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Elle est nue de dos face à la fenêtre.

18 Novembre 2024, 01:45am

Publié par vertuchou

Elle est nue de dos face à la fenêtre. Les cheveux remontés en chignon. Dehors la lumière est vive. Si je devais la photographier à cet instant précis, je serais à contre-jour et elle, prise sous un effet de halo, ses fesses rondes et blanches ressortiraient sur la pellicule. Ce serait beau. Son bras gauche tient une serviette et laisse percer un triangle de couleur vive au cœur de sa peau brune. Je ne vois pas l’autre bras, juste sa main au niveau du cou qui tripote le lobe de son oreille. Elle a les jambes légèrement écartées. Elle m’entend ou me devine derrière elle

Cyrille Falisse, Seuls les fantômes.

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Sans fin se décrivant

10 Novembre 2024, 01:09am

Publié par vertuchou

Sans fin se décrivant. L'un l'autre. À l'un, l'autre. Disant la couleur des yeux. Le grain de la peau. La douceur du sein qui tient dans la main. La douceur de cette main. En ce moment même où elle en parle, elle la regarde. Je me regarde avec tes yeux.

Marguerite Duras, Le navire Night.

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Avec quel émoi Meaulnes se rappelait

2 Novembre 2024, 01:03am

Publié par vertuchou

Avec quel émoi Meaulnes se rappelait dans la suite cette minute où, sur le bord de l'étang, il avait eu très près du sien le visage désormais perdu de la jeune fille ! Il avait regardé ce profil si pur, de tous ses yeux, jusqu'à ce qu'ils fussent près de s'emplir de larmes. Et il se rappelait avoir vu, comme un secret délicat qu'elle lui eût confié, un peu de poudre restée sur sa joue...
A terre, tout s'arrangea comme dans un rêve. Tandis que les enfants couraient avec des cris de joie, que les groupes se formaient et s'éparpillaient à travers bois, Meaulnes s'avança dans une allée, où, dix pas devant lui, marchait la jeune fille. Il se trouva près d'elle sans avoir eu le temps de réfléchir :
« Vous êtes belle », dit-il simplement.

Alain-Fournier, Le grand Meaulnes.

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Elle lui apprit

28 Octobre 2024, 01:55am

Publié par vertuchou

Elle lui apprit à ne point prendre un plaisir sans en donner un lui-même en retour ; elle lui enseigna que chaque geste, chaque caresse, chaque attouchement, chaque regard devaient avoir une raison, et que les plus petites parties du corps avaient leurs secrets, dont la découverte était une joie pour celui qui savait la faire. Elle lui apprit qu'après chaque fête d'amour les amants ne devaient point se séparer sans s'être admirés l'un l'autre ; chacun devait emporter l'impression d'avoir été vaincu dans la même mesure qu'il avait vaincu lui-même : l'un ne devait pas faire naître chez l'autre ce désagréable sentiment de satiété dépassée et d'abandon, qui pût faire croire à un abus d'une part ou d'une autre.

Hermann Hesse, Siddhartha.

 

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Elle était arrivée un peu en retard

20 Octobre 2024, 01:52am

Publié par vertuchou

Elle était arrivée un peu en retard, il l'avait vue venir de loin, ils s'étaient serré la main avec la confusion et le plaisir, aussitôt il s'était mis à marcher, toujours dans la même direction, et elle à le suivre ). Je ne sais pas du tout où je vais ! dit-il. Et moi je vous suis aveuglément dit-elle. Ils rirent pour la première fois en même temps, et c'était simple de rire ! Ils sentirent comme le rire résumait et résolvait tout

Alice Ferney, La conversation amoureuse.

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Elle sait les manques

12 Octobre 2024, 01:50am

Publié par vertuchou

Elle sait les manques, les chemins à rebrousse jeunesse, les miroirs perfides, les carrefours, l’embuscade des sillons, tous les fléchissements. Elle sait les traîtrises d’automne, la lumière crue, la lumière nue qui appelle le corps par son âge. Elle sait l’inconfiance malgré la violence des désirs. Alors, elle voile la chute, protège l’intime, cherche la distance. Elle masque la peur, marche et sait qu’elle ne court plus. La cruauté naturelle ne laisse aucun doute, la route est plus courte. Pourtant, elle y boit toujours le soleil d’un trait. Encore son pas réunit l’eau et le galet. Doit-elle dire je quand elle parle d’elle ? A les voir se chercher, je me dis qu’il faut du temps pour joindre les deux bouts d’une femme.

Ile Eniger, L'inconfiance.

 

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Sa beauté, qui était très charnelle

12 Octobre 2024, 01:49am

Publié par vertuchou

Sa beauté, qui était très charnelle, non pas tant au sens d'une épaisseur bestiale, que de façon à vous communiquer une espèce de fanatisme de la chair, l'idée que le monde entier n'équivaut pas au renflement magnifique de deux seins et d'une croupe, et le besoin de se consumer pour attester cette valeur irrationnelle. »

Jules Romains,  Le dieu des corps.

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Ma nuit est comme un grand cœur qui bat

4 Octobre 2024, 01:30am

Publié par vertuchou

Il est trois heures trente du matin.
Ma nuit est sans lune.
Ma nuit a de grands yeux qui regardent fixement une lumière grise filtrer par les fenêtres.
Ma nuit pleure et l’oreiller devient humide et froid.
Ma nuit est longue et longue et longue et semble toujours s’étirer vers une fin incertaine.
Ma nuit me précipite dans ton absence.
Je te cherche, je cherche ton corps immense à côté de moi, ton souffle, ton odeur.
Ma nuit me répond : vide ; ma nuit me donne froid et solitude.
Je cherche un point de contact : ta peau. Où es-tu ? Où es-tu ?
Je me tourne dans tous les sens, l’oreiller humide, ma joue s’y colle, mes cheveux mouillés contre mes tempes.
Ce n’est pas possible que tu ne sois pas là.
Ma tête erre, mes pensées vont, viennent et s’écrasent, mon corps ne peut pas comprendre.
Mon corps te voudrait.
Mon corps, cet aléa mutilé, voudrait un moment s’oublier dans ta chaleur, mon corps appelle quelques heures de sérénité.

