Coups de cœur
dans un lieu où je n’ai jamais voyagé, avec plaisir
dans un lieu où je n’ai jamais voyagé, avec plaisir
au delà de toute expérience, tes yeux possèdent leur silence :
dans ton geste le plus frêle se trouvent des choses qui me piègent,
ou que je ne peux pas toucher parce qu’elles sont trop proches
le moindre de tes regards m’ouvrira facilement
bien que je me sois serré tels des doigts,
tu m’ouvres toujours pétale par pétale comme le printemps ouvre
( touchant habilement, mystérieusement) sa première rose
ou si tu souhaites me refermer, ma vie et
moi-même nous fermerons avec beauté, soudainement,
tel le moment où le cœur de cette fleur imagine
la neige tomber doucement partout ;
rien que nous sommes censés percevoir dans ce monde ne saurait égaler
la puissance de ta fragilité intense : dont la texture
me captive par la couleur de ses pays,
et décrit la mort et l’éternité avec chaque respiration
( je ne sais pas ce qu’il y a en toi qui ferme
et ouvre ; seul quelque chose en moi comprend que
la voix de tes yeux est plus profonde que toutes les roses )
personne, même pas la pluie, n’a de si petites mains
E.E. Cummings
Son regard m'ensorcela
Son regard m'ensorcela. Et au moment où l'ombre vivante du désir emporta mon corps et mon âme ,je sus que j'étais à lui, et qu'il était à moi. Que l'amour est aussi fort que la mort. Et comme le regard d'un homme peut tuer ,le regard d'un homme peut donner la vie.
Eliette Abecassis, Et te voici permise à tout homme
Qaund l'aube naît un soir
Au seuil de leur amour
Tout paraissait joué
Comme au déclin du jour…
Qu'attendaient-ils encore
Qui puisse les surprendre?
Prisonniers de leur sort
Il leur fallait s'apprendre
C'est à l'abord d'un soir
Que l'aube se profile
En éclairant l'histoire
D'un couple malhabile
Caresses esquissées
En rêves impudiques
Deux vies se sont trouvées
Sur un chemin unique
Leurs images de nuit
Qui n'ont plus rien de sage
Ont un goût qui les suit
Et l'éclat des mirages
D'un passé désertique
Ils créent une oasis
Dont leurs eaux magnifiques
Abreuvent les délices
Tout un frémissement
Encore inégalé
Promet à ces amants
De belles voluptés
Quand leurs deux corps repus
Ils reposent ensemble
Leur plaisir continue
C'est ma plume qui tremble…
Alice Emelvé
Amber Valletta et Shalom Harlow
Parce que tu m’as parlé de vice
Tu m’as parlé de vice en ta lettre d’hier
Le vice n’entre pas dans les amours sublimes
Il n’est pas plus qu’un grain de sable dans la mer
Un seul grain descendant dans les glauques abîmes
Nous pouvons faire agir l’imagination
Faire danser nos sens sur les débris du monde
Nous énerver jusqu’à l’exaspération
Ou vautrer nos deux corps dans une fange immonde
Et liés l’un à l’autre en une étreinte unique
Nous pouvons défier la mort et son destin
Quand nos dents claqueront en claquement panique
Nous pouvons appeler soir ce qu’on dit matin
Tu peux déifier ma volonté sauvage
Je peux me prosterner comme vers un autel
Devant ta croupe qu’ensanglantera ma rage
Nos amours resteront pures comme un beau ciel
Qu’importe qu’essoufflés muets bouches ouvertes
Ainsi que deux canons tombés de leur affût
Brisés de trop s’aimer nos corps restent inertes
Notre amour restera bien toujours ce qu’il fut
Ennoblissons mon cœur l’imagination
La pauvre humanité bien souvent n’en a guères
Le vice en tout cela n’est qu’une illusion
Qui ne trompe jamais que les âmes vulgaires
Nîmes, le 3 février 1915
Guillaume Appollinaire
La poésie nous apprend
La poésie nous apprend que la vérité est plurielle, glissante, que le sens se dérobe, qu’il est sans cesse à réinterpréter.
--- Esther Tellermann
Je crois que, comme l'acte érotique, le fait de lire
Je crois que, comme l'acte érotique, le fait de lire devrait être fondamentalement anonyme. Nous devrions pouvoir entrer dans un livre ou dans un lit de la même façon qu'Alice traverse la forêt du miroir, sans emporter avec nous les préjugés de notre passé et en abandonnant pour cet instant de communion nos harnachements sociaux. Que nous lisions ou que nous faisions l'amour, nous devrions être capables de nous perdre dans l'autre, en qui - j'emprunte à Saint-Jean cette image - nous sommes transformés : de lecteur en auteur en lecteur, d'amant en amant en amant. "Jouir de la lecture", disent les Français, qui ont le même mot pour signifier atteindre l'orgasme et prendre plaisir.
Alberto Manguel, Dans la forêt du miroir : Essai sur les mots et sur le monde
Hunt the Squirrel
Poésie et amour
Poésie et amour s’incarnent nécessairement dans un étrange corps étranger. Que savons de l’amour, que savons-nous du poème si ce n’est cet appel vers une aventure dont nous rêvons qu’elle sera unique ?
Monique Labidoire