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Je te rencontre. Je me souviens de toi

31 Août 2020, 01:26am

Publié par vertuchou

Je te rencontre. Je me souviens de toi. Cette ville était faite à la taille de l'amour. Tu étais fait à la taille de mon corps même. Qui es-tu ? Tu me tues. J'avais faim. Faim d'infidélités, d'adultères, de mensonges et de mourir. Depuis toujours. Je me doutais bien qu'un jour tu me tomberais dessus. Je t'attendais dans une impatience sans borne, calme. Dévore-moi. Déforme-moi à ton image afin qu'aucun autre, après toi, ne comprenne plus du tout le pourquoi de tant de désir. Nous allons rester seuls, mon amour. La nuit ne va pas finir. Le jour ne se lèvera plus sur personne. Jamais. Jamais plus. Enfin. Tu me tues. Tu me fais du bien. Nous pleurerons le jour défunt avec conscience et bonne volonté. Nous n'aurons plus rien d'autre à faire, plus rien que pleurer le jour défunt. Du temps passera. Du temps seulement. Et du temps va venir. Du temps viendra. Où nous ne saurons plus du tout nommer ce qui nous unira. Le nom s'en effacera peu à peu de notre mémoire. Puis, il disparaîtra tout à fait.

Marguerite Duras, Hiroshima mon amour.

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Jardin des Délices

30 Août 2020, 01:33am

Publié par vertuchou

Quand le monde autour de toi aura tant changé
Que toutes ces choses que tu frôlais sans danger
Seront toutes si lourdes à bouger
Seront toutes des objets étrangers
Où l'a-t-on rangé
Ce bout de verger
Avec ses fleurs grimpantes
Sa lumière en pente
Couleur de dragée
Quand le monde autour de toi sera mélangé

Que le drap de ta chambre dans l'ombre restera plongé
Que viendra la nuit aux pourpres orangés
Et sans rien de plus peut-être pour te protéger
Où l'a-t-on rangé

Ce bout de verger
Avec sa glycine
Comme une racine
Dans la terre plongée
Jardin des délices
Tourne comme une hélice Dans le fond du crâne
Tourne comme une hélice

Gérard Manset

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Sonate en ré mineur, Kk. 32 (Aria)

29 Août 2020, 01:36am

Publié par vertuchou

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Toute odeur est fée

28 Août 2020, 01:28am

Publié par vertuchou

Volupté des parfums. Oui, toute odeur est fée :
Si j’épluche, le soir; une orange échauffée,
Je rêve de théâtre et de profonds décors ;
Si je brûle un fagot, je vois sonnant leurs cors,
Dans la forêt d’hiver les chasseurs faire halte ;
Si je traverse enfin ce brouillard que l’asphalte
Répand, infect et noir, autour de son chaudron,
Je me crois sur un quai parfumé de goudron,
Regardant s’avancer, blanche, une goélette,
Parmi les diamants de la mer violette.

François Coppée

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Le poème est un miracle

27 Août 2020, 01:00am

Publié par vertuchou

Le poème est un miracle, le seul miracle humain. La poésie, c'est le son qui donne le sens; c'est le son avant le sens.

Émile-Auguste Chartier

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La feuille blanche

26 Août 2020, 01:56am

Publié par vertuchou

En vérité, une feuille blanche
Nous déclare par le vide
Qu’il n’est rien de si beau
Que ce qui n’existe pas.
Sur le miroir magique de sa blanche étendue,
L’âme voit devant elle le lieu des miracles
Que l’on ferait naître avec des signes et des lignes.
Cette présence d’absence surexcite
Et paralyse à la fois l’acte sans retour de la plume.
Il y a dans toute beauté une interdiction de toucher,
Il en émane je ne sais quoi de sacré
Qui suspend le geste, et fait l’homme
Sur le point d’agir se craindre soi-même.
 
