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poetes d'hier

Carpe Diem

16 Mai 2025, 00:07am

Publié par vertuchou

Ne laisse pas le jour finir sans avoir grandi un peu,
Sans être heureux, sans avoir atteint tes rêves.
Ne te laisse pas vaincre par la déception.
Ne laisse personne t’enlever le droit de parler, c’est presque un devoir.
N’abandonne pas le désir de faire de ta vie quelque chose de spécial.
Crois bien que les mots et la poésie peuvent changer le monde.
Quoi qu’il advienne, notre être profond reste intact,
Nous sommes pleinement des êtres de passion.
La vie est désert et oasis.
Nous tombons, nous avons mal, nous apprenons, nous sommes les acteurs de notre histoire,
En dépit des vents contraires, ce travail puissant continue,
Tu peux en écrire une strophe.
Ne cesse jamais de rêver, parce que dans son rêve, l’homme est libre
Ne t’abandonne pas à la pire des fautes, le silence.
La plupart des hommes vivent dans le silence. Échappe-toi !
Apprécie la beauté des choses simples.
Tu peux écrire des poèmes sur des choses simples
Mais on ne peut voguer contre soi-même
Cela fait de la vie un enfer.
Aime la peur qui te fait aller de l’avant
Vis intensément, sans médiocrité
N’oublie pas que tu es le futur et aborde cette tâche avec fierté, sans crainte,
Apprends de ceux qui peuvent t’instruire
Ne laisse pas la vie s’écouler sans vivre cela.

Walt Whitman

 

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Impuissance

13 Mai 2025, 00:04am

Publié par vertuchou

Quel désastre nouveau, quel étrange malheur
Me brasse le destin, me banissant de l’heur
Dont je pouvais jouir cette nuit près de celle
Qui brûle comme moi d’une amour naturelle ?
 
Hé quoi ! tenant ma langue entre l’ivoire blanc
De sa bouche de baume, enté flanc contre flanc,
Voyant du beau Printemps les richesses écloses,
Dessus son large sein les œillets et les roses,
Un tétin ferme et rond en fraise aboutissant,
Un crêpe d’or frisé sur un teint blanchissant,
Un petit mont, feutré de mousse délicate,
Tracé sur le milieu d’un filet d’écarlate,
Sous un ventre arrondi, grasselet, potelé ;
Un petit pied mignard bien fait et bien moulé,
Une grève, un genouil, deux fermes rondes cuisses,
De l’amoureux plaisir les plus rares délices ;
Un doux embrassement de deux bras gras et longs,
Mille tremblants soupirs, mille baisers mignons,
Mon v.. fait le poltron étant en même sorte
Qu’un boyau replié de quelque chèvre morte !
Bref, il reste perclus, morne, lâche et faquin,
Comme un drapeau mouillé ou un vieil brodequin,
Baigné, trempé de l’eau, comme si la tempête
Eût voulu triompher des honneurs de ma tête.
Frappé d’un mauvais vent, je demeure sans cœur,
Flac, équené, transi, sans force et sans vigueur.
Qu’est devenu ce v.. à la pointe acérée ?
V.. rougissant ainsi que la crête pourprée
Qui couronne, flottant, le morion d’un coq ;
Roide, entrant tout ainsi que la pointe d’un soc
Qui se plonge et se cache en toute terre grasse,
Jusqu’aux couillons, ce v.. était enflé d’audace,
Écumant de colère et de fumante ardeur ;
Ce v.. comme un limier qui de flairante odeur
Suivait le trac d’un c.. ; v.. de bonne espérance,
Toujours gonflé d’orgueil et gorgé de semence,
Et qui pour galoper ne faisait du rétif,
Mais maintenant, ô Dieux, est couard et craintif.
 
