Puisqu'il faut
Puisqu’il faut arracher la profonde racine
Qu’amour en vous voyant me planta dans le cœur,
Et que tant de désirs avec tant de langueur
Ont si soigneusement nourrie dans ma poitrine
Puisqu’il faut que le temps, qui vit son origine,
Triomphe de sa fin, et s’en nomme vainqueur,
Faisons un beau dessein, et, sans vivre en langueur
Ôtons-en tout d’un coup et la fleur et l’épine
Chassons tous ces désirs, éteignons tous ces feux,
Rompons tous ces liens, serrés de tant de nœuds,
Et prenons de nous-même un congé volontaire.
Nous le vaincrons ainsi, cet Amour indompté,
Et ferons sagement de notre volonté
Ce que le temps enfin nous forcerait de faire.
Honoré d’Urfé