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Lettre 1, 23 mai 1773

14 Octobre 2023, 01:56am

Publié par vertuchou

[…]  vous me manquez comme mon plaisir, et je crois que les âmes actives et sensibles y tiennent trop fortement ; ce n’est point l’idée de la longueur de votre absence qui m’afflige : car ma pensée n’en voit pas le terme ; c’est simplement le présent qui pèse sur mon âme, qui l’abat, qui l’attriste, et qui à peine lui laisse assez d’énergie pour désirer une meilleure disposition.

Julie Lespinasse, Lettre adressée au comte de Guibert.

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À présent, l’avenir

6 Octobre 2023, 01:54am

Publié par vertuchou

À présent, l’avenir n’appartient qu’à eux. Ils étaient corps à corps, leur âme en osmose et leurs peaux en fusion. Hannele, la tête sur le torse de Giovanni, écoutait sa calme respiration. Elle finit par fermer les yeux. Derrière les fins rideaux, un rayon de soleil vint réveiller les jeunes gens endormis.
 
Alyson Lascaux, L'enfant de la Seine

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Tu venais frapper à ma porte

28 Septembre 2023, 01:51am

Publié par vertuchou

Tu venais frapper à ma porte, me retenais. On passait la journée à s'inviter.
Tu as très vite appris mon corps. Les coins où il fallait s’attarder. Tu y mettais beaucoup de soin, de patience, tu prenais ton temps. Tu ne pensais qu’à mon plaisir. Après seulement au tien. Tu étais un amant fin, distingué. Un amant absolument parfait.
À présent, je peux te l'avouer, avec toi, j'ai presque tout appris de la sensualité. Avec toi, j'ai grandi

Virginie Carton, Restons bons amants.

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Mon credo est l’amour

20 Septembre 2023, 01:50am

Publié par vertuchou

Mon credo est l’amour et vous êtes mon seul dogme. Vous m’avez ravi à moi-même par une force à laquelle je ne résiste pas. Pourtant, avant de vous rencontrer, je savais résister. Et même après vous avoir vue, je me suis souvent efforcé de raisonner contre les raisons de mon amour. Je ne peux plus le faire. L’effort serait trop grand. Mon amour est égoïste. Je ne puis respirer sans vous.

A vous pour toujours,

John Keats

Lettre de John Keats à Fanny Brawne, mercredi 13 octobre 1819

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Tu es toute ma vie

12 Septembre 2023, 01:48am

Publié par vertuchou

Tu es toute ma vie et je veux vivre pour te revoir et pour t’aimer comme tu mérites de l’être, toi, la bénie, la seule élue entre toutes les femmes. Je ne t’ai pas rendue encore assez heureuse, je ne t’ai pas conquis encore tout ce que je veux que tu aies ; tu as été la si fidèle et si chère compagne des jours mauvais, des jours de lutte, des jours de peine, qu’il faut que tu goûtes toutes les revanches et tu les auras, ma Delphine adorée.

Lettre de Louis Pergaud à sa femme Delphine, le 2 février 1815

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Enfin ! J’ai besoin, j’ai soif

4 Septembre 2023, 01:30am

Publié par vertuchou

 Enfin ! J’ai besoin, j’ai soif de vous voir. Je crois que je donnerais le reste de ma vie pour vous parler un quart d’heure des choses les plus indifférentes.

Adieu, je vous quitte pour être plus avec vous, pour oser vous parler avec tout l’abandon, avec toute l’énergie de la passion qui me dévore.

Lettre de Stendhal à Métilde Dembovski, Varèse, le 16 novembre 1818

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Mes attentes ne sont pas des attentes

27 Août 2023, 08:56am

Publié par vertuchou

Mes attentes ne sont pas des attentes mais des flambées rebelles au seul bois d’exister. Des yeux clairs aux éclipses guerrières, des fruits de neige, une musique bohémienne, l’eau d’un secret. Et je ne suis pas sage. Je choisis l’or du ciel, son froissé audacieux, le propos rougissant de l’argile impudique, le jour qui n’a pas sens de jour mais de pain chaud, de feuillage mûr, de verdeur. Je choisis le voyage, l’enfiévré, l’inconnu, la soif qui roule sur les hanches, la mémoire rétive qui échappe à la loi et la maison lavande qui craque sous les doigts son parfum ivre et bleu. Et tes mains aériennes. Et je choisis septembre plus riche que l’été. Mes attentes ne sont pas des attentes, mais l’amour debout, à boire frais dans rien, dans tout, d’un trait, comme on écrit.

Ile Eniger

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Je le sais

19 Août 2023, 08:50am

Publié par vertuchou

 Je le sais quand Vittorio est entré en moi à tout jamais, quand la première fois il m’a embrassée j’ai senti mon corps m’abandonner et se retirer au profit d’un nouveau corps, le sien dans le mien. Cet homme est devenu mon sang.

Hélène Grémillon, La garçonnière.

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Loin de Füsun

11 Août 2023, 01:48am

Publié par vertuchou

Loin de Füsun, je perdais toute sérénité, le monde se transformait à mes yeux en une énigmatique charade. En voyant Füsun, j'avais l'impression que toutes les pièces du puzzle se remettaient instantanément en place et, me souvenant combien le monde était un endroit plein de sens et de beauté, je soufflais à nouveau

Orhan Pamuk, Le musée de l'innocence.

 

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Vous vous souvenez

3 Août 2023, 01:34am

Publié par vertuchou

Vous vous souvenez, monsieur Cendrars, du début de Sapho d’Alphonse Daudet, quand l’étudiant gravit quatre à quatre les six étages de son meublé une femme dans les bras et dépose son lourd fardeau, la femme masquée enlevée au bal de l’Opéra, dans son lit et s’abat sur elle haletant, à bout de souffle, le cœur battant douloureusement, à se rompre, prêt à éclater d’émotion, de hâte, d’impatience, de triomphe juvénile mais aussi d’épuisement et de fatigue physique vu l’effort fourni pour arriver au haut de ces escaliers sans fléchir, sans lâcher l’inconnue qui à chaque étage se faisait plus lourde, sans la laisser choir au dernier palier. C’est dans le même état d’agitation et de trouble, d’angoisse nerveuse, en sueur, le souffle coupé, le cœur me battant dans la gorge, que je me trouvais quand je déposai Sarah Bernhardt dans sa chambre, sauf que je la déposai debout au milieu de la pièce avec mille précautions tant la divine me paraissait fragile et qu’au lieu de me laisser tomber sur la femme célèbre, comme l’autre sur son inconnue, je n’en revenais pas de mon audace de m’être emparé de l’illustre tragédienne et que je me laissai tomber à genoux, rampant à ses pieds pour baiser avec dévotion l’ourlet de sa robe, cependant qu’un glaçon s’insinuait en moi et me perçait le cœur...

Blaise Cendrars, Le lotissement du ciel.

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