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poetes d'hier

How do I love thee? Let me count the ways / Comment t'aime-je ? Laisse-moi t'en compter les façons.

26 Décembre 2013, 04:39am

Publié par vertuchou

How do I love thee? Let me count the ways.
I love thee to the depth and breadth and height
My soul can reach, when feeling out of sight
For the ends of Being and ideal Grace.
I love thee to the level of everyday's
Most quiet need, by sun and candle-light.
I love thee freely, as men strive for Right;
I love thee purely, as they turn from Praise.
I love thee with a passion put to use
In my old griefs, and with my childhood's faith.
I love thee with a love I seemed to lose
With my lost saints, - I love thee with the breath,
Smiles, tears, of all my life! - and, if God choose,
I shall but love thee better after death.

Elizabeth Barrett Browning


Comment t'aime-je ? Laisse-moi t'en compter les façons.
Je t'aime du tréfonds, de l'ampleur et de la cime
De mon âme lorsque, invisible, elle aspire
Aux fins de l'Être et de la Grâce idéale.
Je t'aime au doux niveau du besoin de chaque jour,
À la lumière du soleil et de la chandelle.
Je t'aime en liberté, comme on tend au Juste ;
Je t'aime en pureté, comme on fuit la Louange.
Je t'aime de la passion dont j'usais
Dans les chagrins, et de ma confiance d'enfant.
Je t'aime d'un amour qui semblait perdu
Envers mes saints de jadis- je t'aime du souffle,
Sourires, larmes de toute ma vie ! - et si Dieu en décide,
Je t'aimerai mieux encore dans la mort

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Ce Monde, comme on dit

23 Décembre 2013, 04:41am

Publié par vertuchou

Ce Monde, comme on dit, est une cage à fous,
Où la guerre, la paix, l’amour, la haine, l’ire,
La liesse, l’ennui, le plaisir, le martyre
Se suivent tour à tour et se jouent de nous.

Ce Monde est un théâtre où nous nous jouons tous
Sous habits déguisés à malfaire et médire.
L’un commande en tyran, l’autre, humble, au joug soupire ;
L’un est bas, l’autre haut, l’un jugé, l’autre absous.

Qui s’éplore, qui vit, qui joue, qui se peine,
Qui surveille, qui dort, qui danse, qui se gêne
Voyant le riche soûl et le pauvre jeûnant.

Bref, ce n’est qu’une farce, ou simple comédie
Dont, la fin des joueurs la Parque couronnant,
Change la catastrophe en triste tragédie.

André Mage de Fiefmelin

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Résipiscence

18 Décembre 2013, 05:01am

Publié par vertuchou

Celle qui m’apparaît, quand j’ai clos mes yeux las,
Tricote un bas de laine. Elle a des bandeaux plats,
Elle a passé la fleur de ses jeunes années
Dans des salons proprets, aux couleurs surannées,
Et rêve d’épouser un substitut grivois.
Elle chante, avec un petit filet de voix :
« Le départ d’Alcindor, les pleurs de son amante. »
Son corsage montant et sa petite mante,
Cachent probablement un corps grêle et fiévreux :
Il n’est pas étonnant que j’en sois amoureux.

Charles CROS

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Si tu me parles, quelque soir

13 Décembre 2013, 04:41am

Publié par vertuchou

Si tu me parles, quelque soir,
Du secret de mon cœur malade,
Je te dirai, pour t’émouvoir,
Une très ancienne ballade.

Si tu me parles de tourment,
D’espérance désabusée,
J’irai te cueillir, seulement,
Des roses pleines de rosée.

Si, pareille à la fleur des morts
Qui se plaît dans l’exil des tombes,
Tu veux partager mes remords…
Je t’apporterai des colombes.

Villiers de L’Isle-Adam

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L’Amour qui me tourmente

8 Décembre 2013, 04:27am

Publié par vertuchou

L'amour qui me tourmente
Je trouve si plaisant
Que tant plus il s’augmente
Moins j’en veux estre exemt:
Bien que jamais le somme
Ne me ferme les yeux,
Plus amour me consomme
Moins il m’est ennuyeux.

Toute la nuit je veille
Sans cligner au sommeil,
Remembrant la merveille
Qui me tient en éveil,
Me representant celle
Que je voy tout le jour,
De qui l’image belle
Travaille mon sejour.

Toute nuit son image
Se montre devant moy:
Le trait de son visage
Tout tel qu’il est je voy:
Je voy sa belle bouche,
Et je voy son beau sein,
Ses beaux tetins je touche,
Et je baise sa main.