Ma nuit est un cœur en serpillière.
Ma nuit sait que j’aimerais te regarder, chaque courbe de ton corps, reconnaître ton visage et le caresser.
Ma nuit m’étouffe du manque de toi.
Ma nuit palpite d’amour, celui que j’essaie d’endiguer mais qui palpite dans la pénombre, dans chacune de mes fibres.
Ma nuit voudrait bien t’appeler mais elle n’a pas de voix.
Elle voudrait t’appeler pourtant et te trouver et se serrer contre toi un moment et oublier ce temps qui massacre.
Mon corps ne peut pas comprendre.
Il a autant besoin de toi que moi, peut-être qu’après tout lui et moi ne formons qu’un.
Mon corps a besoin de toi, souvent tu m’as presque guérie.
Ma nuit se creuse jusqu’à ne plus sentir la chair et le sentiment devient plus fort, plus aigu, dénué de la substance matérielle.
Ma nuit me brûle d’amour.
Il est quatre heures du matin.
Ma nuit m’épuise.
Elle sait bien que tu me manques et toute son obscurité ne suffit pas pour cacher cette évidence.
Cette évidence brille comme une lame dans le noir.
Ma nuit voudrait avoir des ailes qui voleraient jusqu’à toi, t’envelopperaient dans ton sommeil et te ramèneraient à moi.
Dans ton sommeil, tu me sentirais près de toi et tes bras m’enlaceraient sans que tu te réveilles.
Ma nuit ne porte pas conseil.
Ma nuit pense à toi, rêve éveillé.
Ma nuit s’attriste et s’égare.

Ma nuit accentue ma solitude, toutes mes solitudes.
Son silence n’entend que mes voix intérieures.
Ma nuit est longue et longue et longue.
Ma nuit aurait peur que le jour n’apparaisse jamais plus mais à la fois ma nuit craint son apparition, parce que le jour est un jour artificiel où chaque heure compte double et sans toi n’est plus vraiment vécue.
Ma nuit se demande si mon jour ne ressemble pas à ma nuit. Ce qui expliquerait pourquoi je redoute le jour aussi.
Ma nuit a envie de m’habiller et de me pousser dehors pour aller cherche mon homme.
Mais ma nuit sait que ce que l’on nomme folie, de tout ordre, sème-désordre, est interdit.
Ma nuit se demande ce qui n’est pas interdit.
Il n’est pas interdit de faire corps avec elle, ça, elle le sait. Mais elle s’offusque de voir une chair faire corps avec elle au fil de la désespérance. Une chair n’est pas faite pour épouser le néant.
Ma nuit t’aime de toute sa profondeur, et de ma profondeur elle résonne aussi.
Ma nuit se nourrit d’échos imaginaires. Elle, elle le peut. Moi. j’échoue.
Ma nuit m’observe. Son regard est lisse et se coule dans chaque chose.
Ma nuit voudrait que tu sois là pour se couler en toi aussi avec tendresse.

Ma nuit t’espère. Mon corps t’attend.
Ma nuit voudrait que tu reposes au creux de mon épaule et que je me repose au creux de la tienne.
Ma nuit voudrait être voyeur de ta jouissance et de la mienne, te voir et me voir trembler de plaisir.
Ma nuit voudrait voir nos regards et avoir nos regards chargés de désir.
Ma nuit voudrait tenir entre ses mains chaque spasme.
Ma nuit se ferait douce.
Ma nuit gémit en silence sa solitude au souvenir de toi.
Ma nuit est longue et longue et longue.
Elle perd la tête mais ne peut éloigner ton image de moi, ne peut engloutir mon désir.
Elle se meurt de ne pas te savoir là et me tue.
Ma nuit te cherche sans cesse.
Mon corps ne parvient pas à concevoir que quelques rues ou une quelconque géographie nous séparent.
Mon corps devient flou de douleur de ne pouvoir reconnaître au milieu de ma nuit ta silhouette ou ton ombre.
Mon corps voudrait t’embrasser dans ton sommeil.
Mon corps voudrait en pleine nuit dormir et dans ces ténèbres être réveillé parce que tu l’embrasserais.
Ma nuit ne connaît pas de rêve plus beau que celui-là.

Ma nuit hurle et déchire ses voiles, ma nuit se cogne à son propre silence, mais ton corps reste introuvable. Tu me manques tant. Et tes mots. Et ta couleur.

Le jour va bientôt se lever.

Frida Kahlo, Lettre à Diego Rivera (12 septembre 1939)

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C'est pas ma vie qui compte

26 Septembre 2024, 01:18am

Publié par vertuchou

C'est pas ma vie qui compte pour moi, c'est toi dans ma vie.

Tu le sais. Sans toi, je me fous de ce qui peut arriver.

Benoîte Groult, Les vaisseaux du coeur.

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Il y a deux sortes d'amour

18 Septembre 2024, 01:16am

Publié par vertuchou

Il y a deux sortes d'amour, celui de la conscience, de la raison, du quotidien et l'autre, I'amour fou, celui qui fait faire tout et n'importe quoi, celui qui vous pousse à tout plaquer, celui qui vous fait vivre en marge de la société, celui qui empêche de prêter attention aux regards des autres.

Nicolas Carteron, Elle était si jolie.
 

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