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Vertuchou.over-blog.com

Je veux toi pour tisane

20 Novembre 2020, 01:25am

Publié par vertuchou

Je veux toi pour tisane. Le sucre de ta peau, ton goût de tabac d'arbre, le chat de ta gorge enroulé sur mon coeur, le chant de ton coeur déployé sur ma gorge, tes bras ouverts comme une table, tes pas de loup de nuit, ton sol précis sur mes graines de rêves, tes doigts sourciers sur mes glaises de soif, tes mers sur mes escales, tes bois à découvrir, mes rives à t'accueillir. Je veux tes mots revisités de fraises, tes mots rougis incendiés de neige. Je les veux qui enflamment qui touchent et qui m'existent. La sève de tes mains pour redevenir liane, l'arbre le fruit et la racine, le paysage en route, l'aimer à double tour d'où l'on ne sort jamais. Je veux le seringa troublé d'eau et de blanc, l'affolée de parfums de pollens et de miel, cette abeille innocente qui pille les corolles. Et plus que le désir, plus que le ciel à dire, plus que le tout à vivre, encore plus que le trop, je veux l'hiver épris des puissances d'été. Tes mains ouvertes, offertes pour les remplir de moi.
Mes mains ouvertes, offertes pour les remplir de toi. Pour me réinventer, je veux toi pour m'écrire et m'aimer sans boussole. Tes instances de vivre renversées sur mon souffle. Tes mots de pain nouveau accordé à ma faim. Tes yeux pour vêtement. Je veux toi pour tisane. Je veux toi au présent.

Ile Eniger, Le bleu des ronces

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La vie

19 Novembre 2020, 02:35am

Publié par vertuchou

La vie n'est pas une plaisanterie
Tu la prendras au sérieux,
Comme le fait un écureuil, par exemple,
Sans rien attendre du dehors et d'au-delà
Tu n'auras rien d'autre à faire que de vivre.
La vie n'est pas une plaisanterie,
Tu la prendras au sérieux,
Mais au sérieux à tel point,
Qu'adossé au mur, par exemple, les mains liées
Ou dans un laboratoire
En chemise blanche avec de grandes lunettes,
Tu mourras pour que vivent les hommes,
Les hommes dont tu n'auras même pas vu le visage,
Et tu mourras tout en sachant
Que rien n'est plus beau, que rien n'est plus vrai que la vie.
Tu la prendras au sérieux
Mais au sérieux à tel point
Qu'à soixante-dix ans, par exemple, tu planteras
des oliviers
Non pas pour qu'ils restent à tes enfants
Mais parce que tu ne croiras pas à la mort
Tout en la redoutant
mais parce que la vie pèsera plus lourd dans la balance.

Nazim Hikmet

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Une femme qui pleure

18 Novembre 2020, 01:41am

Publié par vertuchou

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Je l’oeilladais mi-nue, échevelée

17 Novembre 2020, 01:39am

Publié par vertuchou

Je l’oeilladais mi-nue, échevelée,
Par un pertuis dérobé finement,
Mon coeur battait d’un tel débattement
Qu’on m’eût jugé comme en peur déréglée.

Or’ j’étais plein d’une ardeur enflammée,
Ore de glace en ce frissonnement.
Je fus ravi d’un doux contentement,
Tant que ma vie en fut toute pâmée.

Là follâtrait le beau soleil joyeux,
Avec un vent, zéphyre gracieux,
Parmi l’or blond de sa tresse ondoyante,

Qui haut volante ombrageait ses genoux.
Que de beautés ! mais le destin jaloux
Ne me permit de voir ma chère attente.

Marc Papillon, seigneur de Lasphrise

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La relation entre érotisme et poésie

16 Novembre 2020, 01:49am

Publié par vertuchou

La relation entre érotisme et poésie est telle qu’il est possible d’affirmer,

sans affectation, que le premier est une poétique corporelle

et la seconde une érotique verbale.

Octavio Paz

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Recette

15 Novembre 2020, 01:07am

Publié par vertuchou

Prenez un toit de vieilles tuiles
Un peu avant midi.

Placez tout à côté
Un tilleul déjà grand
Remué par le vent.

Mettez au-dessus d’eux
Un ciel bleu, lavé
Par des nuages blancs.

Laissez-les faire.
Regardez-les.

Eugène Guillevic

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La blouse roumaine

14 Novembre 2020, 01:52am

Publié par vertuchou

Henri Matisse, La blouse roumaine, 1940

Henri Matisse, La blouse roumaine, 1940

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Viens, ma belle Florelle, où l’ombre noir tremblote

13 Novembre 2020, 01:35am

Publié par vertuchou

Viens, ma belle Florelle, où l’ombre noir tremblote,
Sur les bords mousselus des antres ténébreux.
Il fait trop chaud ici, cherchons les bois ombreux,
Le profond des vallons ou quelque fraîche grotte.

Entrons sous ce rocher, viens tôt que je suçote
Le coral de ta bouche, embrassons-nous tous deux,
Éteignons nos ardeurs, jouissons dans ce creux
De nos douces amours, çà que je te baisote !

Défais ton lacet blanc, montre ton sein à nu,
Mon coeur, embrasse-moi, lance dru et menu
Ta langue sur la mienne, hâte-toi, ma chère âme,

Mon dieu, je n’en puis plus ! De plaisir je me pâme,
Las ! mon âme s’enfuit, puisque tu meurs aussi,
Mourons lèvre sur lèvre, heureux qui meurt ainsi !

isaac Habert

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Selon les règles du jeu

12 Novembre 2020, 01:08am

Publié par vertuchou

Selon les règles du jeu il s'allonge contre elle et presse la bouche contre son front, ses paupières, ses joues, son cou, ses épaules.
Ses épaules son cou ses paupières.
Peau brûlante goût de sel résistance de la chair dès que les lèvres s'y appuient odeur Vermeille goût de soleil goût de raisins de serre il ne respire plus ses propres mains ses reins ses jambes sont glacés les battements de son cœur se développent de plus en plus fort de plus en plus rapprochés irradiant sa gorge comme si une course, une fuite blessée le soulevait du sol et le laissait retomber plus lourdement à chaque foulée il fuit bien qu'il ne bouge pas ne l'embrasse même plus reste simplement serré contre elle poursuivi par le goût de raisins de sa chair et le faible parfum d'amandes de ses cheveux

Jean-René Huguenin, La Côte sauvage

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Déchirure

11 Novembre 2020, 01:00am

Publié par vertuchou

Lune noire
de la déchirure
Lune grise
de l'absence
Lune blanche
de la déshérence

A peine éveillé
dans les draps
froissés de mes peines
privé de ton étreinte
je pleure
le désert de la vie

 

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