Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Vertuchou.over-blog.com

emois

Un homme et une femme devisent

3 Mai 2018, 02:18am

Publié par vertuchou

Un homme et une femme devisent. Derrière leurs propos anodins ce sont peut-être des mots de désir et d’amour qui passent. Ils le devinent, mais tremblent encore de se l’avouer. Pour exprimer la délicatesse des émotions qui le traversent, lui, le jeune homme commence à réciter quatre vers d’un poème. Je crois me rappeler qu’il s’agit du Pont Mirabeau… Mais peu importe ! Il s’arrête. Elle, la jeune femme, poursuit en récitant les quatre vers suivants.

    Silence.

Très proches, accoudés tous deux sur le bord d’une cheminée, les yeux dans les yeux, aussi spontanément que doucement, ils prononcent en duo les quatre derniers vers du poème.

    Silence.

Bouleversé, il murmure dans le souffle d’une caresse : « Nous avons été Un pendant un instant ». Elle répond brisant le sortilège : « Non, nous avons été seuls ensemble, ce n’est pas la même chose ».

Françoise Bétourné, L’amour est toujours réciproque dans la sphère d’aimance

Voir les commentaires

Ma nuit t’espère

25 Avril 2018, 02:01am

Publié par vertuchou

...

Ma nuit t’espère.
Mon corps t’attend.
Ma nuit voudrait que tu reposes au creux de mon épaule et que je me repose au creux de la tienne.
Ma nuit voudrait être voyeur de ta jouissance et de la mienne, te voir et me voir trembler de plaisir.
Ma nuit voudrait voir nos regards et avoir nos regards chargés de désir.
Ma nuit voudrait tenir entre ses mains chaque spasme.
Ma nuit se ferait douce."

Lettre de Frida Kahlo à Diégo Rivera, 12 septembre 1939

Voir les commentaires

Votre voix me manque

13 Avril 2018, 02:20am

Publié par vertuchou

Votre voix me manque. Oui je sais bien que je ne l’ai jamais entendue, votre voix, pas plus que je n’ai vu votre visage. Quand je dis votre voix, je veux dire votre façon de me parler. Et aussi votre façon de me faire parler, de me donner envie de vous parler. Voilà : notre complicité me manque. Nous me manquons.

Anne-Laure Bondoux, Jean-Calude Mourlevat,  Et je danse, aussi

Voir les commentaires

Comme je t'aime, mon cher amour

5 Avril 2018, 02:52am

Publié par vertuchou

Comme je t'aime, mon cher amour ! Je ne puis élaguer de mon esprit ton image chérie

et sans cesse ton nom est sur mes lèvres. Tu m'as prise toute entière par tes caresses,

par tes baisers et désormais je suis à toi, rien qu'à toi, le sais-tu ?

Tu as emporté tout mon cœur avec toi. Que n'as-tu aussi emporté tout mon corps ?

Pourquoi faut-il que de nouveau je sois privée de cet amour qui fait ma joie ?

Mademoiselle S.  Lettres d'amour 1928-1930

Voir les commentaires

Le miracle de cette nuit

28 Mars 2018, 02:58am

Publié par vertuchou

Le miracle de cette nuit, c'est que tu m'as rendue belle. Tes mains m'ont redessinée,

ta bouche m'a parée. Dans la pénombre j'ai ouvert les yeux et je nous ai vus,

resplendissant chacun de la présence de l'autre...


Françoise Rey, Remo Forlani, En toutes lettres

Voir les commentaires

Je t'ai vu, et tout a disparu

20 Mars 2018, 02:46am

Publié par vertuchou

Je t'ai vu, et tout a disparu ; je t'ai vu, et ton image seule est restée là, devant mes yeux.

Dès lors, plus d'autres plaisirs ; mon bonheur, mon orgueil, ma vie, tout s'est confondu,

anéanti dans le désir de te plaire et le besoin de t'aimer ; mais aussi quelle source

inépuisable de félicité, et comme elle rend froids et insipides tous les plaisirs

que l'on goûte sans elle !


Constance de Theis, Vingt-quatre heures d'une femme sensible

Voir les commentaires

Elle ne le regarde pas au visage

12 Mars 2018, 02:36am

Publié par vertuchou

Elle ne le regarde pas au visage. Elle ne le regarde pas. Elle le touche. Elle touche la douceur du sexe, de la peau, elle caresse la couleur dorée, l‘inconnue nouveauté. Il gémit, il pleure. Il est dans un amour abominable.
En pleurant, il le fait. D‘abord il y a la douleur. Et puis après cette douleur est prise à son tour, elle est changée, lentement arrachée, emportée vers la jouissance, embrassée à elle.


Marguerite Duras, L'Amant

Voir les commentaires

Selon les règles du jeu

28 Février 2018, 02:37am

Publié par vertuchou

Selon les règles du jeu il s'allonge contre elle et presse la bouche
contre son front, ses paupières, ses joues, son cou, ses épaules.
Ses épaules son cou ses paupières.
Peau brûlante goût de sel résistance de la chair dès que les lèvres s'y appuient
odeur Vermeille goût de soleil goût de raisins de serre il ne respire plus
ses propres mains ses reins ses jambes sont glacés les battements de son cœur
se développent de plus en plus fort de plus en plus rapprochés irradiant sa gorge
comme si une course une fuite blessée le soulevait du sol et le laissait retomber
plus lourdement à chaque foulée il fuit bien qu'il ne bouge pas ne l'embrasse même plus
reste simplement serré contre elle poursuivi par le goût de raisins de sa chair
et le faible parfum d'amandes de ses cheveux.

Jean-René Huguenin, La Côte sauvage

Voir les commentaires

Mes doigts sentent la chaleur

20 Février 2018, 02:10am

Publié par vertuchou

[...] Mes doigts sentent la chaleur sur sa peau tannée. Le sel y a laissé des scarifications
d'un blanc sale. Nous quittons la plage. Nous marchons sur la Promenade des Anglais.
Un mètre à peine nous sépare. Plus loin, alors que nous sommes en face du Negresco,
sa main  prend mon coude; il me fait traverser, comme si j'étais aveugle.
J'aime ce vertige. Je ferme les yeux longtemps, je suis toute à sa volonté.
Nous entrons dans l'hôtel. Mon cœur s'emballe. Je perds la raison.
Qu'est-ce qui me prend ? Vais-je coucher avec un inconnu ? Je suis folle.

Grégoire Delacourt, La liste de mes envies

Voir les commentaires

Lorsqu'elle parut

8 Février 2018, 02:27am

Publié par vertuchou

Lorsqu'elle parut à mes yeux sans aucun vêtement, je ne vis pas sur son corps la moindre tache. Quelles épaules ! quels bras je pus voir et toucher ! Quelle gorge parfaite il me fut donné de presser ! Sous cette poitrine sans défaut, quelle peau blanche et douce ! Quelle taille divine ! Quelle fraîcheur de jeunesse dans cette jambe ! Mais pourquoi m'arrêter sur chacun de ses appas ? Je ne vis rien qui ne méritât d'être loué ; et nul voile jaloux ne resta entre son beau corps et le mien. Est-il besoin que je dise le reste ? Épuisés de fatigue, nous nous endormîmes dans les bras l'un de l'autre. Oh ! puissé-je souvent faire ainsi ma méridienne !

Ovide, Les amours, 1, Elégie V

Voir les commentaires

<< < 10 20 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 > >>