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Vertuchou.over-blog.com

Tu ne ressembles à personne

28 Février 2010, 23:49pm

Publié par vertuchou.over-blog.com

Tu ne ressembles à personne depuis que je t'aime.

Laisse-moi t'étendre parmi les guirlandes jaunes. 
Qui inscrit ton nom avec des lettres
de fumée parmi les étoiles du Sud ?
Ah laisse-moi me souvenir comment
tu étais alors, quand tu n'existais pas encore.

[...] 
Maintenant, maintenant aussi, petite,
tu m'apportes du chèvrefeuille, 
et jusqu'à tes seins en sont parfumés.
Pendant que le vent triste galope en tuant des papillons 
moi je t'aime, et ma joie mord ta bouche de prune. 
Ce qu'il t'en aura coûté de t'habituer à moi, 
à mon âme esseulée et sauvage, à mon nom que tous chassent. 
Tant de fois nous avons vu s'embraser 
l'étoile du Berger en nous baisant les yeux 
et sur nos têtes se détordre
les crépuscules en éventails tournants. 


Mes paroles ont plu sur toi en te caressant.
Depuis longtemps j'ai aimé ton corps 
de nacre ensoleillée. 
Je te crois même reine de l'univers. 
Je t'apporterai des fleurs joyeuses 
des montagnes, des copihues, 
des noisettes foncées, et des paniers 
sylvestres de baisers. 
Je veux faire avec toi 
ce que le printemps fait avec 
les cerisiers.


Pablo Neruda

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A celle qui est trop gaie

27 Février 2010, 18:33pm

Publié par vertuchou.over-blog.com

Le Léthé

Ta tête, ton geste, ton air
Sont beaux comme un beau paysage ;
Le rire joue en ton visage
Comme un vent frais dans un ciel clair.

 

ella05


Le passant chagrin que tu frôles

Est ébloui par la santé
Qui jaillit comme une clarté
De tes bras et de tes épaules.

Les retentissantes couleurs

Dont tu parsèmes tes toilettes
Jettent dans l'esprit des poètes
L'image d'un ballet de fleurs.

Ces robes folles sont l'emblême

De ton esprit bariolé ;
Folle dont je suis affolé,
Je te hais autant que je t'aime !

Quelquefois dans un beau jardin

Où je traînais mon atonie,
J'ai senti, comme une ironie,
Le soleil déchirer mon sein ;

Et le printemps et la verdure

Ont tant humilié mon coeur,
Que j'ai puni sur une fleur
L'insolence de la Nature.

Ainsi je voudrais, une nuit,

Quand l'heure des voluptés sonne,
Vers les trésors de ta personne,
Comme un lâche, ramper sans bruit,

Pour châtier ta chair joyeuse,

Pour meurtrir ton sein pardonné,
Et faire à ton flanc étonné
Une blessure large et creuse,

Et, vertigineuse douceur !

à travers ces lèvres nouvelles,
Plus éclatantes et plus belles,
T'infuser mon venin, ma soeur

Baudelaire

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Vitam impendere amori

27 Février 2010, 06:52am

Publié par vertuchou

Dans le crépuscule fané
Où plusieurs amours se bousculent
Ton souvenir gît enchaîné
Loin de nos ombres qui reculent

Ô mains qu'enchaîne la mémoire
Et brûlantes comme un bûcher
Où le dernier des phénix noire
Perfection vient se jucher

La chaîne s'use maille à maille
Ton souvenir riant de nous
S'enfuir l'entends-tu qui nous raille
Et je retombe à tes genoux

Le soir tombe et dans le jardin
Elles racontent des histoires
À la nuit qui non sans dédain
Répand leurs chevelures noires

Petits enfants petits enfants
Vos ailes se sont envolées
Mais rose toi qui te défends
Perds tes odeurs inégalées

Car voici l'heure du larcin
De plumes de fleurs et de tresses
Cueillez le jet d'eau du bassin
Dont les roses sont les maîtresses

Ô ma jeunesse abandonnée
Comme une guirlande fanée
Voici que s'en vient la saison
Et des dédains et du soupçon

Le paysage est fait de toiles
Il coule un faux fleuve de sang
Et sous l'arbre fleuri d'étoiles
Un clown est l'unique passant

Un froid rayon poudroie et joue
Sur les décors et sur ta joue
Un coup de revolver un cri
Dans l'ombre un portrait a souri

La vitre du cadre est brisée
Un air qu'on ne peut définir
Hésite entre son et pensée
Entre avenir et souvenir

Ô ma jeunesse abandonnée
Comme une guirlande fanée
Voici que s'en vient la saison
Des regrets et de la raison

Guillaume Apollinaire

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Deux terres, un jardin

26 Février 2010, 15:54pm

Publié par vertuchou

Tu portes en toi une terre
connue, et une, inconnue
qui a ton visage
traits pour traits l’origine.
 
reg00

 Deux terres
au présent, un jardin.
Ce qui n’est pas là est là :
un mystère à déchiffrer
en un seul corps.

Sylvie Fabre G.


Sylvie Fabre G., Deux terres, un jardin, Éditions du Pré carré, 2002.

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La courbe de tes yeux

25 Février 2010, 21:48pm

Publié par vertuchou

 

La courbe de tes yeux fait le tour de mon coeur,

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Un rond de danse et de douceur,
Auréole du temps, berceau nocturne et sûr,
Et si je ne sais plus tout ce que j'ai vécu
C'est que tes yeux ne m'ont pas toujours vu.

Feuilles de jour et mousse de rosée,
Roseaux du vent, sourires parfumés,
Ailes couvrant le monde de lumière,
Bateaux chargés du ciel et de la mer.


Chasseurs des bruits et sources des couleurs,

Parfums éclos d'une couvée d'aurores
Qui gît toujours sur la paille des astres,
Comme le jour dépend de l'innocence

Le monde entier dépend de tes yeux purs


Et tout mon sang coule dans leurs regards.


Paul ELUARD

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Les guetteurs

4 Février 2010, 21:22pm

Publié par vertuchou

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