Donc, pour te faire arcer, mon v.., il te faut ores
Une vieille à deux dents qui  se souvienne encores
De Jeanne la Pucelle ; à qui l’entrefesson
Sans enflure, sans poil, soit gelé de frisson
Et si peu fréquenté qu’on sente de la porte
Un relent vermoulu, une peau déjà morte
Entrouvrant tout ainsi qu’un sépulcre cendreux,
Béant sur le portail, tout rance et tout poudreux,
Où pende, pour trophée et pour belles enseignes,
Un vieux crêpe tissu des lèvres des araignes ;
Un c.. baveux, rogneux, landieux et peautreux,
Renfrogné, découpé, marmiteux et chancreux ;
Tel c.. sera pour toi, afin de mettre au plonge,
Dans l’abîme profond, ce nerf qui ne s’allonge
Et qui ne dresse point, glissant comme un poisson
Qui frétille, goulu, autour de l’hameçon,
Mais qui jamais ne prend amorce à la languette ;
Une tripe, une peau, une savate infecte,
Rebouchant, remoussé, et pliant de façon
Que fait contre l’acier une lame de plomb ;
Brave sur le rempart et couard à la brèche,
Un canon démonté sans amorce et sans mèche,
Un manche sans marteau, un mortier sans pilon,
Un navire sans mât, boucle sans ardillon,
Un arc toujours courbé et qui jamais ne bande,
Un nerf toujours lâché et qui jamais ne tende.
Il faut donc pour ce v.. un grand c.. vermoulu,
Un c.. démesuré qui dévore, goulu,
La tête et les ....llons pour le mettre en curée,
Un c.. toujours puant comme vieille marée ;
Tel c.. sera pour toi, puisqu’un autre plus beau
Ne peut faire roidir cette couarde peau.
Adieu, et jamais plus ne t’avienne entreprendre
De faire le raillant, toi qui ne saurait tendre ;
Adieu, contente-toi, et ne pouvant dresser,
Que le boyau ridé te serve de pisser.

Remy Belleau

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A la musique

8 Mai 2025, 00:29am

Publié par vertuchou

Place de la Gare, à Charleville.

Sur la place taillée en mesquines pelouses,
Square où tout est correct, les arbres et les fleurs,
Tous les bourgeois poussifs qu’étranglent les chaleurs
Portent, les jeudis soirs, leurs bêtises jalouses.

– L’orchestre militaire, au milieu du jardin,
Balance ses schakos dans la Valse des fifres :
Autour, aux premiers rangs, parade le gandin ;
Le notaire pend à ses breloques à chiffres.

Des rentiers à lorgnons soulignent tous les couacs :
Les gros bureaux bouffis traînant leurs grosses dames
Auprès desquelles vont, officieux cornacs,
Celles dont les volants ont des airs de réclames ;

Sur les bancs verts, des clubs d’épiciers retraités
Qui tisonnent le sable avec leur canne à pomme,
Fort sérieusement discutent les traités,
Puis prisent en argent, et reprennent :  » En somme !…  »

Épatant sur son banc les rondeurs de ses reins,
Un bourgeois à boutons clairs, bedaine flamande,
Savoure son onnaing d’où le tabac par brins
Déborde – vous savez, c’est de la contrebande ; –

Le long des gazons verts ricanent les voyous ;
Et, rendus amoureux par le chant des trombones,
Très naïfs, et fumant des roses, les pioupious
Caressent les bébés pour enjôler les bonnes…

– Moi, je suis, débraillé comme un étudiant,
Sous les marronniers verts les alertes fillettes :
Elles le savent bien ; et tournent en riant,
Vers moi, leurs yeux tout pleins de choses indiscrètes.

Je ne dis pas un mot : je regarde toujours
La chair de leurs cous blancs brodés de mèches folles :
Je suis, sous le corsage et les frêles atours,
Le dos divin après la courbe des épaules.

J’ai bientôt déniché la bottine, le bas…
– Je reconstruis les corps, brûlé de belles fièvres.
Elles me trouvent drôle et se parlent tout bas…
– Et je sens les baisers qui me viennent aux lèvres…

Arthur Rimbaud

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Confession

4 Mai 2025, 00:26am

Publié par vertuchou

Je t’aime comme on aime vivre,
À mon insu, et cependant
Avec ce sens craintif, prudent,
Qu’ont surtout les cœurs les plus ivres !

J’ai douté de toi, mon amour.
Quelle que soit ta frénésie.
Puisqu’il faut qu’il existe un jour
Au loin, où, ni la poésie,

Ni les larmes, ni la fureur,
Ni cette vaillance guerrière
Qui criait au Destin : « Arrière ! »
N’agiront contre ce qui meurt.


Jamais je ne fus vraiment sûre
De te voir, quand je te voyais :
Ce grand doute sur ce qui est
C’est la plus fervente blessure !

