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Je suis toute pénétrée de ce bonheur

7 Juillet 2013, 05:48am

Publié par vertuchou

Je suis toute pénétrée de ce bonheur que j’ai de vous avoir - rien d’autre ne compte.
Je vous ai, petit tout précieux, petit bien-aimé - aussi bien aujourd’hui
qu’avant-hier quand je vous voyais et je vous aurai jusqu’à votre mort
- après ça, rien vraiment n’a d’importance de tout ce qui peut m’arriver.
Je suis non seulement pas triste, mais même profondément heureuse et assurée -
même les plus tendres souvenirs de tous vos chers visages et de vos petits bras
en corbeille le matin autour de l’oreiller ne me sont pas douloureux.
Je me sens tout enveloppée et soutenue par votre amour.

Lettre de Simone de Beauvoir à Jean Paul Sartre
 

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Je ne puis me taire plus longtemps

7 Juin 2013, 05:04am

Publié par vertuchou

Je ne puis me taire plus longtemps. Il faut que je vous écrive.

Vous me percez le cœur ! Ne me dites pas qu’il est trop tard !

Que ces précieux sentiments sont perdus pour toujours.


Je m’offre à vous avec un cœur qui vous appartient encore plus

que lorsque vous l’avez brisé il y a huit ans.

Ne dites pas que l’homme oublie plus tôt que la femme,

que son amour meurt plus vite.


Je n’ai jamais aimé que vous. Je puis avoir été injuste,

j’ai été faible et vindicatif,mais jamais inconstant.

C’est pour vous seule que je suis venu à Bath,

c’est à vous seule que je pense ;

ne l’avez-vous pas vu ? N’auriez-vous pas compris mes désirs ?


Je n’aurais pas attendu depuis dix jours, si j’avais connu vos sentiments

comme je crois que vous avez deviné les miens.

Je puis à peine écrire. J’entends des mots qui m’accablent.

Vous baissez la voix, mais j’entends les sons de cette voix

qui sont perdus pour les autres.

Trop bonne et trop parfaite créature ! Vous nous rendez justice, en vérité,

en croyant les hommes capables de constance.

 

Jane Austen, Persuasion, 1817

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Cris

7 Mai 2013, 05:45am

Publié par vertuchou

Laisse-moi t'aimer.
J'aime le goût de ton sang épais.
Je le garde longtemps dans ma bouche sans dents.
Son ardeur me brûle la gorge.
J'aime ta sueur.
J'aime caresser tes aisselles
Ruisselantes de joie.
Laisse-moi t'aimer
Laisse-moi lécher tes yeux fermés
Laisse-moi les percer avec ma langue pointue
Et remplir leur creux de ma salive triomphante.
Laisse-moi t'aveugler.

Tu veux mon ventre pour te nourrir
Tu veux mes cheveux pour te rassasier
Tu veux mes reins mes seins ma tête rasée
Tu veux que je meure lentement lentement.

Je frémis sous tes mains joyeuses.
Je bois le sang qui tombe de ta bouche en fente.
Le drap noir rampe sous nos jambes unies
Et tandis que tu mâches mon oreille détachée
Je chante ton nom et mes rêves écartés.

J'ai ouvert ta tête
Pour lire tes pensées.
J'ai croqué tes yeux
Pour goûter ta vue.
J'ai bu ton sang
Pour connaître ton désir
Et de ton corps frissonnant
J'ai fait mon aliment.

 

 Joyce Mansour

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Projetez vos envies,

7 Avril 2013, 05:26am

Publié par vertuchou

Projetez vos envies, elles glissent entre mes doigts, murmurez-les, mes lèvres s'entr'ouvrent,

aspirer votre air, goûter votre langue, vous embrasser goulûment, et déjà nos hanches,

et votre désir sous la toile, et mes cuisses autour de votre taille, et vos mains

sur mes fesses, et puis l'instant fragile, votre sexe dans le mien.
Mais nous resterons loin, et quand nous nous croiserons, à l'occasion,

si je garde les yeux baissés, n'allez point croire que je vous méprise.

C'est de l'impudeur de mon regard dont je me protège, de cette impatience

à vous toucher, de cette urgence de baiser qui embrase chaque instant partagé.

Mais regardez mes lèvres. Regardez mes doigts. Ils dessinent sur ma bouche

le tracé de votre langue, ma main qui serre mon bras ou enlace mon cou,

comme si c'était vous. Quand je serai seule, peut-être mes doigts mimeront

vos gestes, illusoire apaisement.
Après toutes les impudeurs, malgré tous les mots,

les soupirs et l'émoi, je reste cette femme qui rougit.


Nora Gaspard

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Lorsqu'elle trousse ma chemise

7 Mars 2013, 04:44am

Publié par vertuchou

Lorsqu'elle trousse ma chemise et met la main entre mes cuisses,

nous nous taisons l'une et l'autre. Lorsque ses doigts se remettent à bouger,

ce n'est plus qu'un simple frôlement : ils sont mouillés à présent,

ils glissent et, en glissant, comme ses lèvres qui se frottent aux miennes,

semblent se doter de vie et m'aspirer, hors des ténèbres et de ma forme naturelle.

