La poésie fait l'expérience
La poésie fait l’expérience non dans l’ascèse mais dans la pleine étreinte du monde, est accessible à tout un chacun par la voie tout humaine de la conscience qui se déclôt.
Jean-Pierre Siméon
Coups de cœur
La poésie fait l’expérience non dans l’ascèse mais dans la pleine étreinte du monde, est accessible à tout un chacun par la voie tout humaine de la conscience qui se déclôt.
Jean-Pierre Siméon
Ce qu’on cherche dans la vie c’est pas vraiment l’apothéose des découvreurs de continents, non, en cherchant l’âme sœur tout ce qu’on veut dans le fond c’est être tranquille, avoir quelqu’un à soi le soir quand il s’agit de rentrer, une présence qui tienne au corps comme un vêtement, une idée de l’autre qu’est là à trotter toute la journée, ce qu’on veut c’est expier le sentiment d’abandon, aimer pour se sentir moins seul.
Serge Joncour, S’aimer jusqu’à se voir
Il le faut, je renonce à toi ;
On le veut, je brise ta chaîne.
Je te rends tes serments, ta foi :
Sois heureux, quitte-moi sans peine.
Séparons-nous... attends, hélas !
Mon cœur encor ne se rend pas !
Toi qui fus mes seules amours,
Le charme unique de ma vie,
Une autre fera tes beaux jours,
Et je le verrai sans envie.
Séparons-nous... attends, hélas !
Mon cœur encor ne se rend pas.
Reprends-le ce portrait charmant
Où l'amour a caché ses armes ;
On n'y verra plus ton serment,
Il est effacé par mes larmes !
Séparons-nous... attends, hélas !
Mon cœur encor ne se rend pas.
Marceline Desbordes-Valmore.
Qu'est-ce qui fait que l'on s'éprend, comme ça, au premier regard, sans jamais s'être vus avant ? Il y a des rencontres qui se font et d'autres, toutes les autres qui nous échappent, nous sommes tellement inattentifs... Parfois nous croisons quelqu'un, il suffit de quelques mots échangés, et nous savons que nous avons à vivre quelque chose d'essentiel ensemble. Mais il suffit d'un rien pour que ces choses là ne se passent pas et que chacun poursuive sa route de son côté.
Claudie Gallay, Les déferlantes
Je me libère comme un fleuve
Qui longtemps
A été empierré
Maintenant
Je vais pouvoir laisser passer
Tous les bateaux ivres
De mon esprit
Maintenant
Je vais pouvoir aller vers la mer
Tranquillement
Sans qu'aucune pierre
Aucune branche
Ne m'arrête
Et surtout pas
Ton cœur
Denise Dubois-Jallais
Brune encore non eue,
Je te veux presque nue
Sur un canapé noir
Dans un jaune boudoir,
Comme en mil huit cent trente.
Presque nue et non nue
A travers une nue
De dentelles montrant
Ta chair où va courant
Ma bouche délirante.
Je te veux trop rieuse
Et très impérieuse,
Méchante et mauvaise et
Pire s’il te plaisait,
Mais si luxurieuse !
Ah ! ton corps noir et rose
Et clair de lune ! Ah ! pose
Ton coude sur mon cœur,
Et tout ton corps vainqueur,
Tout ton corps que j’adore !
Ah ! ton corps, qu’il repose
Sur mon âme morose
Et l’étouffe s’il le peut,
Si ton caprice veut !
Encore, encore, encore !
Splendides, glorieuses,
Bellement furieuses
Dans leurs jeunes ébats,
Fous mon orgueil en bas
Sous tes fesses joyeuses !
Paul Verlaine
Car le poète est chose légère, ailée sacrée, et il ne peut créer avant de sentir l'inspiration, d'être hors de lui-même et de perdre l'usage de la raison. Tant qu'il n'a pas reçu ce don divin, tout homme est incapable de faire des vers et de rendre des oracles ».
Platon
Nos corps tissent la vie
Et puis tissent la mort
A perdre regard
Ils vont
Au point de ne plus être
Ils étaient cependant
J'existais
Et tu vas
Dans le cerne de toute chair
Dans la maison des yeux
Dans l'amour vulnérable
Dans l'incessant renaître.
Andrée Chedid