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Familiar

31 Mai 2025, 00:04am

Publié par vertuchou

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Elle

30 Mai 2025, 00:15am

Publié par vertuchou

Toute entière et dans tout elle est blonde aux yeux bleus,
Ma proie!
Elle est blonde et docile à mon geste orgueilleux
Et pleine de douceur même au coeur de la joie.

Sous ma bouche salée encore par la mer,
Sa bouche
Est humide et glissante comme de l'eau douce,
Et telle est la blessure intime de sa chair.

Mais je ferme, par peur qu'elle ne soit mon rêve,
Les yeux,
Car si fort la prendraient mes bras impérieux
Que je la briserais du coup contre mes lèvres...

Lucie Delarue-Mardrus

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Le poète est la conscience

29 Mai 2025, 00:29am

Publié par vertuchou

Le poète est la conscience des mots, 

c’est à dire la nostalgie devant la vraie réalité des choses. 

Octavio Paz

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La poésie

29 Mai 2025, 00:01am

Publié par vertuchou

La poésie est si essentiellement musicale qu’il n’y a pas de si belle pensée devant laquelle le poète ne recule si sa mélodie ne s’y trouve pas.

Alfred de Musset

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Au bord de la mer

28 Mai 2025, 00:21am

Publié par vertuchou

Vois, ce spectacle est beau. Ce paysage immense
Qui toujours devant nous finit et recommence ;
Ces blés, ces eaux, ces prés, ce bois charmant aux yeux ;
Ce chaume où l'on entend rire un groupe joyeux ;
L'océan qui s'ajoute à la plaine où nous sommes ;
Ce golfe, fait par Dieu, puis refait par les hommes,
Montrant la double main empreinte en ses contours,
Et des amas de rocs sous des monceaux de tours ;
Ces landes, ces forêts, ces crêtes déchirées ;
Ces antres à fleur d'eau qui boivent les marées ;
Cette montagne, au front de nuages couvert,
Qui dans un de ses plis porte un beau vallon vert,
Comme un enfant des fleurs dans un pan de sa robe ;
La ville que la brume à demi nous dérobe,
Avec ses mille toits bourdonnants et pressés ;
Ce bruit de pas sans nombre et de rameaux froissés,
De voix et de chansons qui par moments s'élève ;
Ces lames que la mer amincit sur la grève,
Où les longs cheveux verts des sombres goémons
Tremblent dans l'eau moirée avec l'ombre des monts ;
Cet oiseau qui voyage et cet oiseau qui joue ;
Ici cette charrue, et là-bas cette proue,
Traçant en même temps chacune leur sillon ;
Ces arbres et ces mâts, jouets de l'aquilon ;
Et là-bas, par-delà les collines lointaines,
Ces horizons remplis de formes incertaines ;
Tout ce que nous voyons, brumeux ou transparent,
Flottant dans les clartés, dans les ombres errant,
Fuyant, debout, penché, fourmillant, solitaire,
Vagues, rochers, gazons, - regarde, c'est la terre !