Je croyais la désirer avant, mais le désir que je ressens maintenant est tellement grand,

tellement âpre que je crains qu'il ne reste à jamais inassouvi.

Il me semble qu'il ira toujours grossissant, de plus en plus effréné, à me rendre folle, à me tuer.

Pourtant le mouvement de sa main est toujours aussi lent. Elle murmure :
- Comme tu es douce ! Comme tu es chaude ! J'ai envie...
Sa main ralentit encore, en appuyant. Mon souffle reste un instant suspendu.

Elle hésite, mais presqu'aussitôt accentue à nouveau la pression de ses doigts.

 

Sarah Waters

Du bout des doigts / 2002

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Mes yeux furent tout à coup frappés

7 Février 2013, 05:36am

Publié par vertuchou

Mes yeux furent tout à coup frappés par de blanches épaules rebondies

sur lesquelles j'aurais voulu pouvoir me rouler, des épaules légèrement rosées

qui semblaient rougir comme si elles se trouvaient nues

pour la première fois, de pudiques épaules qui avaient une âme,

et dont la peau satinée éclatait à la lumière comme un tissu de soie.

Ces épaules étaient partagées par une raie,

le long de laquelle coula mon regard, plus hardi que ma main.


Honoré de  Balzac

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Nous éclatons de rire

7 Janvier 2013, 05:48am

Publié par vertuchou

Nous éclatons de rire. Nous nous allongeons ensemble et faisons l’amour,

doucement, tendrement, nous nageons en plein amour, et pour la première fois,

l’orgasme m’envahit par surprise, sans que j’y pense, presque paisiblement,

comme une aube qui se lève lentement, un lent épanouissement né de l’abandon,

de la décontraction, né du non-être.

Aucun effort pour l’atteindre. Tombant comme la pluie, noyant l’esprit et le faisant fleurir.

 

Anaïs Nin
Journal V / 1947-1955

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Je ne sais rien de votre peau

7 Novembre 2012, 05:10am

Publié par vertuchou

Je ne sais rien de votre peau, de votre odeur.
Laissez-moi vous explorer, vous effeuiller jusqu'à l'insupportable,

jusqu'à ne plus accepter d'être des mots écrits sur des coins de nappes en papier,

des pensées notées sur un carnet.
Vous méritez mieux que cela.
Vous êtes une étoile lointaine, pas trop j'espère, et je ne suis qu'un amant de papier.
Ne me brûlez pas... 

 

 Bernard Giraudeau

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C'est une décision difficile à prendre

7 Août 2012, 05:25am

Publié par vertuchou

C'est une décision difficile à prendre, s'il faut commencer une fille par le haut ou par le bas.

Avec Vida, franchement, je ne savais pas par où commencer. C'était vraiment un problème.
Quand elle se souleva un peu et, gauchement, plaça mon visage dans un petit réceptacle

qui était ses mains et qu'elle m'embrassa calmement (encore, et encore)

il fallut bien commencer quelque part.
Pendant tout ce temps, elle me regardait fixement. Ses yeux ne me quittaient pas des yeux,

comme si j'étais un terrain d'atterrissage.
Je changeai de réceptacle et c'est son visage alors qui devint une fleur entre mes mains.

Lentement, pendant que je l'embrassais, j'ai laissé mes mains dériver le long de son visage

puis plus bas encore, jusqu'au cou, jusqu'aux épaules.
Et je voyais l'avenir se chambarder dans sa tête tandis que j'arrivais à la lisière de ses seins.

Si vastes, d'un galbe si parfait sous son pull, que j'avais l'estomac perché

en haut d'un escabeau lorsque je les touchai pour la première fois.
Ses yeux ne me quittaient pas et je voyais dans ses yeux le reflet du geste

par lequel je touchais ses seins.

Ce fut comme un bref éclair bleu.

 

Richard Brautigan

L'Avortement / 1966

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Elle vit sa propre main

7 Juillet 2012, 05:45am

Publié par vertuchou

Elle vit sa propre main apparaître au-dessus de la petite colline

que formaient ses fesses qu’elle commença à caresser.

Son autre main glissait entre ses jambes et elle la voyait par-derrière dans le miroir.

De cette main, elle se caressait le sexe d’avant en arrière. Son majeur pénétra en elle

et elle le fit aller et venir. Elle eut soudain envie d’être prise des deux côtés à la fois

et de glisser son autre majeur entre ses fesses. En remuant d’avant en arrière,

elle sentait tour à tour les deux doigts comme cela lui arrivait parfois

lorsque Martinez et un ami la caressaient en même temps.

L’approche de l’orgasme l’excita, elle se mit à faire des gestes convulsifs,

comme pour attraper le dernier fruit d’une branche ;

tirant, tirant sur la branche pour faire éclater le tout en un orgasme sauvage,

qui l’envahit alors qu’elle se regardait dans la glace,

et voyait ses mains actives, et le miel briller, mouillant tout son sexe

et ses fesses, entre les jambes.


Anaïs Nin
Venus Erotica / 1940

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