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Elegie Op. 3 No. 1

21 Septembre 2020, 01:44am

Publié par vertuchou

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Vénus, étoile du soir

20 Septembre 2020, 01:29am

Publié par vertuchou

La nuit vient nous ravir en ses puissants arcanes ;
L'ombre avec des frissons envahit les platanes ;
De légères vapeurs montent des chemins creux.
Les vieillards sont assis, et les voix alternées
Sous le feuillage obscur se perdent égrenées.
C'est l'heure où l'esprit rêve, heureux ou malheureux.

Le crépuscule expire et les étoiles blanches
Commencent en tremblant à poindre dans les branches.
Au regard exalté qui songe et les poursuit,
Voici que la plus belle allume la première
A l'occident pâli sa vibrante lumière,
Vénus splendide et chaste, honneur de notre nuit.

Depuis qu'ils ont chéri l'amour et sa souffrance.
Les hommes ont fait part de leur brève espérance
A cet astre indulgent qui ramène le soir.
— Si tu retiens mes yeux, Vénus; si ma pensée
Au sein du mol éther vers toi s'est élancée.
C'est toi seule et c'est toi toute que je veux voir.

J'ai surpris tes secrets : O céleste jumelle
De la Terre, astre cher qui mourras avec elle.
Tes destins sont pareils aux destins de ta sœur.
Le même soleil t'aime; et ce père des flammes
Jette en ton sein fleuri la vie, orgueil des âmes.
La nuit ainsi qu'à nous te verse sa douceur.

Monde, tu fais rouler dans la pâle étendue
La forme avec l'amour à tes flancs suspendue ;
Tu livres aux troupeaux tes champs hospitaliers ;
Tes mers ont leurs nageurs, et des siècles de fauves
Ont rugi le désir aux creux de tes rocs chauves ;
Tes deux pôles de glace ont de blancs familiers.

Des reptiles, traînant leurs épais cartilages,
De leurs sillons visqueux souillaient tes chaudes plages,
Au temps où tu naissais dans les limons marins.
Et maintenant, mangeurs de chair ou d'herbe grasse.
Des êtres réjouis dans la force et la grâce.
Nés de ton corps adulte, ornent tes jours sereins.

Un air rouge et vibrant, semé de feux intimes.
Sur tes roides hauteurs dont nul n'a vu les cimes.
Nourrit avec excès de larges floraisons.
De grands lis pleins d'odeurs et de phosphorescences,
Les longs fûts des palmiers aux salubres essences,
Et des gerbes de dards exhalant leurs poisons.

Des îles en leurs lits récents de madrépores,
Vierges, sous le vent frais plein de baisers sonores.
Conçoivent les doux fruits des continents lointains.
De grands oiseaux guerriers s'assemblent, race antique,
Dans les sombres vapeurs de ton ciel magnétique.
Sous les cratères noirs de tes volcans éteints.

Et des guetteurs, du haut des roches caverneuses.
Lourds, velus, déployant leurs ailes membraneuses.
De nocturnes regards éclairent les granits :
Ils veillent, attendant que l'aire obscure dorme ;
Ils vont se laisser choir, et sous leur masse énorme
Lentement étouffer les couples dans les nids.

Vénus, ô grande mère aux entrailles brûlantes.
Mère des animaux avides et des plantes.
Tout ce que tu contiens de divine chaleur
Dans un fécond travail a gonflé tes mamelles.
En allaitant, Vénus, tes nourrissons, tu mêles
Largement en leur sang la joie et la douleur.

Mais lorsque après tes nuits, tes sombres nuits sans lune,
Derrière l'Océan qui gémit sur la dune,
Immense et près de toi se lève le soleil,
Est-il, pour réfléchir ton ciel qui s'illumine,
Un regard où reluit la tristesse divine.
Un regard anxieux et fier, au mien pareil ?

Nourris-tu des vivants de qui l'âme profonde
Te contient tout entier dans elle-même, ô monde !
Et qui sont ta vertu, ta splendeur et tes dieux ?
N'as-tu pas enfanté des rois, frères des hommes,
Qui, superbes, hardis, pensifs, tels que nous sommes,
Seuls portent haut leur front et regardent les cieux ?

Ces princes, nos égaux, recherchent-ils les causes,
La raison et la fin, la nature des choses ?
Quels désirs, quels espoirs gonflent leurs cœurs puissants !
Ont-ils, promptes sans cesse à verser les dictâmes.
Des mères et des sœurs belles comme nos femmes.
Triomphe de la vie et délices des sens ?

Oh ! les meilleurs d'entre eux, dans la nuit solitaire,
Levant leur front blanchi d'un reflet de la terre,
Ont souvent médité les travaux de nos jours.
Connaître pour aimer, tel est la loi de l'être ;
Et, dans leur mâle ardeur d'étreindre et de connaître.
Ils ont jusqu'à la terre étendu leurs amours.

L'esprit cherche l'esprit dans l'étoile prochaine ;
Et, jetant dans l'espace une mystique chaîne,
Eux en nous, nous en eux, nous nous glorifions.
Tant il est naturel de sortir de soi-même,
Tant nous portons au cœur le besoin qu'on nous aime.
Tant notre âme de feu jette loin ses rayons.

