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Vertuchou.over-blog.com

La caresse égarée

18 Février 2022, 01:44am

Publié par vertuchou

La caresse sans cause s’en va de mes doigts,
Elle s’en va de mes doigts… Dans le vent, en passant,  
la caresse qui erre sans destin et sans but,
la caresse égarée qui la recueillera ?

Je pus aimer ce soir d’une pitié infinie,
je pus aimer le premier qui vint à passer.
Personne n’arrive. Les sentiers fleuris sont seuls.
La caresse égarée roulera…, roulera…

Si l’on t’embrasse ce soir sur les yeux, voyageur,
si un doux soupir fait frissonner les branches,
si une petite main te presse les doigts
et te prend et te laisse, et arrive et s’en va.  

Si tu ne vois pas cette main, ni cette bouche qui t’embrasse,
si c’est l’air qui te laisse l’illusion du baiser,
ô, voyageur qui a le ciel dans les yeux,
fondue dans le vent, me reconnaîtras-tu ?

Alfonsina Storni

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La Joconde

17 Février 2022, 01:30am

Publié par vertuchou

rené Magritte, la Joconde, 1960

rené Magritte, la Joconde, 1960

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L’Atlantide

16 Février 2022, 01:29am

Publié par vertuchou

Quand le léger vaisseau, dans sa course rapide,
Tendant sa voile au vent, fuit sur l’onde limpide,
Et trace sur la mer un sillon lumineux,
Il semble que l’on voit sous le flot écumeux
Se dresser tout au fond de l’ancien Atlantique
Les palais d’une ville étrange et fantastique ;
Et sur l’onde ridée au souffle du zéphyr,
On entend murmurer, ainsi qu’un long soupir,
Celle qui dort ici sous la nappe liquide.
Comme dans son linceul : c’est la belle Atlantide.

Hélas ! ce lieu n’est plus qu’un immense tombeau.
Un vaste continent repose sous cette eau,
Presqu’ignoré de tous, englouti par les ondes ;
Nul bruit ne vient troubler ses retraites profondes,
Rien ne réveille plus les antiques cités.
De grands coraux ont crû dans les murs incrustés,
Et seuls de noirs requins viennent d’un air avide
Errer sous les palais de l’ancienne Atlantide.

Et pourtant cette ville eut ses jours de grandeur:
Avant de s’engloutir en cette profondeur,
Le grand Océan bleu venait mouiller ses plages,
Et les verts orangers ombrageant ses rivages
Inclinaient mollement leurs cimes sur les eaux,
Lorsqu’un zéphyr léger caressant leurs rameaux
Couvrait de leurs fruits d’or la rive verdoyante ;
Et plus loin vers les monts, magnifique, imposante,
On voyait se dresser la Ville aux grandes tours,
Avec ses hauts palais, pleins d’étranges contours,
Et le peuple joyeux dans la cité splendide,
Disait : « Vis à toujours ! éternelle Atlantide ».

Ils disaient : éternelle. -Ah ! ne savaient-ils pas,
Les pauvres malheureux, que tout passe ici-bas ?
Pensaient-ils retenir cette gloire éphémère ?
Un soir d’été pourtant ils sentirent la terre
Vaciller sous leurs pas. Puis un sourd grondement
Les frappa de terreur... Quand vint le jour naissant,
Tout avait disparu, rien que la mer immense.
... À l’horizon... partout, un horrible silence ;
Sur les vagues encor quelques tristes débris ;
Et comme un point perdu dans le vaste ciel gris,
Fuyait un Aigle noir, et son aile rapide
Effleurait les grands flots où dormait l’Atlantide.
Juin 1878

Alice de Chambrier

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La poésie c'est un état

15 Février 2022, 01:24am

Publié par vertuchou

La poésie c'est un état. Une sorte de vagabondage. J'avais trois ans, quand un soir, je suis sortie seule. Pour essayer de ramener le clair de lune dans le seau à champagne de mes parents. La poésie, c'est ça.

Claude de Burine

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Rien que...

14 Février 2022, 01:43am

Publié par vertuchou

Rien que le goût d’habiter nus
Dans la maison légère de l’odeur

Rien que deux folies au secret
Faisant crier la douceur de la greffe

Rien que ce goût de sel aux bouches
Deux chairs cognées par un seul bruit de cœur

Rien que mordre à l’un mordre à l’autre
Forts de l’instant qui va jusqu’à nos pieds

Rien que boire à l’un boire à l’autre
L’ombre est dedans on y ferme les yeux

Respirer rien que respirer
En voyageant par le calme du lit.

Ludovic Janvier

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Mad About the Boy

13 Février 2022, 07:28am

Publié par vertuchou

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Bacchante

12 Février 2022, 01:24am

Publié par vertuchou

J’aime invinciblement. J’aime implacablement.
Je sais qu’il est des cœurs de neige et de rosée ;
Moi, l’amour sous son pied me tient nue et brisée ;
Et je porte mes sens comme un mal infamant.
Ma bouche est détendue, et mes hanches sont mûres ;
Mes seins un peu tombants ont la lourdeur d’un fruit ;
Comme l’impur miroir d’un restaurant de nuit,
Mon corps est tout rayé d’ardentes meurtrissures.
Telle et plus âpre ainsi, je dompte le troupeau.
Les reins cambrés, je vais plus que jamais puissante ;
Car je n’ai qu’à pencher ma nuque pour qu’on sente
L’odeur de tout l’amour incrusté dans ma peau.

Albert Samain

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Je touche tes lèvres

11 Février 2022, 01:17am

Publié par vertuchou

Je touche tes lèvres, je touche d’un doigt le bord de tes lèvres, je dessine ta bouche comme si elle naissait de ma main, comme si elle s’entrouvrait pour la première fois, et il me suffit de fermer les yeux pour tout défaire et tout recommencer, je fais naître chaque fois la bouche que je désire, la bouche que ma main choisit et qu’elle dessine sur ton visage, une bouche choisie entre toutes, choisie par moi avec une souveraine liberté pour la dessiner de ma main sur ton visage et qui, par un hasard que je ne cherche pas à comprendre, coïncide exactement avec ta bouche qui sourit sous la bouche que ma main te dessine.

Julio Cortázar, Marelle

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A l'aube du buisson

10 Février 2022, 01:10am

Publié par vertuchou

A l'aube du buisson
On peut voir se lever
La flamme d'un oiseau

La lumière se poser
Dans la main des feuilles

Le silence à genoux
Et les heures offertes
Comme des fruits sucrés

On peut voir bien des choses
A l'aube du buisson.

Jean-Pierre Siméon

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Nu face à la mer

9 Février 2022, 01:07am

Publié par vertuchou

Andreas Feininger, Nu face à la mer, 1933.

Andreas Feininger, Nu face à la mer, 1933.

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