Tu sais, on ne peut exprimer
Ces instinctives épouvantes :
J’ai peur de n’être pas vivante
Dès que tu cesses de m’aimer !

Anna de Noailles

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Chanson à dormir

30 Avril 2025, 00:29am

Publié par vertuchou

Si je te perds un jour,
pourras-tu dormir alors
sans que tel le feuillage d'un tilleul
je bruisse à peine, penché sur toi?

Sans que je veille et dépose
des mots, des paupières presque,
sur tes seins, sur tes membres,
et sur ta bouche.

Sans que je te close
et te laisse seule avec ce qui t'appartient,
comme un jardin où poussent à foison
la mélisse et l'anis étoilé.

Rainer Maria Rilke

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Devant le ciel de ma vie

24 Avril 2025, 01:32am

Publié par vertuchou

Devant le ciel de ma vie je me tiens
ignorant, m’étonnant. La grandeur des étoiles.
Ce qui monte, descend. Dans quel silence.
Suis-je vraiment ? Ai-je une part ? Ou échappé-je
au pur influx ? Les marées dans mon sang
suivent-elles cet ordre ? Oh, j’ai désir
de rejeter tous les désirs, et toute attache,
d’habituer mon cœur au plus lointain. Mieux vaut
pour lui vivre en l’effroi de ses étoiles
que sous un faux abri, et par le proche rassuré.

Rainer Maria Rilke

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Compagne savoureuse et bonne

20 Avril 2025, 01:54am

Publié par vertuchou

Compagne savoureuse et bonne
À qui j'ai confié le soin
Définitif de ma personne,
Toi mon dernier, mon seul témoin,
Viens çà, chère, que je te baise,
Que je t'embrasse long et fort,
Mon cœur près de ton cœur bat d'aise
Et d'amour pour jusqu'à la mort :
Aime-moi,
Car, sans toi,
Rien ne puis,
Rien ne suis.

Je vais gueux comme un rat d'église
Et toi tu n'as que tes dix doigts ;
La table n'est pas souvent mise
Dans nos sous-sols et sous nos toits ;
Mais jamais notre lit ne chôme,
Toujours joyeux, toujours fêté
Et j'y suis le roi du royaume
De ta gaîté, de ta santé !
Aime-moi,
Car, sans toi,
Rien ne puis,
Rien ne suis.

Après nos nuits d'amour robuste
Je sors de tes bras mieux trempé,
Ta riche caresse est la juste,
Sans rien de ma chair de trompé,
Ton amour répand la vaillance
Dans tout mon être, comme un vin,
Et, seule, tu sais la science
De me gonfler un cœur divin.
Aime-moi,
Car, sans toi,
Rien ne puis,
Rien ne suis.

Qu'importe ton passé, ma belle,
Et qu'importe, parbleu ! le mien :
Je t'aime d'un amour fidèle
Et tu ne m'as fait que du bien.
Unissons dans nos deux misères
Le pardon qu'on nous refusait
Et je t'étreins et tu me serres
Et zut au monde qui jasait !
Aime-moi,
Car, sans toi,
Rien ne puis,
Rien ne suis.

Paul Verlaine.

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Un soir que je regardais le ciel

16 Avril 2025, 01:59am

Publié par vertuchou

Elle me dit, un soir, en souriant :
- Ami, pourquoi contemplez-vous sans cesse
Le jour qui fuit, ou l'ombre qui s'abaisse,
Ou l'astre d'or qui monte à l'orient ?
Que font vos yeux là-haut ? je les réclame.
Quittez le ciel; regardez dans mon âme !

Dans ce ciel vaste, ombre où vous vous plaisez,
Où vos regards démesurés vont lire,
Qu'apprendrez-vous qui vaille mon sourire ?
Qu'apprendras-tu qui vaille nos baisers ?
Oh! de mon coeur lève les chastes voiles.
Si tu savais comme il est plein d'étoiles !

Que de soleils ! vois-tu, quand nous aimons,
Tout est en nous un radieux spectacle.
Le dévouement, rayonnant sur l'obstacle,
Vaut bien Vénus qui brille sur les monts.
Le vaste azur n'est rien, je te l'atteste ;
Le ciel que j'ai dans l'âme est plus céleste !

