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poetes d'hier

Der bräutigam / Le fiancé

6 Octobre 2010, 06:04am

Publié par vertuchou

Um Mitternacht, ich schlief, im Busen wachte
Das liebevolle Herz, als wär es Tag;
Der Tag erschien, mir war, als ob es nachte -
Was ist es mir, so viel er bringen mag?

 

Minuit, je dormais, au fond de moi veillait

Le cœur plein d’amour, comme si c’était le jour ;

Parut le jour, c’était la nuit pour moi,

Que m’est le jour, tant qu’il puisse apporter.

 

Sie fehlte ja! mein emsig Tun und Streben
Für sie allein ertrug ichs durch die Glut
Der heißen Stunde; welch erquicktes Leben
Am kühlen Abend! lohnend wars und gut.

 

Elle n’était pas là ; mon labeur incessant

Pour elle seule je le soutins parmi l’ardeur

De l’heure brûlante, quelle vie renouvelée

Dans la froideur du soir ! Ce fut fécond, et bon.


Die Sonne sank, und Hand in Hand verpflichtet
Begrüßten wir den letzten Segensblick,
Und Auge sprach, ins Auge klar gerichtet:
Von Osten, hoffe nur, sie kommt zurück.

Le soleil se coucha ; main dans la main l’un à l’autre engagés,

Nous saluâmes son dernier regard, bénédiction dernière,

Et les yeux dirent, clairement dirigés dans les yeux :

De l’orient, espère, espère, il reviendra.

 

Um Mitternacht, der Sterne Glanz geleitet
Im holden Traum zur Schwelle, wo sie ruht.
O sei auch mir dort auszuruhn bereitet!
Wie es auch sei, das Leben, es ist gut.

 

Minuit ! L’éclat des étoiles conduit

En un doux rêve au seuil où elle repose.

O qu’il me soit donné de reposer moi aussi en ce lieu.

Quelle que soit la vie, vivre est bon.


Goethe


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À Philis

1 Octobre 2010, 06:08am

Publié par vertuchou

Et la mer et l'amour ont l'amer pour partage,
Et la mer est amère, et l'amour est amer,
L'on s'abîme en l'amour aussi bien qu'en la mer,
Car la mer et l'amour ne sont point sans orage.

Celui qui craint les eaux qu'il demeure au rivage,
Celui qui craint les maux qu'on souffre pour aimer,
Qu'il ne se laisse pas à l'amour enflammer,
Et tous deux ils seront sans hasard de naufrage.

La mère de l'amour eut la mer pour berceau,
Le feu sort de l'amour, sa mère sort de l'eau,
Mais l'eau contre ce feu ne peut fournir des armes.

Si l'eau pouvait éteindre le brasier amoureux,
Ton amour qui me brûle est si fort douleureux,
Que j'eusse éteint son feu de la mer de mes larmes.

 


Pierre de Marbeuf

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La torche

27 Septembre 2010, 06:33am

Publié par vertuchou

Je vous aime, mon corps, qui fûtes son désir, 

Son champ de jouissance et son jardin d'extase 

Où se retrouve encor le goût de son plaisir

Comme un rare parfum dans un précieux vase.

 

Je vous aime, mes yeux, qui restiez éblouis

Dans l'émerveillement qu'il traînait à sa suite

Et qui gardez au fond de vous, comme en deux puits,

Le reflet persistant de sa beauté détruite. [...]

 

Je vous aime, mon coeur, qui scandiez à grands coups

Le rythme exaspéré des amoureuses fièvres,

Et mes pieds nus noués aux siens et mes genoux

Rivés à ses genoux et ma peau sous ses lèvres...

 

Je vous aime ma chair, qui faisiez à sa chair

Un tabernacle ardent de volupté parfaite 

Et qui preniez de lui le meilleur, le plus cher, 

Toujours rassasiée et jamais satisfaite.

 

Et je t'aime, ô mon âme avide, toi qui pars

- Nouvelle Isis - tentant la recherche éperdue 

Des atomes dissous, des effluves épars

De son être où toi-même as soif d'être perdue.

 

Je suis le temple vide où tout culte a cessé 

Sur l'inutile autel déserté par l'idole ; 

Je suis le feu qui danse à l'âtre délaissé, 

Le brasier qui n'échauffe rien, la torche folle...

 

Et ce besoin d'aimer qui n'a plus son emploi 

Dans la mort, à présent retombe sur moi-même. 

Et puisque, ô mon amour, vous êtes tout en moi 

Résorbé, c'est bien vous que j'aime si je m'aime.


Marie Nizet

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Sensation

22 Septembre 2010, 06:13am

Publié par vertuchou

Par les soirs bleus d'été, j'irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l'herbe menue :
Rêveur, j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.

 

 

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Je ne parlerai pas, je ne penserai rien,
Mais l'amour infini me montera dans l'âme ;
Et j'irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la Nature, heureux- comme avec une femme.

Arthur Rimbaud 

 

Départ

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Auf dem See / Sur le lac

16 Septembre 2010, 05:04am

Publié par vertuchou

Und frische Nahrung, neues Blut 
saug’ ich aus freier Welt ; 
Wie ist Natur so hold und gut, 
Die mich am Busen hält ! 
Die Welle wieget unsern Kahn 
Im Rudertakt hinauf, 
Und Berge, wolkig himmelan, 
Begegnen unserm Lauf.

 

Et du libre univers nourriture nouvelle
En moi j’aspire, sang neuf dans mes veines ;
Comme Nature est bienveillante et bonne
Qui me presse contre son sein !
La vague berce notre barque
Vers l’amont au rythme des rames,
Et les montagnes, dressées dans les nuages,
Rencontrent notre course.

