu'au jour où la moisson mûre la quittera en la déchirant de joie et de sang.
René Barjavel
J'écoute
J’écoute le bruit que fait la nuit
quand elle éreinte le cœur
J’écoute le frisson que produit le temps
quand il traverse la chair
J’écoute la fissure qui s’ouvre
entre mes os froissés
J’écoute la flambée du sang
dans la cheminée de l’âme
J’écoute les cris de la peau
qui s’effarouche sous les caresses
J’écoute les vagues en furie
qui trahissent la colère
J’écoute les promesses impures
que font les mots dans le noir
J’écoute les griffures de l’ongle
sur l’épaule qu’il adore
J’écoute le roulis de la langue
sous l’autre langue absente
J’écoute le clapot du désir
qui dérive entre mes jambes
J’écoute la joie qui monte
de la fontaine secrète
J’écoute le craquement du silence
dans la voix de l’oiseau
J’écoute le murmure indécent
dont s’enrobe le destin.
Adeline Baldacchino
Spartacus
Et moi, tu m’as oubliée
Et moi, tu m’as oubliée.
Telle la pomme savoureuse,
Rouge au bout même de la branche,
Là-haut, sur la plus haute branche.
Ah ! les cueilleurs l’ont oubliée.
Non, ils ne l’ont pas oubliée,
Ils n’ont pas pu y arriver.
Sapho
Belle
Belle dont j’aime les yeux bruns
montre-moi ton visage, je suis venu le voir
on dit que ta chair est un remède à la peine
est-ce vrai mon amour, je suis venu pour le savoir
Je me mets à pleurer dès que je m’éveille
le jour de mes rêves la nuit de mes songes.
Je suis venu, mon amour, pour briser les ailes
des oiseaux qui volent au-dessus de toi.
On m’a dit que tes amants ne rient jamais
et pleurent tans qu’ils ne peuvent essuyer leurs larmes
celui qui t’étreint une fois ne meurt pas m’a-t-on dit
est-ce vrai mon amour je suis venu t’étreindre
Je me suis donné entier à ta taille gracile
que mon âme adore la douceur de tes mots
je suis l’amant qui sur la vigne de ton visage
s’en est venu cueillir tes roses rouges.
O mal d’amour dit Karadja-Oghlan
enfant d’ange aux cieux, sur terre enfant d’homme
je t’ai dit la vérité
je suis venu entrer dans ta couche.
Karadja-Oghlan
L'art et la poésie
L'art est né d'un sentiment de révolte,
La poésie d'un sentiment d'amour.
René-Guy Cadou
Qui craint un amour
Qui craint
un amour naissant
doit fuir
pour toujours
Partir loin
dans la nuit
sans avoir connu
un corps à corps
accord parfait
par la chair
union
par la passion
#JourSansE