C'est beau de voir un astre s'allumer.
Le monde est plein de merveilleuses choses.
Douce est l'aurore et douces sont les roses.
Rien n'est si doux que le charme d'aimer !
La clarté vraie et la meilleure flamme,
C'est le rayon qui va de l'âme à l'âme !

L'amour vaut mieux, au fond des antres frais,
Que ces soleils qu'on ignore et qu'on nomme.
Dieu mit, sachant ce qui convient à l'homme,
Le ciel bien loin et la femme tout près.
Il dit à ceux qui scrutent l'azur sombre :
"Vivez ! aimez ! le reste, c'est mon ombre !"

Aimons ! c'est tout. Et Dieu le veut ainsi.
Laisse ton ciel que de froids rayons dorent !
Tu trouveras, dans deux yeux qui t'adorent,
Plus de beauté, plus de lumière aussi !
Aimer, c'est voir, sentir, rêver, comprendre.
L'esprit plus grand s'ajoute au coeur plus tendre.

Viens, bien-aimé ! n'entends-tu pas toujours
Dans nos transports une harmonie étrange ?
Autour de nous la nature se change
En une lyre et chante nos amours.
Viens ! aimons-nous ! errons sur la pelouse
Ne songe plus au ciel ! j'en suis jalouse ! -

Ma bien-aimée ainsi tout bas parlait,
Avec son front posé sur sa main blanche,
Et l’œil rêveur d'un ange qui se penche,
Et sa voix grave, et cet air qui me plaît ;
Belle et tranquille, et de me voir charmée,
Ainsi tout bas parlait ma bien-aimée.

Nos cœurs battaient ; l'extase m'étouffait ;
Les fleurs du soir entr'ouvraient leurs corolles ...
Qu'avez-vous fait, arbres, de nos paroles ?
De nos soupirs, rochers, qu'avez-vous fait ?
C'est un destin bien triste que le nôtre,
Puisqu'un tel jour s'envole comme un autre !

O souvenirs ! trésor dans l'ombre accru !
Sombre horizon des anciennes pensées !
Chère lueur des choses éclipsées !
Rayonnement du passé disparu !
Comme du seuil et du dehors d'un temple,
L'oeil de l'esprit en rêvant vous contemple !

Quand les beaux jours font place aux jours amers,
De tout bonheur il faut quitter l'idée ;
Quand l'espérance est tout à fait vidée,
Laissons tomber la coupe au fond des mers.
L'oubli ! l'oubli ! c'est l'onde où tout se noie ;
C'est la mer sombre où l'on jette sa joie.

Victor Hugo

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Tous mes pensers parlent d’Amour

12 Avril 2025, 01:19am

Publié par vertuchou

Tous mes pensers parlent d’Amour
De leurs voix discordantes:
En sa puissance l’un m’appelle,
L’autre me dit que sa force est folie ;
L’un de l’espoir m’apporte la douceur,
Souvent l’autre me fait pleurer,
Mais tous, tremblant dedans mon cœur,
Ne s’accordent qu’à crier pitié.
Aussi ne sais-je à quelle source prendre,
Perdu dans l’amoureuse errance
Je voudrais dire et je ne sais que dire.

Dante Alighieri

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Dans vos yeux

8 Avril 2025, 01:56am

Publié par vertuchou

Dans vos yeux
J'ai lu l'aveu de votre âme
En caractères de flamme
Et je m'en suis allé joyeux
Bornant alors mon espace
Au coin d'horizon qui passe
Dans vos yeux.

Dans vos yeux
J'ai vu s'amasser l'ivresse
Et d'une longue caresse
J'ai clos vos grands cils soyeux.
Mais cette ivresse fut brève
Et s'envola comme un rêve
De vos yeux.

Dans vos yeux
Profonds comme des abîmes
J'ai souvent cherché des rimes
Aux lacs bleus et spacieux
Et comme en leurs eaux sereines
J'ai souvent noyé mes peines
Dans vos yeux.

Dans vos yeux
J'ai vu rouler bien des larmes
Qui m'ont mis dans les alarmes
Et m'ont rendu malheureux.
J'ai vu la trace des songes
Et tous vos petits mensonges
Dans vos yeux.

Dans vos yeux
Je ne vois rien à cette heure
Hors que l'Amour est un leurre
Et qu'il n'est plus sous les cieux
D'amante qui soit fidèle
A sa promesse... éternelle
Dans vos yeux.


Gaston Couté

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