 

Aug mein Aug, was sinkst du nieder ? 
Goldne Träume, kommt ihr wieder ? 
Weg, du Traum, so gold du bist : 
Hier auch Lieb und Leben ist.

 

Mes yeux, mes yeux, pourquoi vous fermez-vous ?
Rêves dorés, revenez-vous ?
Va-t-en, rêve, si doré que tu sois ;
Ici aussi est l’amour, ici aussi la vie.

 

Auf der Welle blinken 
Tausend schwebende Sterne, 
Weiche Nebel trinken 
Rings die türmende Ferne ; 
Morgenwind umflügelt 
Die beschattete Bucht, 
Und im See bespiegelt 
Sich die reifende Frucht.

 

Sur la vague scintillent
Mille étoiles flottantes,
Les brumes moelleuses boivent
Les hautes masses des lointains alentour ;
La brise du matin volète
Sur les bords de la baie ombreuse,
Et dans le lac se reflète,
Mûrissante, la moisson à venir.


 Goethe

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Es-tu brune ou blonde ?

10 Septembre 2010, 06:58am

Publié par vertuchou

Es-tu brune ou blonde ?

Sont-ils noirs ou bleus,

Tes yeux ? 

Je n'en sais rien mais j'aime leur clarté profonde,

Mais j'adore le désordre de tes cheveux.

 

jeune fille mer

 

Es-tu douce ou dure ?

Est-il sensible ou moqueur,

Ton cœur ?

Je n'en sais rien mais je rends grâce à la nature 

D'avoir fait de ton cœur mon maître et mon vainqueur.

 

Fidèle, infidèle ?

Qu'est-ce que ça fait,

Au fait 

Puisque toujours dispose à couronner mon zèle

Ta beauté sert de gage à mon plus cher souhait.

 

Paul Verlaine

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Il y a longtemps

2 Septembre 2010, 06:09am

Publié par vertuchou

Te souviens-tu comme les instants fuyaient,


en ce temps là si vite enfui ?


Te souviens-tu comme brûlaient nos cœurs


en un charme béni l'un pour l'autre ?


Je ne compte pas les instants de regret,


un Dieu les a comptés seulement,


mais le cœur murmure là, en moi :


«Il y a longtemps, il y a longtemps !»


 

Et vint un autre temps : ton sentiment


refroidit ; pourquoi, je ne le sais.


mon extase pâlit en souvenirs,


cependant j'avais toujours une amie.


Je pus toujours presser ta main,


toujours pleurer près de ton cœur ;


c'était consolation, bonheur,


mais il y a longtemps, si longtemps !


 Amazonas

 

Tout, tout pour moi a-t-il disparu,


non seulement l'aimée, mais l'amie ?


Souffle sur la braise, qui brûla,


et dis-moi : un peu en est encor vivant !


Reviens telle qu’aux jours enfuis,


alors le soleil brillait de nos joies,


et embrasse-moi, pendant que je me plains :


« Il y a longtemps, il y a longtemps ! »

 

Esaias Tegnér

  link

 


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Je pressais ton bras qui tremble

31 Août 2010, 07:38am

Publié par vertuchou

 

Je pressais ton bras qui tremble ;

Nous marchions tous deux ensemble,

Tous deux heureux et vainqueurs.

La nuit était calme et pure ;

Dieu remplissait la nature

L'amour emplissait nos coeurs.


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Tendre extase ! saint mystère !

Entre le ciel et la terre

Nos deux esprits se parlaient.

A travers l'ombre et ses voiles,

Tu regardais les étoiles,

Les astres te contemplaient.


Et sentant jusqu'à ton âme

Pénétrer la douce flamme

De tous ces mondes vermeils,

Tu disais : Dieu de l'abîme,

Seigneur, vous êtes sublime ;

Vous avez fait les soleils !

 

Et les astres à voix basse

Disaient au Dieu de l'espace,

Au Dieu de l'éternité :

Seigneur, C'est par vous qu'on aime ;

Vous êtes grand, Dieu suprême,

Vous avez fait la beauté !


Victor Hugo

 

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Silence

21 Août 2010, 05:50am

Publié par vertuchou

 

 

Au-dessus des forêts luit blafarde

la lune qui nous fait rêver

Le saule au bord de l’étang sombre

pleure sans bruit dans la nuit ;

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Un cœur s’éteint - et insensiblement

les brouillards débordent et montent 

Silence, silence !

 

 Georg Trakl 

 

 

 

 

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Fins dernières

17 Août 2010, 06:48am

Publié par vertuchou

 

C’est fête aujourd’hui, mon amour,

Je viens frapper à votre porte.

Notre bonheur est de retour :

Vous êtes mort et je suis morte.

 

Faites-moi, dans ce lit sans draps,

Une place, que je me couche

Entre ce qui fut vos deux bras,

Près de ce qui fut votre bouche.

 

Nous allons à deux nous plonger

Dans le Grand Tout qui nous réclame

Nos corps vont se désagréger

Pour un effroyable amalgame.

 

Notre chair, lambeau par lambeau,

Va se dissoudre en pourriture,

Reprise, à travers le tombeau,

Par le creuset de la nature ;

 

Nos os, par un beau soir d’été,

Tomberont les uns sur les autres...

Ne plus savoir — ô volupté ! —

Quels sont les miens, quels sont les vôtres !

 

À leur tour ils s’effriteront

En une impalpable poussière

Et tels, enfin, ils monteront

Dans un infini de lumière.

 

Nos atomes purifiés,

Emportés par le vent qui passe,

Comme en des vols extasiés,

S’éparpilleront dans l’espace.

 

mort01

 

Et sous les évolutions

D’éternelles métamorphoses

Nous danserons dans les rayons

Où nous ferons fleurir les roses.

 

Marie Nizet

 

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