Et là-haut, sur ton front, ces nuages si beaux
Où pend et se déchire une pourpre en lambeaux ;
Cet azur, qui ce soir sera l'ombre infinie ;
Cet espace qu'emplit l'éternelle harmonie ;
Ce merveilleux soleil, ce soleil radieux
Si puissant à changer toute forme à nos yeux
Que parfois, transformant en métaux les bruines,
On ne voit plus dans l'air que splendides ruines,
Entassements confus, amas étincelants
De cuivres et d'airains l'un sur l'autre croulants,
Cuirasses, boucliers, armures dénouées,
Et caparaçons d'or aux croupes des nuées ;
L'éther, cet océan si liquide et si bleu,
Sans rivage et sans fond, sans borne et sans milieu,
Que l'oscillation de toute haleine agite,
Où tout ce qui respire, ou remue, ou gravite,
A sa vague et son flot, à d'autres flots uni,
Où passent à la fois, mêlés dans l'infini,
Air tiède et vents glacés, aubes et crépuscules,
Bises d'hiver, ardeur des chaudes canicules,
Les parfums de la fleur et ceux de l'encensoir,
Les astres scintillant sur la robe du soir,
Et les brumes de gaze, et la douteuse étoile,
Paillette qui se perd dans les plis noirs du voile,
La clameur des soldats qu'enivre le tambour,
Le froissement du nid qui tressaille d'amour,
Les souffles, les échos, les brouillards, les fumées,
Mille choses que l'homme encor n'a pas nommées,
Les flots de la lumière et les ondes du bruit,
Tout ce qu'on voit le jour, tout ce qu'on sent la nuit ;
Eh bien ! nuage, azur, espace, éther, abîmes,
Ce fluide océan, ces régions sublimes
Toutes pleines de feux, de lueurs, de rayons,
Où l'âme emporte l'homme, où tous deux nous fuyons,
Où volent sur nos fronts, selon des lois profondes,

Près de nous les oiseaux et loin de nous les mondes,
Cet ensemble ineffable, immense, universel,
Formidable et charmant, contemple, c'est le ciel !

Oh oui ! la terre est belle et le ciel est superbe ;
Mais quand ton sein palpite et quand ton oeil reluit,
Quand ton pas gracieux court si léger sur l'herbe
Que le bruit d'une lyre est moins doux que son bruit ;

Lorsque ton frais sourire, aurore de ton âme,
Se lève rayonnant sur moi qu'il rajeunit,
Et de ta bouche rose, où naît sa douce flamme,
Monte jusqu'à ton front comme l'aube au zénith ;

Quand, parfois, sans te voir, ta jeune voix m'arrive,
Disant des mots confus qui m'échappent souvent,
Bruit d'une eau qui se perd sous l'ombre de sa rive
Chanson d'oiseau caché qu'on écoute en rêvant ;

Lorsque ma poésie, insultée et proscrite,
Sur ta tête un moment se repose en chemin ;
Quand ma pensée en deuil sous la tienne s'abrite,
Comme un flambeau de nuit sous une blanche main ;

Quand nous nous asseyons tous deux dans la vallée ;
Quand ton âme, soudain apparue en tes yeux,
Contemple avec les pleurs d'une soeur exilée,
Quelque vertu sur terre ou quelque étoile aux cieux ;

Quand brille sous tes cils, comme un feu sous les branches,
Ton beau regard, terni par de longues douleurs ;
Quand sous les maux passés tout à coup tu te penches,
Que tu veux me sourire et qu'il te vient des pleurs ;

Quand mon corps et ma vie à ton souffle résonnent,
Comme un tremblant clavier qui vibre à tout moment ;
Quand tes doigts, se posant sur mes doigts qui frissonnent,
Font chanter dans mon coeur un céleste instrument ;

Lorsque je te contemple, ô mon charme suprême !
Quand ta noble nature, épanouie aux yeux,
Comme l'ardent buisson qui contenait Dieu même,
Ouvre toutes ses fleurs et jette tous ses feux ;

Ce qui sort à la fois de tant de douces choses,
Ce qui de ta beauté s'exhale nuit et jour,
Comme un parfum formé du souffle de cent roses,
C'est bien plus que la terre et le ciel, c'est l'amour !

Victor Hugo

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Brouillard

27 Mai 2025, 03:07am

Publié par vertuchou

Caspar David Friedrich : Brouillard, 1807.

Caspar David Friedrich : Brouillard, 1807.

