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Le visage clair de Daisy

2 Mai 2023, 01:47am

Publié par vertuchou

Le visage clair de Daisy se levait lentement vers lui, et il sentait son cœur battre de plus en plus vite. Il savait qu’au moment où il embrasserait cette jeune fille, au moment où ses rêves sublimes épouseraient ce souffle fragile, son esprit perdrait à jamais l’agilité miraculeuse de l’esprit de Dieu. Il avait alors attendu, écouté encore un moment la vibration du diapason qui venait de heurter une étoile, puis il l’avait embrassé, et à l’instant précis où ses lèvres touchaient les siennes, il avait senti qu’elle s’épanouissait comme une fleur à son contact, et l’incarnation s’était achevée.

F.Scott Fitzgerald, Gatsby le magnifique.

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Manhattan,1969

24 Avril 2023, 01:48am

Publié par vertuchou

Manhattan,1969

La première chose que je vis d'elle fut sa cheville, délicate,nerveuse, qu'enserrait la bride d'une sandale bleue. Je n'avais jamais été fétichiste avant ce jour de mai et si j'avais dû me concentrer sur une partie de l'anatomie féminine, j'aurais spontanément choisi les fesses, l'entrejambe, la gorge ou peut-être le visage, certainement pas les pieds. Je ne les remarquais que s'ils étaient moches ou mal tenus, ce qui n'arrivait pas souvent.

Adélaïde de Clermont-Tonnerre, Le dernier des nôtres.

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Je voudrais la tenir

16 Avril 2023, 01:47am

Publié par vertuchou

 Je voudrais la tenir, la tenir par l’esprit, loin des gestes de la joie, au-dessous des gestes de la joie. Je voudrais la fixer sans trouble, une ivresse sans bornes à laquelle rien ne répond. Je voudrais être arrêtée par aucun contour, aucun battement, aucune brûlure, aucune couleur. Plonger, oublier que je la regarde : la voir, la faire mieux que mienne la faire sienne. La révéler à elle-même.

Natalie Clifford Barney, L'Adultère ingénue.

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Bertrand était mon premier amant

8 Avril 2023, 01:46am

Publié par vertuchou

Bertrand était mon premier amant. C’était sur lui que j’avais connu le parfum de mon propre corps. C’est toujours sur le corps des autres qu’on découvre le sien, sa longueur, son odeur, d’abord avec méfiance, puis avec reconnaissance.

François Sagan, Un certain sourire.
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Il faut que tu m’embrasse debout

31 Mars 2023, 01:57am

Publié par vertuchou


 Il faut que tu m’embrasse debout, je suis certaine d’admirer ta façon d’être plus grand que moi.
Il faut que le ciel me tombe sur la bouche. Que j’en aie le souffle court. Que je te dise des choses absurdes et précipitées. Que j’aie ton odeur partout sur moi. Que tu m’enlaces par derrière pendant que je suis en train de faire quelque chose de très important comme chercher dans on sac le paquet de cigarettes de mon frère parce que tu veux fumer. Que je te dise cette chose idiote et réelle : « Ça commence aujourd’hui. » C’est émouvant de t’embrasser, tu ne peux pas le savoir mais je te le dis. D’où viens-tu Jude ?
De quelle histoire ? Pas n’importe laquelle pour qu’il y ait ça sur ton visage, ce regard qui veut vivre à toute force parce qu’il vient de loin et regrette ce qu’il a vu là-bas. On va bientôt arriver à Londres, on va s’inventer une vie à deux qui nous enverra si bien en l’air.
Viens, que je te tienne par la taille dans la rue. Là, tout près.
Pourquoi je te regarde comme ça ? Parce que j’ai une foutue envie que tu m’étouffes dans le couloir du train. Et que je n’en réchappe pas.

Arnaud Cathrine, Les vies de Luka.

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Je me penche sur toi

23 Mars 2023, 01:55am

Publié par vertuchou

Je me penche sur toi. T’embrasse. Tout autour, bien que nous soyons immobiles, la ville ressemble à un manège, un charivari électrique. Et c’est bon de penser que les passants nous voient, que nous nous moquons de leur jugement. Ils sont innombrables, mais nous sommes seuls à nous être trouvés. Les piétons errent sans but, désorientés : ce sont des électrons libres qui poursuivent une trajectoire absurde, quand nous avons des atomes crochus. Une capitale entière s’annule, dis millions de personnes disparaissent quand nos paupières se ferment. La ville qui nous a bercés et rapprochés, enfin s’éloigne. Le baiser est l’oasis du macadam.

Alexandre Lacroix, Contribution à la théorie du baiser

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Il ne peut échapper à son odeur

15 Mars 2023, 01:53am

Publié par vertuchou

Il ne peut échapper à son odeur. Son odeur sur la serviette son odeur sur les draps qui a-t-elle appelé à qui a-t-elle parlé. Son odeur dans la cuisine où est-elle où est-elle quand va-t-elle rentrer son parfum dans le couloir son parfum dans le salon son parfum avec qui est-elle sortie et qu’y a-t-il entre eux. Son parfum dans la salle de bain où est-elle et va-t-elle encore se faire avoir. Le parfum de son shampoing. Son odeur dans le panier à linge. Où est-elle. Quand rentrera-t-elle. Elle rentrera tard.

Amos Oz, Seule la mer

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Je Vous aime, Simone

7 Mars 2023, 01:52am

Publié par vertuchou

Mardi, [3] août 1920
Je Vous aime, Simone, depuis toujours. Vous êtes celle que j’ai aimée, confusément et follement depuis des années3, avec le meilleur de mon être. Lorsque vous m’êtes apparue, si exquisément pure, je vous ai reconnue. Et je regrette maintenant, Simone, de vous avoir dit mon amour. Ne pas l’avoir dévoilé, avoir enfoui votre image, jalousement, en mon âme, souffrir en silence, et surtout, oh surtout, n’avoir point troublé votre quiétude de mes justes blasphèmes, de mon scepticisme fatal, raisonner, cela aurait été si beau, et tellement plus digne. Vous ne pouvez comprendre la haine que j’ai pour tout.

Lettre d’Alain Grandbois adressée à Simone Routier

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J'embrasse son clitoris

27 Février 2023, 01:06am

Publié par vertuchou

J'embrasse son clitoris, encore humide après son bain ; les poils de son pubis sont trempés, comme des algues marines. Son sexe a le goût d'un coquillage d'un merveilleux coquillage, frais et salé.
Oh ! Mary! mes doigts se font plus rapides. Elle se renverse en arrière sur mon lit, m'offrant son sexe, ouvert et mouillé, comme un camélia, comme des pétales de rose, comme du velours, du satin. Il est rose et tout neuf, comme si jamais personne ne l'avait touché.

Anaïs Nin, Les petits oiseaux

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On n'eut pas besoin de parler

19 Février 2023, 01:04am

Publié par vertuchou

On n'eut pas besoin de parler, de se dire le concert était génial, de revenir à la sensation du baiser qui piquait encore nos lèvres, de se demander où va-t-on ? en prenant le RER B. Nous y sommes montés en sachant où on allait : vers l'autre, sans un mot mais dans une conversation intense de doigts entrelacés et de débuts de sourires si chargés que toute phrase se serait brisée qui eût tenté d'en porter le poids. Nous nous sommes rendus chez elle. Je me rappelle sa chevelure trempée, mouillant son visage, et le mien, quand nous avons défait l'amour en fragments étincelants, et ils nous encerclèrent comme les anneaux une planète.

Mohamed Mbougar Sarr, La plus secrète mémoire des hommes

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