Anatole France

 

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D’amour pour toi, au matin

19 Septembre 2020, 01:35am

Publié par vertuchou

D’amour pour toi, au matin, je pleurais des larmes rondes qui roulaient sur l’oreiller comme des perles.
Elles rebondissaient, fuyantes, sur le carrelage de la chambre.
Brillantes et nacrées, vives comme des éclairs, bruyantes comme un collier cassé.

Bénédicte Martin, Le Bosphore en hiver

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En tête à tête

18 Septembre 2020, 01:46am

Publié par vertuchou

Ce matin j'lui presse des oranges mécaniquement
Les yeux encore un peu brouillés par le sommeil
J'me trouve nez à nez avec ce vers qui ne rime à rien
C'est vrai ce week-end je suis seul avec moi même

En tête à tête avec moi même souvent j'me tate pour trouver le thème
En tête à tête avec moi même
J'ai pas la force de dire je je je ...

Il faut aimer pour comprendre nous aimer pour nous comprendre
Mieux aimer pour mieux comprendre
C'est vrai ce week-end je suis seul avec moi même

En tête à tête avec moi même souvent j'me tate pour trouver le thème
En tête à tête avec moi même
J'ai pas la force de dire je je je ..

En tête a tête
En tête a tête
En tête a tête
En tête a tête
En tête a tête

Matthieu Chedid dit M

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Da tempeste

17 Septembre 2020, 01:21am

Publié par vertuchou

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Le sonnet de ses cheveux

16 Septembre 2020, 01:27am

Publié par vertuchou

Le flot de ses cheveux a baisé le soleil :
Il en est demeuré rouge comme une aurore.
Il brille sur la tête auguste & la décore
Comme un ruisseau coulant dans un pays vermeil.

Les profonds cheveux bruns embaument le sommeil ;
Les cheveux blonds sont doux ; un miel exquis les dore ;
Mais les roux sont plus beaux & plus puissants encore,
Et leur rayonnement aux flammes est pareil.

Ondes au cours puissant où mon désir s’abreuve,
Ruisselez & roulez éparses comme un fleuve,
Et faites à la chair un linceul endormant.

Je veux sur le lit blanc des tièdes encolures,
Comme un noyé, comme un lascif, éperdument
Plonger mes mains dans l’or vivant des chevelures.

Albert Mérat
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Parcourir l'arbre

15 Septembre 2020, 01:09am

Publié par vertuchou

Parcourir l'Arbre
Se lier aux jardins
Se mêler aux forêts
Plonger au fond des terres
Pour renaître de l'argile
 
Peu à peu
S'affranchir des sols et des racines
Gravir lentement le fût
Envahir la charpente
Se greffer aux branchages
 
Puis dans un éclat de feuilles
Embrasser l'espace
Résister aux orages
Déchiffrer les soleils
Affronter jour et nuit
 
Evoquer ensuite
Au cœur d'une métropole
Un arbre un seul
Enclos dans l'asphalte
Eloigné des jardins
Orphelin des forêts
 
Un arbre
Au tronc rêche
Aux branches taries
Aux feuilles longuement éteintes
 
S'unir à cette soif
Rejoindre cette retraite
Ecouter ces appels
 
Sentir sous l'écorce
Captives mais invincibles
La montée des sèves
La pression des bourgeons
Semblables aux rêves tenaces
Qui fortifient nos vies
 
Cheminer d'arbre en arbre
Explorant l'éphémère
Aller d'arbre en arbre
Dépistant la durée.

 

Andrée Chedid

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Chaque jour

14 Septembre 2020, 01:57am

Publié par vertuchou

Chaque jour, chaque heure, chaque instant, il faut vivre.
Vivre ce que nous avons à vivre et ne pas nous laisser vivre.
Vivre véritablement, c’est peut-être le seul acte révolutionnaire.
Oser Etre.
Et vivre libre.
Chaque jour, plus libre encore

Gérard Depardieu

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Marion Davies

13 Septembre 2020, 01:50am

Publié par vertuchou

Marion Davies, portrait réalisé par le Studio Campbell Studio, New York, 1922.

Marion Davies, portrait réalisé par le Studio Campbell Studio, New York, 1922.

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Trahison fidèle

12 Septembre 2020, 01:25am

Publié par vertuchou

Tu as écrit : « Me voici, fidèle à l’écho de ta voix, taciturne, inexprimé. » Je sais ton âme tendue juste au gré des soies chantantes de mon luth :
C’est pour toi seul que je joue.
Écoute en abandon et le son et l’ombre du son dans la conque de la mer où tout plonge. Ne dis pas qu’il se pourrait qu’un jour tu entendisses moins délicatement !
Ne le dis pas. Car j’affirme alors, détourné de toi, chercher ailleurs qu’en toi-même le répons révélé par toi. Et j’irai, criant aux quatre espaces :
Tu m’as entendu, tu m’as connu, je ne puis pas vivre dans le silence. Même auprès de cet autre que voici, c’est encore,
C’est pour toi seul que je joue.

Victor Segalen

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