Le jour si ma Maistresse
Favorable m’a ris,
Il faut que j’en repesse
Toute nuit mes espris.
Si d’une oeillade gaye
Elle m’a fait faveur,
La nuit sa douce playe
Me chatouille le coeur.

S’elle égaye la place
De son bal gracieux,
Toute la nuit sa grace
Recourt devant mes yeux:
Si en douce merveille
J’ay ouy sa chanson,
Toute nuit en l’oreille
J’en regoute le son.

O heureuse ma vie
De jouïr d’un tel heur!
Non, non, je n’ay envie
D’avoir d’un dieu l’honneur,
Puis qu’à souhet je passe
Et la nuit et le jour,
Recueillant tant de grace
Du tourment de l’amour.

Jean-Antoine de Baïf

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Ce qui dure

5 Décembre 2013, 04:20am

Publié par vertuchou

Le présent se fait vide et triste,
Ô mon amie, autour de nous ;
Combien peu de passé subsiste !
Et ceux qui restent changent tous

Nous ne voyons plus sans envie
Les yeux de vingt ans resplendir,
Et combien sont déjà sans vie
Des yeux qui nous ont vus grandir !

Que de jeunesse emporte l’heure,
Qui n’en rapporte jamais rien !
Pourtant quelque chose demeure :
Je t’aime avec mon coeur ancien,

Mon vrai coeur, celui qui s’attache
Et souffre depuis qu’il est né,
Mon coeur d’enfant, le coeur sans tache
Que ma mère m’avait donné ;

Ce coeur où plus rien ne pénètre,
D’où plus rien désormais ne sort ;
Je t’aime avec ce que mon être
A de plus fort contre la mort ;

Et, s’il peut braver la mort même,
Si le meilleur de l’homme est tel
Que rien n’en périsse, je t’aime
Avec ce que j’ai d’immortel.

Sully Prudhomme

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Logique

2 Décembre 2013, 04:43am

Publié par vertuchou

Quand même tu dirais
Que tu me trahirais
Si c’était ton caprice,
Qu’est-ce que me ferait
Ce terrible secret
Si c’était mon caprice !

De quand même t’aimer,
— Dusses-tu le blâmer,
Ou plaindre mon caprice,
D’être si bien à toi
Qu’il ne m’est dieu ni roi
Ni rien que ton caprice ?

Quand tu me trahirais
Eh bien donc, j’en mourrais,
Adorant ton caprice ;
Alors qui me ferait
Un malheur qui serait
Conforme à mon caprice ?

Paul Verlaine

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Chanson

27 Novembre 2013, 05:19am

Publié par vertuchou

Quand on perd, par triste occurrence,
Son espérance
Et sa gaieté,
Le remède au mélancolique,
C’est la musique
Et la beauté !

Plus oblige et peut davantage
Un beau visage
Qu’un homme armé,
Et rien n’est meilleur que d’entendre
Air doux et tendre
Jadis aimé !

Alfred de Musset

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Soif d'un baiser

21 Novembre 2013, 04:40am

Publié par vertuchou

Comme une ville qui s'allume
Et que le vent vient embraser,
Tout mon coeur brûle et se consume,
J'ai soif, oh ! j'ai soif d'un baiser.
Baiser de la bouche et des lèvres
Où notre amour vient se poser,
Pleins de délices et de fièvres,
Ah ! j'ai soif d'un baiser !

Baiser multiplié que l'homme
Ne pourra jamais épuiser,
O toi, que tout mon être nomme,
J'ai soif, oui d'un baiser.
Fruit doux où la lèvre s'amuse,
Beau fruit qui rit de s'écraser,
Qu'il se donne ou qu'il se refuse,
Je veux vivre pour ce baiser.

Baiser d'amour qui règne et sonne
Au coeur battant à se briser,
Qu'il se refuse ou qu'il donne
Je veux mourir de ce baiser.


Valentines

Germain Nouveau

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Les femmes

17 Novembre 2013, 04:23am

Publié par vertuchou

"Or, sont ainsi les femmes diffamées
Par moultes gens et à grand tort blâmées
Tant par bouche que par plusieurs écrits:
Oui, qu'il soit vrai ou non, tel est le cri !
Mais moi, tout le grand mal qu'on en a dit
Ne trouve en aucun livre, ni récit ...
Par ces preuves justes et véritables,
je conclus que tout homme raisonnable
Doit les femmes priser, chérir, aimer;
Qu'il ait souci de ne jamais blâmer
Celle de qui tout homme est descendu.
Ne lui soit le mal pour le bien rendu
... C'est sa mère, c'est sa sœur, c'est sa mie,
Ne sied pas qu'il la traite en ennemie..."

Christine de Pisan

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