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Toucher la Lumière

26 Mai 2025, 00:53am

Publié par vertuchou

Par une nuit de pleine lune
essaye de fixer la galaxie
Tu verras qu’elle est cours d’eau
avec tes bras pour affluents
ta poitrine pour estuaire

Aujourd’hui le ciel a écrit son poème
à l’encre blanche
Il l’a appelé neige

Ton rêve rajeunit tandis que tu vieillis
Le rêve grandit en marchant
vers l’enfance

Le rêve est une jument
qui au loin nous emporte
sans jamais se déplacer

Le nuage est las de voyager
Il descend à la plus proche rivière
pour laver sa chemise
A peine a-t-il mis les pieds dans l’eau
que la chemise se dissout
et disparaît

Une rose sort de son lit
prend les mains du matin
pour se frotter les yeux

Le palmier parle avec son tronc
la rose avec son odeur

Le vent et l’espace vagabondent
main dans la main

Arc-en-ciel ?
Unité du ciel et de la terre
tressés en une seule corde

Il marche sur les versants de l’automne
appuyé au bras du printemps

Le ciel pleure lui aussi
mais il essuie ses larmes
avec le foulard de l’horizon

Quand vient la fatigue
le vent déroule le tapis de l’espace
afin de s’y allonger

Dans la forêt de mes jours
aucune place
sauf pour le vent

Pour toucher la lumière
tu dois t’appuyer sur ton ombre

Je sens parfois que le vent
est un enfant qui crie
porté sur mes épaules

Comment décrire à l’arbre
le goût de son fruit ?
A l’arc
le travail de la corde ?

Telle une main
la lumière se déplace
sur le corps des ténèbres

C’est l’épaule de l’espace
qui s’effondre là-bas
sous les nuages noirs

L’espace dans l’œil de la guillotine
est lui aussi tête à couper

Tu ne peux être lanterne
si tu ne portes la nuit
sur tes épaules

Je conclurai un pacte avec les nuages
pour libérer la pluie
Un autre avec le vent
pour qu’il nous libère
les nuages et moi

La parole est demeure dans l’exil
chemin dans la patrie

Qu’il est étrange ce pacte
entre les vagues et le rivage –
le rivage écrit le sable
les vagues effacent l’écriture

Mémoire – ton autre demeure
où tu ne peux pénétrer
qu’avec un corps devenu
souvenir.    

Adonis
 

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Or, tout à coup

25 Mai 2025, 00:34am

Publié par vertuchou

Or, tout à coup, son attente indéterminée
avait pris la forme de Tatiana.
Tout à coup il y avait un bientôt à attendre,
un corps vers lequel tendre,
ce n’était plus une attente pour passer le temps,
vague, visqueuse,
non, c’était une attente vive, vertigineuse,
une attente nette, en trois mots :
samedi / Tatiana / Orsay,
une attente à construire et à ornementer.

Clémentine Beauvais,  Songe à la douceur.

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Le coeur qui bat

24 Mai 2025, 00:59am

Publié par vertuchou

Tu sais, je sais déjà
Le vent, les pièges
Et pourtant j'attends ça
Comme on attend la neige
Le cœur qui bat
Tu sais, je sais déjà
Les nuits inquiètent
Je veux m'inquiéter pour ça
Ses cheveux, sa silhouette
Son cœur qui bat
Tu sais, je sais déjà
La vie, les pleurs
Je veux pleurer pour ça
Je veux sentir
Mon cœur
Mon cœur qui bat

Vincent Delerm

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Je suis plus pauvre que jamais

22 Mai 2025, 01:59am

Publié par vertuchou

Je suis plus pauvre que jamais
   Et que personne ;
Mais j'ai ton cou gras, tes bras frais.
   Ta façon bonne
De faire l'amour, et le tour
   Leste et frivole,
Et la caresse, nuit et jour,
   De ta parole.

Je suis riche de tes beaux yeux.
   De ta poitrine,
Nid follement voluptueux,
   Couche ivoirine
Où mon désir, las d'autre part.
   Se ravigore
Et pour d'autres ébats repart
   Plus brave encore...

Sans doute tu ne m'aimes pas
   Comme je t'aime,
Je sais combien tu me trompes
   Jusqu'à l'extrême.
Que me fait, puisque je ne vis
   Qu'en ton essence,
Et que tu tiens mes sens ravis
   Sous ta puissance ?

Paul Verlaine

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