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Vertuchou.over-blog.com

Les colchiques

20 Septembre 2021, 01:22am

Publié par vertuchou

Le pré est vénéneux mais joli en automne
Les vaches y paissant
Lentement s'empoisonnent
Le colchique couleur de cerne et de lilas
Y fleurit; tes yeux sont comme cette fleur-là
Violâtres comme leur cerne et comme cet automne
Et ma vie pour tes yeux lentement s'empoisonne

Les enfants de l'école viennent avec fracas
Vêtus de hoquetons et jouant de l'harmonica
Ils cueillent les colchiques qui sont comme des mères
Filles de leurs filles et sont couleur de tes paupières
Qui battent comme les fleurs battent au vent dément

Le gardien du troupeau chante tout doucement
Tandis que lentes et meuglant les vaches abandonnent
Pour toujours ce grand pré mal fleuri par l'automne

Guillaume Apollinaire

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The Shadow of Your Smile

19 Septembre 2021, 01:30am

Publié par vertuchou

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Arbre

18 Septembre 2021, 01:56am

Publié par vertuchou

arbre juste autour,

arbre tout court,

arbre pour abriter l’après-midi,

contenir sa lumière,

arbre pour chuchoter,

dessiner le dessous du jour,

arbre pour écouter le passage de son souffle

Pierre Cressant

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Je lui dis de venir,

17 Septembre 2021, 01:08am

Publié par vertuchou

Je lui dis de venir, qu'il doit recommencer à me prendre. Il vient, Il sent bon la cigarette anglaise, le parfum cher, il sent le miel, à force sa peau a pris l'odeur de la soie, celle fruitée du tussor de soie, celle de l'or, il est désirable.

Je lui dis ce désir de lui. Il me dit d'attendre encore. Il me parle, il dit qu'il a su tout de suite, dès la première traversée du fleuve, que je serais ainsi après mon premier amant, que j'aimerais l'amour, il dit qu'il sait déjà que lui je le tromperai et aussi que je tromperai tous les hommes avec qui je serai. Il dit que quant à lui il a été l'instrument de son propre malheur. Je suis heureuse de tout ce qu'il m'annonce et je le lui dis. Il devient brutal, son sentiment est désespéré, il se jette sur moi, il mange les seins d'enfant, il crie, il insulte. Je ferme les yeux sur le plaisir très fort. Je pense : il a l'habitude, c'est ce qu'il fait dans la vie, l'amour, seulement ça. Les mains sont expertes, merveilleuses, parfaites. J'ai beaucoup de chance, c'est clair, c'est comme un métier qu'il aurait, sans le savoir il aurait le savoir exact de ce qu'il faut faire, de ce qu'il faut dire. Il me traite de putain, de dégueulasse, il me dit que je suis son seul amour, et c'est ça qu'il doit dire et c'est ça qu'on dit quand on laisse le dire se faire, quand on laisse le corps faire et chercher et trouver et prendre ce qu'il veut, et là tout est bon, il n'y a pas de déchet, les déchets sont recouverts, tout va dans le torrent, dans la force du désir.


Marguerite Duras, L’ Amant

 

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Ta source

16 Septembre 2021, 01:11am

Publié par vertuchou

Elle naît tout en bas d'un lieu géométrique
À la sentir couler, je me crois à la mer
Parmi les poissons fous, c'est comme une musique
C'est le printemps et c'est l'automne et c'est l'hiver

L'été, ses fleurs mouillées au rythme de l'extase
Dans des bras de folie accrochent les amants
On dirait que l'amour n'a plus besoin de phrases
On dirait que les lèvres n'ont plus besoin d'enfants

Elles coulent les sources, en robe ou en guenilles
Celles qui sont fermées, celles qu'on n'ouvre plus
Sous des linges qu'on dit marqués du sceau des filles
Et ces marques, ça me fait croire qu'il a plu

