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Caerulei oculi

11 Avril 2019, 14:15pm

Publié par vertuchou

Une femme mystérieuse,
Dont la beauté trouble mes sens,
Se tient debout, silencieuse,
Au bord des flots retentissants.

Ses yeux, où le ciel se reflète,
Mêlent à leur azur amer,
Qu'étoile une humide paillette,
Les teintes glauques de la mer.

Dans les langueurs de leurs prunelles,
Une grâce triste sourit ;
Les pleurs mouillent les étincelles
Et la lumière s'attendrit ;

Et leurs cils comme des mouettes
Qui rasent le flot aplani,
Palpitent, ailes inquiètes,
Sur leur azur indéfini.

Comme dans l'eau bleue et profonde,
Où dort plus d'un trésor coulé,
On y découvre à travers l'onde
La coupe du roi de Thulé.

Sous leur transparence verdâtre,
Brille parmi le goémon,
L'autre perle de Cléopâtre
Prés de l'anneau de Salomon.

La couronne au gouffre lancée
Dans la ballade de Schiller,
Sans qu'un plongeur l'ait ramassée,
Y jette encor son reflet clair.

Un pouvoir magique m'entraîne
Vers l'abîme de ce regard,
Comme au sein des eaux la sirène
Attirait Harald Harfagar.

Mon âme, avec la violence
D'un irrésistible désir,
Au milieu du gouffre s'élance
Vers l'ombre impossible à saisir.

Montrant son sein, cachant sa queue,
La sirène amoureusement
Fait ondoyer sa blancheur bleue
Sous l'émail vert du flot dormant.

L'eau s'enfle comme une poitrine
Aux soupirs de la passion ;
Le vent, dans sa conque marine,
Murmure une incantation.

" Oh ! viens dans ma couche de nacre,
Mes bras d'onde t'enlaceront ;
Les flots, perdant leur saveur âcre,
Sur ta bouche, en miel couleront.

" Laissant bruire sur nos têtes,
La mer qui ne peut s'apaiser,
Nous boirons l'oubli des tempêtes
Dans la coupe de mon baiser. "

Ainsi parle la voix humide
De ce regard céruléen,
Et mon coeur, sous l'onde perfide,
Se noie et consomme l'hymen.


Théophile Gautier

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Dés lors sa bouche

10 Avril 2019, 02:48am

Publié par vertuchou

Dés lors sa bouche accolée à celle de Nil, comme si c'était de cette bouche qu'elle tenait le souffle et la vie, Angiolina se montrait insatiable, et Nil ne s'en lasse pas, lui non plus, de se désaltérer à la fraîcheur gourmande de cette langue balsamique. Les bras autour du cou de Nil, pareils à une corolle enchantée, les yeux ouverts, Angiolina regarde le ciel.

Gabriel Matzneff, Ivre du vin perdu

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La chanson de Tessa

9 Avril 2019, 02:26am

Publié par vertuchou

Reste ici bas mon coeur fidèle
Si tu t'en vas la vie est ma peine éternelle

Si tu meurs les oiseaux se tairont pour toujours
Si tu es froide aucun soleil ne brûlera
Au matin la joie de l'aurore
Ne la verra plus mes yeux
Tout autour de la tombe
Les rosiers épanouis
Laisseront pendre et flétrir les fleurs
La beauté mourra avec toi
Mon seul amour

Si je meurs les oiseux ne se tairont qu'un soir
Si je meurs pour une autre un jour tu m'oublieras
De nouveau la joie de vivre
Alors lavera ton regard
Au matin tu verras
La montagne illuminée
Sur ma tombe t'offrir mille fleurs
La beauté revivra sans moi
Mon seul amour

Jean Giraudoux

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Impromptu n°3

8 Avril 2019, 02:22am

Publié par vertuchou

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Sous la lune du soir

7 Avril 2019, 02:19am

Publié par vertuchou

Sous la lune du soir
L’escargot
Torse nu.


Kobayashi Issa

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La poésie n'est pas un divertissement

6 Avril 2019, 02:15am

Publié par vertuchou

La poésie n'est pas un divertissement, ni une forme d'art. C'est plutôt notre objectif en tant qu'espèce. Alors que la parole est ce qui nous différencie au sein du monde animal, la poésie est la forme la plus haute de la parole, elle est pour ainsi dire notre distinction génétique. En refusant cela, nous nous condamnons à réduire les formes de communication, que ce soit la politique, les affaires, etc. La poésie est également un accélérateur colossal d’esprit pour le lecteur et l’écrivain. Vous trouvez des connexions et des causations que vous ne saviez pas existées, dans la langue, dans la parole. C'est un instrument de cognition unique. -

Joseph Brodsky

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Le rêve d'Eurydice

5 Avril 2019, 02:12am

Publié par vertuchou

Nous creuserons de nouveaux sillons que nous couvrirons de cendre.
Nous verrons mourir le vent qui charrie l'oubli.
J'aurai des pommes dans ma poche volées à plus pauvre que moi.
Nous les pèlerons avec des épées.
Et avec les restes de nos rêves
nous en bâtirons d'autres
par-delà les feux
et la frontière du regard.


Aurélia Lassaque

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"Chaconne" pour violon et orchestre

4 Avril 2019, 02:05am

Publié par vertuchou

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Puisqu'ici-bas toute âme

3 Avril 2019, 02:22am

Publié par vertuchou

Puisqu'ici-bas toute âme
Donne à quelqu'un
Sa musique, sa flamme,
Ou son parfum ;

Puisqu'ici toute chose
Donne toujours
Son épine ou sa rose
A ses amours ;

Puisqu'avril donne aux chênes
Un bruit charmant ;
Que la nuit donne aux peines
L'oubli dormant ;

Puisque l'air à la branche
Donne l'oiseau ;
Que l'aube à la pervenche
Donne un peu d'eau ;

Puisque, lorsqu'elle arrive
S'y reposer,
L'onde amère à la rive
Donne un baiser ;

Je te donne, à cette heure,
Penché sur toi,
La chose la meilleure
Que j'aie en moi !

Reçois donc ma pensée,
Triste d'ailleurs,
Qui, comme une rosée,
T'arrive en pleurs !

Reçois mes voeux sans nombre,
Ô mes amours !
Reçois la flamme ou l'ombre
De tous mes jours !

Mes transports pleins d'ivresses,
Purs de soupçons,
Et toutes les caresses
De mes chansons !

Mon esprit qui sans voile
Vogue au hasard,
Et qui n'a pour étoile
Que ton regard !

Ma muse, que les heures
Bercent rêvant,
Qui, pleurant quand tu pleures,
Pleure souvent !

Reçois, mon bien céleste,
Ô ma beauté,
Mon coeur, dont rien ne reste,
L'amour ôté !

Victor Hugo

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Le visage clair de Daisy

2 Avril 2019, 02:22am

Publié par vertuchou

Le visage clair de Daisy se levait lentement vers lui, et il sentait son cœur battre de plus en plus vite. Il savait qu'au moment où il embrasserait cette jeune fille, au moment où ses rêves sublimes épouseraient ce souffle fragile, son esprit perdrait à jamais l'agilité miraculeuse de l'esprit de Dieu. Il avait alors attendu, écouté encore un moment la vibration du diapason qui venait de heurter une étoile, puis il l'avait embrassé, et à l'instant précis où ses lèvres touchaient les siennes, il avait senti qu'elle s'épanouissait comme une fleur à son contact, et l'incarnation s'était achevée.

F.Scott Fitzgerald, Gatsby le magnifique

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