Paul Valéry

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Nude against Sea

25 Août 2020, 01:20am

Publié par vertuchou

Andreas Feininger, Nude against Sea, 1933

Andreas Feininger, Nude against Sea, 1933

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les parfums

24 Août 2020, 01:19am

Publié par vertuchou

Mon coeur est un palais plein de parfums flottants
Qui s'endorment parfois aux plis de ma mémoire,
Et le brusque réveil de leurs bouquets latents
- Sachets glissés au coin de la profonde armoire -
Soulève le linceul de mes plaisirs défunts
Et délie en pleurant leurs tristes bandelettes...
Puissance exquise, dieux évocateurs, parfums,
Laissez fumer vers moi vos riches cassolettes !
Parfum des fleurs d'avril, senteur des fenaisons,
Odeur du premier feu dans les chambres humides,
Arômes épandus dans les vieilles maisons
Et pâmés au velours des tentures rigides ;
Apaisante saveur qui s'échappe du four,
Parfum qui s'alanguit aux sombres reliures,
Souvenir effacé de notre jeune amour
Qui s'éveille et soupire au goût des chevelures ;
Fumet du vin qui pousse au blasphème brutal,
Douceur du grain d'encens qui fait qu'on s'humilie,
Arôme jubilant de l'azur matinal,
Parfums exaspérés de la terre amollie ;
Souffle des mers chargés de varech et de sel,
Tiède enveloppement de la grange bondée,
Torpeur claustrale éparse aux pages du missel,
Acre ferment du sol qui fume après l'ondée ;
Odeur des bois à l'aube et des chauds espaliers,
Enivrante fraîcheur qui coule des lessives,
Baumes vivifiants aux parfums familiers,
Vapeur du thé qui chante en montant aux solives !
- J'ai dans mon cœur un parc où s'égarent mes maux,
Des vases transparents où le lilas se fane,
Un scapulaire où dort le buis des saints rameaux,
Des flacons de poison et d'essence profane.
Des fruits trop tôt cueillis mûrissent lentement
En un coin retiré sur des nattes de paille,
Et l'arôme subtil de leur avortement
Se dégage au travers d'une invisible entaille...
- Et mon fixe regard qui veille dans la nuit
Sait un caveau secret que la myrrhe parfume,
Où mon passé plaintif, pâlissant et réduit,
Est un amas de cendre encor chaude qui fume.
- Je vais buvant l'haleine et les fluidités
Des odorants frissons que le vent éparpille,
Et j'ai fait de mon cœur, aux pieds des voluptés,
Un vase d'Orient où brûle une pastille.... .

Anna de Noailles

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Oleg comprend

23 Août 2020, 01:30am

Publié par vertuchou

Oleg comprend que l'amour peut être aussi cette tendresse qui protège, qui suspend la douleur, qui rend essentiel le reflet neigeux venant de la fenêtre jusqu'à cette main féminine dont les doigts frémissent dans le sommeil. Une certitude très simple : leur voyage avait pour destination cette ville assoupie, cette chambre donnant sur les grands arbres blancs, ce reflet bleuté de la nuit que ses lèvres effleurent sur la main de la femme.

Andreï Makine, Une femme aimée.

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Les lèvres de Jeanne-Sophie

23 Août 2020, 01:24am

Publié par vertuchou

Les lèvres de Jeanne-Sophie étaient mouillées à point. Elles avaient le goût des fromages au lait cru. Mes doigts les ont sillonnées de bas en haut et de haut en bas, en les massant, en les lissant. J’explorais un pays, j’effeuillais un monde. Sa texture me faisait frémir de la plante des pieds à la racine des cheveux. Puis mes doigts se sont saisis de son clitoris. Le clitoris de Jeanne-Sophie était un capital de tendresse. Son toucher me donnait la sensation qu’un autre corps chevauchait mon corps. C’était la planche-contact d’une rencontre soyeuse.

Nimrod - Le balcon sur l’Algérois

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