Qui que tu sois, toi que je vois, de ma voix triste
Microsillonne-toi et je n'en saurai rien
Coule dans ton phono ma voix de l'improviste
Ma musique te prend les reins alors tu viens

Ta dune, je la vois, je la sens qui m'ensable
Avec ce va-et-vient de ta mer qui s'en va
Qui s'en va et revient mieux que l'imaginable
Ta source, tu le sais, ne s'imagine pas

Et tu fais de ma bouche un complice estuaire
Et tes baisers mouillés dérivant de ton cygne
Ne se retourneront jamais pour voir la Terre
Ta source s'est perdue au fond de ma poitrine

Ta source... je l'ai bue


Léo Ferré

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Les Boréades : Acte 4 - Entrée de Polymnie

15 Septembre 2021, 01:07am

Publié par vertuchou

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Il y a des moments où les femmes sont fleurs

14 Septembre 2021, 01:19am

Publié par vertuchou

Il y a des moments où les femmes sont fleurs ;
On n'a pas de respect pour ces fraîches corolles...
Je suis un papillon qui fuit des choses folles,
Et c'est dans un baiser suprême que je meurs.

Mais il y a parfois de mauvaises rumeurs ;
Je t'ai baisé le bec, oiseau bleu qui t'envoles,
J'ai bouché mon oreille aux funèbres paroles ;
Mais, Muse, j'ai fléchi sous tes regards charmeurs.

Je paie avec mon sang véritable, je paie
Et ne recevrai pas, je le sais, de monnaie,
Et l'on me laissera mourir au pied du mur.

Ayant traversé tout, inondation, flamme,
Je ne me plaindrai pas, délicieuse femme,
Ni du passé, ni du présent, ni du futur !

Charles Cros

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J’ai toujours cru

13 Septembre 2021, 01:54am

Publié par vertuchou

J’ai toujours cru que le poète et le romancier donnaient du mystère aux êtres qui semblent submergés par la vie quotidienne, aux choses en apparence banales, – et cela à force de les observer avec une attention soutenue et de façon presque hypnotique. Sous leur regard, la vie courante finit par s’envelopper de mystère et par prendre une sorte de phosphorescence qu’elle n’avait pas à première vue mais qui était cachée en profondeur. C’est le rôle du poète et du romancier, et du peintre aussi, de dévoiler ce mystère et cette phosphorescence qui se trouvent au fond de chaque personne.

Patrick Modiano

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Réminiscence

12 Septembre 2021, 01:38am

Publié par vertuchou

À présent mon regard porte loin en arrière :
la boucle sera-t-elle bouclée ?
Pourquoi la ville ce matin ressemble-t-elle
tant à cette autre,
toutes lignes superposées :
les mêmes vagues qui déferlent lentement,
la même brume de poussière,
les mêmes bâtisses à demi écroulées sombrant dans la mer salée,
le même triste et inarrêtable malaise :
ce jardin devant lequel je fais halte,
aux dahlias recuits de soleil,
aux capucines châtrées,
au palmier solitaire qui se penche vers Siwa,
mendiant une humidité
maigre et âcre comme urine sur le sable –
rien ne se meurt :
tout ce que je croyais mort depuis longtemps
ressuscite :
la bicoque où d’une claque on m’a fait vivre
et où on m’a ôté le bout de ma virilité comme l’exige la religion,
le sable rouge glissant dans la grande bleue,
l’odeur d’encens portée par le khamsin –
tant dont je me souviens
tant de vieilles lampes rallumées –
des lampes dont je croyais la mèche depuis longtemps carbonisée –
et du fond de la nuit par-delà leur lueur
flotte un visage,
qui se penche sur le mien –
d’une douceur éclatante
et au parfum de fleurs…

Tatamkhulu Afrika

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Escaliers

11 Septembre 2021, 01:30am

Publié par vertuchou

Alexander Rodchenko, Escaliers, 1930

Alexander Rodchenko, Escaliers, 1930

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