La peinture est
La peinture est une poésie muette et la poésie une peinture parlante.
Marie-Philippe Commetti
Coups de cœur
La peinture est une poésie muette et la poésie une peinture parlante.
Marie-Philippe Commetti
Je suis un peu morte
Maman
J’ai même pas pleuré
Maman
J’ai dit « c’est fini »
Maman
Et j’ai arraché les jours cousus à ma robe
Et j’ai craché les fils au pied du lit
Je me suis dénudée jusqu’au cœur
Maman
Pour fouiller jusqu’à la beauté
Léa Deschepper
Car tu vis en toutes les femmes
Et toutes les femmes c’est toi.
Et tout l’amour qui soit, c’est moi
Brûlant pour toi de mille flammes.
Ton sourire tendre ou moqueur,
Tes yeux, mon Styx ou mon Lignon,
Ton sein opulent ou mignon
Sont les seuls vainqueurs de mon cœur.
Et je mords à ta chevelure
Longue ou frisée, en haut, en bas,
Noire ou rouge et sur l’encolure
Et là ou là — et quels repas !
Et je bois à tes lèvres fines
Ou grosses, — à la Lèvre, toute !
Et quelles ivresses en route,
Diaboliques et divines !
Car toute la femme est en toi
Et ce moi que tu multiplies
T’aime en toute Elle et tu rallies
En toi seule tout l’amour : Moi !
Paul Verlaine
Mais quoi qu'il arrive, n'oublie pas qu'il y aura toujours un être au monde vers lequel, à tout moment, tu pourras te retourner ou venir. Je t'ai donné un jour, du fond du cœur, tout ce que je possède et tout ce que je suis. Tu le garderas jusqu'à ce que je quitte ce monde bizarre qui commence à me fatiguer. Mon espoir est seulement que tu apercevras un jour à quel point je t'ai aimée…
Albert Camus à Maria Casarès
À la vaillante citoyenne Louise,
l’ambulancière de la rue Fontaine-au-Roi.
le dimanche 28 mai 1871.
Quand nous en serons au temps des cerises,
Et gai rossignol et merle moqueur
Seront tous en fête.
Les belles auront la folie en tête
Et les amoureux du soleil au cœur.
Quand nous en serons au temps des cerises,
Sifflera bien mieux le merle moqueur.
Mais il est bien court le temps des cerises,
Où l’on s’en va deux cueillir en rêvant
Des pendants d’oreilles.
Cerises d’amour aux robes pareilles
Tombant sous la feuille en gouttes de sang.
Mais il est bien court le temps des cerises,
Pendants de corail qu’on cueille en rêvant.
Quand vous en serez au temps des cerises,
Si vous avez peur des chagrins d’amour
Évitez les belles.
Moi qui ne crains pas les peines cruelles,
Je ne vivrai pas sans souffrir un jour.
Quand vous en serez au temps des cerises,
Vous aurez aussi des chagrins d’amour.
J’aimerai toujours le temps des cerises :
C’est de ce temps-là que je garde au cœur
Une plaie ouverte,
Et dame Fortune, en m’étant offerte,
Ne saurait jamais calmer ma douleur.
J’aimerai toujours le temps des cerises
Et le souvenir que je garde au cœur.
Paris-Montmartre, 1866.
Lève-toi, mon amie, viens donc, ma belle,
car l’hiver est passé
et les pluies ont cessé, leur saison est finie.
On voit des fleurs éclore à travers le pays,
et le temps de chanter est revenu.
La voix des tourterelles retentit dans nos champs.
Sur les figuiers, les premiers fruits mûrissent.
La vigne en fleur exhale son parfum.
Lève-toi, mon amie,et viens,
oui, viens, ma belle.
Ma colombe nichée aux fentes du rocher,
cachée au plus secret |des parois escarpées,
fais-moi voir ton visage
et entendre ta voix,
car ta voix est bien douce et ton visage est beau.
Cantique des Cantiques
La poésie est un sable si sensible qu’il enregistre l’âge de notre ombre.
Roberto Juarroz
Mon corps est un désir
Comme l’hostie est dieu
Mon amant
Ce prêtre à l’autel
Qui communie avec mes lèvres
Lèvres de sang
Sang
De ma chair
Qu’à l’offertoire
Il baise
Sabbats hallucinants
Des nuits ensorcelées
Que le diable conduit
Ivre de nos cantiques
Et que le jour va
Souffleter.
Simonne Azaïs