Coups de cœur
Tomber amoureux
Tomber amoureux est le phénomène le plus mystérieux de l'univers.
Ceux qui aiment au premier regard vivent l’inexplicable du miracle.
S'ils n'aimaient pas auparavant c'est parce qu'ils ignoraient l'existence de l'autre.
Un coup de foudre est le plus gigantesque défi à la raison.
Amélie Nothomb
Tu es tombé
Tu es tombé dessus par hasard
un jour
Dans mes pensées
et tu es tombé dedans
maintenant tu y vis
peut-être par hasard
ou peut-être par amour
Elisabetta Barbara De Sanctis
Goldberg Variations (aria)
Satan dans la nuit
L'enfer, c'est l'absence éternelle.
C'est d'aimer. C'est de dire : Hélas ! où donc est-elle
Ma lumière ? Où donc est ma vie et ma clarté ?
Elle livre aux regards éperdus sa beauté ;
Elle sourit là-haut à d'autres ; d'autres baisent
Ses yeux, et dans son sein s'enivrent et s'apaisent ;
D'autres l'ont. Désespoir !
Oh ! quand je fus jeté
Du haut de la splendeur dans cette cécité,
Après l'écroulement de l'ombre sur ma tête,
Après la chute, nu, précipité du faîte
A jamais, à la tombe inexorable uni,
Quand je me trouvai seul au bas de l'infini,
J'eus un moment si noir que je me mis à rire ;
La vaste obscurité m'emplit de son délire ;
Je sentis dans mon coeur, où mourait Dieu détruit,
La plénitude étrange et fauve de la nuit,
Et je criai, joyeux, triomphant, implacable :
" Guerre à ces firmaments dont la lumière accable !
Guerre à ce ciel où Dieu met tant de faux attraits !
Il a cru m'en chasser, c'est moi qui m'y soustrais.
Il me croit prisonnier, je suis libre. Je plane.
Et le démon, c'est l'aigle, et le monde, c'est l'âne.
Et je ris. Je suis fier et content. J'ai quitté
Les anges vains, abjects, vils, et toi, la clarté
Qui les corromps, et toi, l'amour, qui les subornes !
Quel bonheur que la haine alors qu'elle est sans bornes !
Ce Dieu, ce cœur de Tout, ce père lumineux
Que l'ange, l'astre, l'homme, et la bête, ont en eux,
Ce centre autour duquel le troupeau se resserre,
Cet être, seul vivant, seul vrai, seul nécessaire,
Je vais m'en passer, moi le colosse puni !
C'est bien. Comme je vais maudire ce béni,
Et faire contre lui, tandis qu'Adam l'encense,
De la révolte avec mon ancienne puissance
Et de la flamme avec les rayons que j'avais !
Comme je vais rugir sur lui ! Comme je vais,
Moi, l'affreux, face à face avec lui le suprême,
Le haïr, l'exécrer et l'abhorrer ! "
Je l'aime !
Victor Hugo
Les rêves du poète
Les rêves du poète se réalisent toujours pour la simple raison qu'ils ne sont pas des rêves mais de clairs regards jetés sur la réalité du monde.
Roch Carrier
Comment ma joie
Comment ma joie
comment ma peine
changent-elles le monde ?
Germain Roesz
Psaume de David
Amour, adieu
Amour, adieu, je prends congé de toi
Amour, adieu, je m'en vais, je te laisse,
Je ne veux plus aimer cette maîtresse
Qui m'a tenu si longtemps en émoi.
Je ne veux plus la voir rire de moi,
S'éjouissant de me voir en tristesse.
Ni son bel oeil, qui m'oeillade sans cesse,
Ni de sa bouche une parjure foi,
Ni sa beauté, de moi tant admirée,
Ni de ses yeux une flèche tirée,
Ne me vaincront pour me rendre encor sien.
Adieu donc, l'oeil, adieu doncques, la bouche,
Adieu, beauté, adieu, flèche sans touche,
Cruelle, adieu, car je ne suis plus tien.
Pierre De Brach
Sa vie se lisait
Sa vie se lisait sur sa peau et il la trouvait belle. Les hommes qui prétendent aimer la jeunesse ne font que s'aimer eux-mêmes, songea-t-il. Lui n'éprouvait pas le besoin de projeter l'encre de ses fantasmes sur la page blanche de femmes en devenir. Un être malléable ne lui inspirait pas de désir : c'était conquérir du vide. Il préférait les femmes que la vie avait polies et marquées, celles dont on touche, comme sur un livre en braille, les humiliations et les plaisirs au coin de la bouche et des yeux.
Adélaïde de Clermont-Tonnerre, Fourrure