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Qu'est-ce qui fait que l'on s'éprend

8 Septembre 2020, 21:14pm

Publié par vertuchou

Qu'est-ce qui fait que l'on s'éprend, comme ça, au premier regard, sans jamais s'être vus avant ? Il y a des rencontres qui se font et d'autres, toutes les autres qui nous échappent, nous sommes tellement inattentifs... Parfois nous croisons quelqu'un, il suffit de quelques mots échangés, et nous savons que nous avons à vivre quelque chose d'essentiel ensemble. Mais il suffit d'un rien pour que ces choses là ne se passent pas et que chacun poursuive sa route de son côté.

Claudie Gallay, Les déferlantes

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Je te rencontre. Je me souviens de toi

31 Août 2020, 01:26am

Publié par vertuchou

Je te rencontre. Je me souviens de toi. Cette ville était faite à la taille de l'amour. Tu étais fait à la taille de mon corps même. Qui es-tu ? Tu me tues. J'avais faim. Faim d'infidélités, d'adultères, de mensonges et de mourir. Depuis toujours. Je me doutais bien qu'un jour tu me tomberais dessus. Je t'attendais dans une impatience sans borne, calme. Dévore-moi. Déforme-moi à ton image afin qu'aucun autre, après toi, ne comprenne plus du tout le pourquoi de tant de désir. Nous allons rester seuls, mon amour. La nuit ne va pas finir. Le jour ne se lèvera plus sur personne. Jamais. Jamais plus. Enfin. Tu me tues. Tu me fais du bien. Nous pleurerons le jour défunt avec conscience et bonne volonté. Nous n'aurons plus rien d'autre à faire, plus rien que pleurer le jour défunt. Du temps passera. Du temps seulement. Et du temps va venir. Du temps viendra. Où nous ne saurons plus du tout nommer ce qui nous unira. Le nom s'en effacera peu à peu de notre mémoire. Puis, il disparaîtra tout à fait.

Marguerite Duras, Hiroshima mon amour.

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Oleg comprend

23 Août 2020, 01:30am

Publié par vertuchou

Oleg comprend que l'amour peut être aussi cette tendresse qui protège, qui suspend la douleur, qui rend essentiel le reflet neigeux venant de la fenêtre jusqu'à cette main féminine dont les doigts frémissent dans le sommeil. Une certitude très simple : leur voyage avait pour destination cette ville assoupie, cette chambre donnant sur les grands arbres blancs, ce reflet bleuté de la nuit que ses lèvres effleurent sur la main de la femme.

Andreï Makine, Une femme aimée.

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Les lèvres de Jeanne-Sophie

23 Août 2020, 01:24am

Publié par vertuchou

Les lèvres de Jeanne-Sophie étaient mouillées à point. Elles avaient le goût des fromages au lait cru. Mes doigts les ont sillonnées de bas en haut et de haut en bas, en les massant, en les lissant. J’explorais un pays, j’effeuillais un monde. Sa texture me faisait frémir de la plante des pieds à la racine des cheveux. Puis mes doigts se sont saisis de son clitoris. Le clitoris de Jeanne-Sophie était un capital de tendresse. Son toucher me donnait la sensation qu’un autre corps chevauchait mon corps. C’était la planche-contact d’une rencontre soyeuse.

Nimrod - Le balcon sur l’Algérois

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Pour la première fois depuis bien longtemps je ferme les yeux

15 Août 2020, 01:21am

Publié par vertuchou

Pour la première fois depuis bien longtemps je ferme les yeux. Sur la paix de mon cœur.
Je n'ai plus à chercher mon chemin.
On ne peut pas m'empêcher de fermer les yeux si je suis heureux.
Un peu comme les portes ou les fenêtres des granges.
On les ferme une fois qu'elles sont pleines.
Tu es en moi comme une provision merveilleuse.
Bien sûr je te ferai mal.
Bien sûr tu me feras mal.
Bien sûr nous aurons mal.
Mais ça, c'est la condition de l'existence.
Se faire printemps, c'est prendre le risque de l'hiver.
Se faire présent, c'est prendre le risque de l'absence...
... Et moi, c'est à mon risque de peine que je connais ma joie.

Antoine de Saint-Exupéry, Lettre à Nathalie Paley, 1942

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Ils marchèrent côte à côte

7 Août 2020, 14:29pm

Publié par vertuchou

 Ils marchèrent côte à côte, lentement. Plantin n'était pas pressé de la perdre, adoptait un pas de flâneur des deux rives. Elle balançait, heureuse, un petit sac à main noir. Oui, elle était heureuse, épanouie, jeune et vive. Elle devait avoir vingt-cinq ans, ou vingt-six. Elle était même un peu plus grande que lui. Il est vrai qu'elle était anglaise. Henri n'avait jamais parlé à une Anglaise.

René Fallet, Paris au mois d’août.

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Elle n’osait pas retirer sa main

27 Juillet 2020, 01:29am

Publié par vertuchou

Elle n’osait pas retirer sa main. Elle ne le voulait pas. Sa main était dans la douceur, le vertige, et la béatitude. Sa main était dans la complicité et la chaleur d’un homme. Sa main brisait toute difficulté d’être. Son poignet lui chuchotait des secrets, et elle entendait bien ce chuchotis : tout ce qui touchait à cet homme était érotique.

Alice Ferney, La conversation amoureuse

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Je suis la dangereuse et la très douce...

19 Juillet 2020, 01:26am

Publié par vertuchou

Je suis la dangereuse et la très douce. Celle qui tourbillonne mais ne change jamais. Je suis la puissance et l’innocence, la tempête et l’embellie. Le printemps tenace et le sang sur la neige. L’amante aux gestes lents, aux yeux plein de lumière. Celle que l’on révère et celle que l’on brûle comme sorcière. La clémente et la très lointaine. Celle qui murmure des secrets.

Je bouscule tous vos plans d’un grand rire, j’éparpille vos lois, et en tremblant je vous offre une rose. Je suis la nostalgie au fond de votre cœur. Je vous attends depuis l’aube du monde, je veille sur chaque heure de votre sommeil. C’est mon sourire qui vous a portés jusqu’à ce jour et qui vous fait croire en la vie. Je suis votre destin, je fais tourner la roue.

Je suis la femme. Une brise de rien du tout sur l’océan de vivre. Un grand tracas d’amour qui monte jusqu’aux étoiles.

Jacqueline Kelen,  Les femmes éternelles

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Bientôt nous nous saurons sur le bout des doigts

11 Juillet 2020, 01:43am

Publié par vertuchou

Bientôt nous nous saurons sur le bout des doigts, nos bouches n'auront pas de place pour les mots et ce sera un voyage, une galope à travers les plaines, nous irons vers l'ouest, loin de ces terres grises qui nous enfouissent. Je caresserai tes mains, chaque doigt le fêterai doucement, et ton visage aussi, ta bouche. Tu riras et j'embrasserai tes yeux, ta langue et ta queue, j'embrasserai chacun de tes souffles, tes mots et ton odeurs, mais je n'embrasserai pas ton cour, ne t'inquiète pas, je ne le frôlerai pas. Trop peur qu'il file comme un chat.

Isabelle Monnin, Les Gens dans l'enveloppe

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Nos deux corps se parlaient en braille

3 Juillet 2020, 01:56am

Publié par vertuchou

Nos deux corps se parlaient en braille, les yeux au bout des doigts,

nous savions lire dans toutes les langues.

Louise Auger, Le dernier hiver

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