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Stars

11 Janvier 2020, 01:44am

Publié par vertuchou

Agnès Martin, Stars, 1963, encre et aquarelle sur papier, 30.5 x 30.5 cm.

Agnès Martin, Stars, 1963, encre et aquarelle sur papier, 30.5 x 30.5 cm.

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Dans vos yeux

10 Janvier 2020, 01:42am

Publié par vertuchou

Dans vos yeux
J’ai lu l’aveu de votre âme
En caractères de flamme
Et je m’en suis allé joyeux
Bornant alors mon espace
Au coin d’horizon qui passe
Dans vos yeux.

Dans vos yeux
J’ai vu s’amasser l’ivresse
Et d’une longue caresse
J’ai clos vos grands cils soyeux.
Mais cette ivresse fut brève
Et s’envola comme un rêve
De vos yeux.

Dans vos yeux
Profonds comme des abîmes
J’ai souvent cherché des rimes
Aux lacs bleus et spacieux
Et comme en leurs eaux sereines
J’ai souvent noyé mes peines
Dans vos yeux.

Dans vos yeux
J’ai vu rouler bien des larmes
Qui m’ont mis dans les alarmes
Et m’ont rendu malheureux.
J’ai vu la trace des songes
Et tous vos petits mensonges
Dans vos yeux.

Dans vos yeux
Je ne vois rien à cette heure
Hors que l’Amour est un leurre
Et qu’il n’est plus sous les cieux
D’amante qui soit fidèle
A sa promesse… éternelle
Dans vos yeux.

Gaston Couté

 

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Après un certain âge

9 Janvier 2020, 02:38am

Publié par vertuchou

Après un certain âge tous les pères se ressemblent, quelque chose en eux s'attendrit, rend les armes, se dépouille de toute carapace. On repense à la frousse qu'ils nous flanquaient gamins quand ils élevaient la voix, nous menaçaient d'une fessée, nous enjoignaient de leur obéir, de ne pas les décevoir, faillir, trahir leur confiance, nous soustraire à leur autorité. Et les voir maintenant si désarmés nous émeut et nous donne l'impression de faire face à une autre personne, sans que parfois il soit possible d'établir un lien.

Olivier Adam, Peine perdue

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La neige

8 Janvier 2020, 01:55am

Publié par vertuchou

La neige nous met en rêve
Sur de vastes plaines,
Sans traces ni couleur.

Veille mon cœur,
La neige nous met en selle
Sur des coursiers d’écume.

Sonne l’enfance couronnée,
La neige nous sacre en haute-mer,
Plein songe,
Toute voile dehors.

La neige nous met en magie.
Blancheur étale.
Plumes gonflées
Où perce l’œil de cet oiseau.

Mon cœur ;
Trait de feu sous des palmes de gel
Fille de sang qui m’émerveille. 

Anne Hébert

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Dorian

7 Janvier 2020, 01:30am

Publié par vertuchou

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L’Empreinte

6 Janvier 2020, 01:22am

Publié par vertuchou

Je m’appuierai si bien et si fort à la vie,
D’une si rude étreinte et d’un tel serrement
Qu’avant que la douceur du jour me soit ravie
Elle s’échauffera de mon enlacement.

La mer, abondamment sur le monde étalée,
Gardera dans la route errante de son eau
Le goût de ma douleur qui est âcre et salée
Et sur les jours mouvants roule comme un bateau.

Je laisserai de moi dans le pli des collines
La chaleur de mes yeux qui les ont vu fleurir
Et la cigale assise aux branches de l’épine
Fera crier le cri strident de mon désir.

Dans les champs printaniers la verdure nouvelle
Et le gazon touffu sur les bords des fossés
Sentiront palpiter et fuir comme des ailes
Les ombres de mes mains qui les ont tant pressés.

La nature qui fut ma joie et mon domaine
Respirera dans l’air ma persistante odeur
Et sur l’abattement de la tristesse humaine
Je laisserai la forme unique de mon cœur.

Anna de Noailles

 

 

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Ainsi hier soir chez elle

5 Janvier 2020, 02:04am

Publié par vertuchou

Ainsi hier soir chez elle, dans le calme presque provincial de son grand et harmonieux
salon, je me suis sentie fléchir plus d’une fois. [...], je sentis ses doigts tièdes sur ma nuque pliée, à la lisière sensible de mes cheveux courts, dont elle caressait les lignes rasées à la tondeuse qui descendent dans le cou. J’ai frémi profondément de ce geste si naturel, même enfantin, et n’osant relever la tête, plusieurs fois également ayant embrassé ses mains en riant, j’ai senti les dangers d’un tel jeu fait de frôlements, de regards, et au moment du départ, comme elle était penchée devant moi, arrangeant la ceinture de mon manteau, je ne pus résister et j’embrassai sa nuque claire.

Mireille Havet ,  Journal 1918-1919

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Prisonnière

4 Janvier 2020, 01:57am

Publié par vertuchou

"Oh mais c'est encore vous mon cher"
"Oh mais c'est encore vous mon cher"
Me dit-elle tout à coup
Me dit-elle tout à coup

Oh je me sens de vous prisonnière
Oh je me sens de vous prisonnière
Faites de moi ce que vous
Faites de moi ce que vous

Donnons-nous rendez-vous à la rivière
Donnons-nous rendez-vous à la rivière
Lavons-nous de la boue
Lavons-nous de la boue

Prenez-moi dans vos bras mon cher
Prenez-moi dans vos bras mon cher
Et oublions tout
Et oublions tout

Et tenons-nous debout dans la lumière
Et tenons-nous debout dans la lumière
Soyons prêts à tout
Soyons prêts à tout

Il en va de la vie, de nos mères
Il en va de la vie, de nos pères
Il en va de nous
Il en va de nous

Oh je me sens de vous prisonnière
Oh je me sens de vous prisonnière
Faites de moi ce que vous
Faites de moi ce que vous

Paroles : Philippe Djian / Stephan Eicher

Musique :  Stephan Eicher

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Yann Tiersen - Porz Goret

3 Janvier 2020, 01:32am

Publié par vertuchou

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Les effarés

2 Janvier 2020, 02:21am

Publié par vertuchou

Noirs dans la neige et dans la brume,
Au grand soupirail qui s'allume,
Leurs culs en rond,

A genoux, cinq petits, - misère ! -
Regardent le Boulanger faire
Le lourd pain blond.

Ils voient le fort bras blanc qui tourne
La pâte grise et qui l'enfourne
Dans un trou clair.

Ils écoutent le bon pain cuire.
Le Boulanger au gras sourire
Grogne un vieil air.

Ils sont blottis, pas un ne bouge,
Au souffle du soupirail rouge
Chaud comme un sein.

Quand pour quelque médianoche,
Façonné comme une brioche
On sort le pain,

Quand, sous les poutres enfumées,
Chantent les croûtes parfumées
Et les grillons,

Que ce trou chaud souffle la vie,
Ils ont leur âme si ravie
Sous leurs haillons,

Ils se ressentent si bien vivre,
Les pauvres Jésus pleins de givre,
Qu'ils sont là tous,

Collant leurs petits museaux roses
Au treillage, grognant des choses
Entre les trous,

Tout bêtes, faisant leurs prières
Et repliés vers ces lumières
Du ciel rouvert,

Si fort qu'ils crèvent leur culotte
Et que leur chemise tremblote
Au vent d'hiver.

Arthur Rimbaud

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