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Elle n'avait plus de voix

12 Février 2023, 02:01am

Publié par vertuchou

Elle n'avait plus de voix, elle était ses yeux, cela valait la peine d'être lui pour être regardé comme ça - l'humanité entière n'était-elle pas rachetée à la seule condition qu'une créature céleste ait, l'espace d'une minute, de tels yeux pour quelqu'un ?
Déjà il entrait dans son étreinte, et elle recevait son souffle, je vais te dire un grand secret, je t'attendais depuis tellement plus longtemps que mon temps de vie, tant de millénaires pour arriver jusqu'à toi, que tes mains se referment sur mon visage, je sais enfin pourquoi je respire, même si je ne respire plus en cette seconde, je vais te dire un grand secret, il est plus facile de mourir que de vivre, c'est pourquoi je vivrai pour toi, mon amour, car tous les vrais amoureux citent Aragon sans le savoir, ou en le sachant.

Amélie Nothomb, Biographie de la faim

 

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Oui, j’avais envie de ces vieillards 

31 Janvier 2023, 01:00am

Publié par vertuchou

Oui, j’avais envie de ces vieillards !
J’avais envie de les contempler dans leur nudité intime et humaine, dans leur pudeur, leur impudeur, leur fierté ou leur gêne, de les voir se déshabiller et, tombant le masque du vêtement, dévoiler sans complaisance la dense vérité de leur chair.
J’avais envie de savourer leur abandon, leur tassement, leur dérive, ou au contraire la force nerveuse qui les redressait, puissants et noueux comme des arbres tordus par le vent.
Emmanuelle Pol,  L'atelier de la chair

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Je pars à la découverte

23 Janvier 2023, 01:58am

Publié par vertuchou

Je pars à la découverte du corps de Gabriel, la pulpe des doigts, le pli derrière le genou, enserrer la malléole, avec fermeté, la garder pour soi, toucher la lisière entre le cou et la chevelure, la raie des fesses, la commissure des lèvres, l'intérieur des joues, la narine, l'aisselle, l'aréole du sein gauche, puis du sein droit, chaque couille, deviner là où la peau est la plus fine, la plus sensible. Je lui abandonne peu à peu mon corps, il en fait ce qu'il veut, je n'ai presque plus peur. Le sexe est un jeu sans fin, il connaît d'infinies variations d'être touchée, caressée, pénétrée. Il me propose d’infinies variations d'être touchée, caressée, pénétrée. Il me propose des règles nouvelles, j'accepte avec joie. J'atteins une destination qui m'était, avant lui, inconnue.

Colombe Schneck, La tendresse du crawl

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Une voix peut vous habiter

15 Janvier 2023, 01:55am

Publié par vertuchou

Une voix peut vous habiter, se loger au creux du ventre, en plein dans la poitrine, au bord de l'oreille, et harceler ce qui en vous est le besoin d'amour, l'attiser, le soulever comme le vent la mer.

Est-ce que j'aime une voix ?

Alice Ferney, La conversation amoureuse

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Elle n’avait jamais deviné

7 Janvier 2023, 01:53am

Publié par vertuchou

Elle n’avait jamais deviné, jamais soupçonné la transformation qui s’opérait lorsque deux corps se touchaient – comment les peaux cessaient d’être des peaux, les muscles d’être muscles, comment tout cela semblait se redresser et se mettre à chanter.

Julia Kerninon, Liv Maria

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Charlie était beau

30 Décembre 2022, 01:14am

Publié par vertuchou

Charlie était beau comme un prince. Il était grand et blond, avec de longs cheveux luisants et dorés que sa main rejetait en arrière, un teint pâle et limpide. il avait un ravissant nez droit et blanc, une bouche de fille ornée de lèvres pleines un peu entrouvertes, un menton saillant et fendu. Il portait le col de sa chemise déboutonné, et le bas de sa gorge éclatait de blancheur comme un perce-neige. Ses genoux aussi étaient très blancs. Judith pensait à lui nuit et jour. La nuit, elle imaginait qu'il était dans son lit à côté d'elle. Elle lui contait des histoires et chantait pour l'endormir ; il lui disait qu'il l'aimait plus que tout le monde, qu'il se marierait avec elle quand ils seraient grands tous les deux. Il s'endormait, un rayon de lune au front ; elle veillait sur lui jusqu'au matin.

Rosamond Lehmann, Poussière

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Il demeura tout seul

16 Décembre 2022, 01:11am

Publié par vertuchou

Il demeura tout seul parmi ces jeunes Suissesses laiteuses; leurs mollets ronds, d'une rondeur enthousiasmante, succulents et charnus, leurs nuques frisottées, leurs lèvres pulpeuses mirent ses avantages en révolution. Il ne savait plus où donner des yeux, tant toutes étaient belles, et tant elles l'étaient du bout de leurs orteils à la tête.
Il se calmait. Ces filles tout de même... Elles étaient d'une autre race, elles respiraient la santé, la jeunesse.

Jean Carrière, L'épervier de Maheux

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J'embrasse son clitoris,

8 Décembre 2022, 01:12am

Publié par vertuchou

J'embrasse son clitoris, encore humide après son bain ; les poils de son pubis sont trempés, comme des algues marines. Son sexe a le goût d'un coquillage d'un merveilleux coquil­lage, frais et salé.
Oh ! Mary ! mes doigts se font plus rapides. Elle se renverse en arrière sur mon lit, m'offrant son sexe, ouvert et mouillé, comme un camélia, comme des pétales de rose, comme du velours, du satin. Il est rose et tout neuf, comme si jamais personne ne l'avait touché.

Anaïs Nin, Les Petits Oiseaux

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Vingt-quatre heures

30 Novembre 2022, 01:20am

Publié par vertuchou

Vingt-quatre heures se sont à peine écoulées depuis cet événement que déjà l’amour m’abaisse et m’exalte tour à tour si bas et si haut que je me demande si j’ai vraiment aimé jusqu’ici. Et je vous aime avec un frisson si délicieusement pur que chaque fois que je me figure votre sourire, votre voix, votre regard tendre et moqueur il me semble que, dussé-je ne plus vous revoir en personne, votre chère apparition liée à mon cerveau m’accompagnera désormais sans cesse.

Lettre de Guillaume Apollinaire à Louise de Coligny-Châtillon, surnommée Lou, le 28 septembre 1914

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Son cou est saupoudré

20 Novembre 2022, 01:07am

Publié par vertuchou

Son cou est saupoudré de grains de beauté minuscules, constellation descendant jusqu’à ses seins. Je deviens l’astronome de sa peau, fourre mon nez dans ses étoiles. Sa bouche entrouverte me fait loucher, j’ai des bulles dans le sang et des éclairs entre les cuisses…
Je l’effleure de toutes mes forces, elle m’est fleur de toutes les siennes. De ses mains coule une douce électricité. 

Mathias Malzieu, La Mécanique du coeur

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