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Le pont de Charing cross

11 Mars 2016, 03:16am

Publié par vertuchou

André Derain, le pont de Charing Cross, 1906

André Derain, le pont de Charing Cross, 1906

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A ma mère

10 Mars 2016, 03:13am

Publié par vertuchou

Ô ma mère, ce sont nos mères
Dont les sourires triomphants
Bercent nos premières chimères
Dans nos premiers berceaux d’enfants.

Donc reçois, comme une promesse,
Ce livre où coulent de mes vers
Tous les espoirs de ma jeunesse,
Comme l’eau des lys entr’ouverts !

Reçois ce livre, qui peut-être
Sera muet pour l’avenir,
Mais où tu verras apparaître
Le vague et lointain souvenir

De mon enfance dépensée
Dans un rêve triste ou moqueur,
Fou, car il contient ma pensée,
Chaste, car il contient mon cœur.

Théodore de Banville

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Au premier jour

9 Mars 2016, 03:55am

Publié par vertuchou

Au premier jour comment oser, comment savoir te dévêtir ?
Pourtant je voulais te saisir nu dans mes mains nues.
Tu as ri quand je me suis étonnée de la douceur
de ta peau ! Je n'en croyais pas mes paumes...
Avais-je jusqu'alors pensé que le corps d'un homme
devait être semblable aux vieilles écorces ? ...
Tu jaillis dans ma main comme un cri ; tu jaillis
dans l'anneau de mes doigts vers mon regard
que bouleverse cette parade... Que j'aime ce bien-être animal
qui te gonfle, cette croissance que je nourris et qui me comble.

Mireille Sorgue, l'Amant

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L'aube

8 Mars 2016, 03:20am

Publié par vertuchou

Qui jamais eut songé sans cet amour de toi
Sans ce tourment sans cette étoile
Comme à l'oreille de la femme un noir grenat
Qu'il y eut ce fou dans Grenade
Sans toi je n'eusse été que ce jongleur de mots
Ce bal de lueurs et de modes
Un caillou détaché sous le pied des démons
Le jouet du monde et des monstres
Ma tête était ouverte au caprice des vents
Comme une maison mise en vente
Il ne roulait en moi que les dés de l'écho
Dont les hasards m'étaient écoles
Quand tu m'es apparue un soir t'en souviens-tu
Où commença notre aventure
Toi qui m'as appris le sens et le goût de la vie
Qui rendis vue à mes yeux vides
Toi qui tournas mes pas sur la route d'autrui
Qui me relevas de mes ruines
Grâce à qui j'ai passé par merveille le temps
Autant que sans rien entendre
Grâce à qui j'ai donc pris ma part d'homme au fardeau
Que les autres hommes endossent
A leur enfer ma place et ma peine et mon lot
Et j'ai du moins vu poindre l'aube

Louis Aragon

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At the Hermitage

7 Mars 2016, 04:09am

Publié par vertuchou

Boris Ignatovich, At the Hermitage, Leningrad, 1930

Boris Ignatovich, At the Hermitage, Leningrad, 1930

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Sonnet XLIII

6 Mars 2016, 03:07am

Publié par vertuchou

Plus longtemps je ferme les yeux, et mieux ils voient
car de jour ils ne voient qu’objets dont on n'a cure
mais quand je dors, en rêve ils n’admirent que toi
obscurément brillants, ils brillent vers l’obscur

toi dont l’ombre peut rendre les ombres brillantes
comme il ferait bon voir s’en dessiner la chair
en plein jour avec ta clarté plus éclatante
puisqu’aux yeux non voyants ton spectre est aussi clair!

comme il ferait bon (dis-je) à mes yeux satisfaits
d’admirer dans le jour vivant ta profusion
puisqu’au fond de la nuit ton beau spectre imparfait
malgré le lourd sommeil reste aux yeux sans vision!

les jours ont l’air de nuits avant que je te voie
les nuits de jours brillants quand rêver t’offre à moi.

William Shakespeare

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La première vertu de la poésie

5 Mars 2016, 04:01am

Publié par vertuchou

La première vertu de la poésie serait de nous donner

un accès plus intime au réel, de changer, ce faisant,

notre perception du réel, et de suggérer la possibilité

d’un changement véritable.

M. Michael Edwards, discours sur la vertu de la poésie

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Bonheur bête

4 Mars 2016, 03:57am

Publié par vertuchou

Quand donc pourrai-je parler de mon bonheur ?
Il n'y a dans mon bonheur aucune paille, aucune trace, aucun sable.
Il ne se compare pas à mon malheur (autrefois, paraît-il dans le Passé, quand? ).

Il n'a pas de limite, il n'a pas de..., pas de.
Il ne va nulle part.
Il n'est pas à l'ancre, il est tellement sûr qu'il me désespère.
Il m'enlève tout élan, il ne me laisse ni la vue, ni l'oreille, et plus il... et moins je...
Il n'a pas de limites, il n'a pas de..., pas de.
Et pourtant ce n'est qu'une petite chose.
Mon malheur était beaucoup plus considérable, il avait des propriétés,
il avait des souvenirs, des excroissances, du lest.

C'était moi.
Mais ce bonheur!
Probablement, oh oui, avec le temps il se fera une personnalité, mais le temps, il ne l'aura pas.
Le malheur va revenir.
Son grand essieu ne peut être bien loin.
Il approche.


Henri Michaux

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Believe, Beleft, Below

3 Mars 2016, 04:55am

Publié par vertuchou

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Les reparties de Nina

2 Mars 2016, 03:43am

Publié par vertuchou

LUI – Ta poitrine sur ma poitrine,
Hein ? nous irions,
Ayant de l’air plein la narine,
Aux frais rayons

Du bon matin bleu, qui vous baigne
Du vin de jour ?…
Quand tout le bois frissonnant saigne
Muet d’amour

De chaque branche, gouttes vertes,
Des bourgeons clairs,
On sent dans les choses ouvertes
Frémir des chairs :

Tu plongerais dans la luzerne
Ton blanc peignoir,
Rosant à l’air ce bleu qui cerne
Ton grand oeil noir,

Amoureuse de la campagne,
Semant partout,
Comme une mousse de champagne,
Ton rire fou :

Riant à moi, brutal d’ivresse,
Qui te prendrais
Comme cela, – la belle tresse,
Oh ! – qui boirais

Ton goût de framboise et de fraise,
O chair de fleur !
Riant au vent vif qui te baise
Comme un voleur ;

Au rose, églantier qui t’embête
Aimablement :
Riant surtout, ô folle tête,
À ton amant !….

………………………………………………..

– Ta poitrine sur ma poitrine,
Mêlant nos voix,
Lents, nous gagnerions la ravine,
Puis les grands bois !…

Puis, comme une petite morte,
Le cœur pâmé,
Tu me dirais que je te porte,
L’œil mi-fermé…

Je te porterais, palpitante,
Dans le sentier :
L’oiseau filerait son andante
Au Noisetier…

Je te parlerais dans ta bouche..
J’irais, pressant
Ton corps, comme une enfant qu’on couche,
Ivre du sang

Qui coule, bleu, sous ta peau blanche
Aux tons rosés :
Et te parlant la langue franche – …..
Tiens !… – que tu sais…

Nos grands bois sentiraient la sève,
Et le soleil
Sablerait d’or fin leur grand rêve
Vert et vermeil

………………………………………………..

Le soir ?… Nous reprendrons la route
Blanche qui court
Flânant, comme un troupeau qui broute,
Tout à l’entour

Les bons vergers à l’herbe bleue,
Aux pommiers tors !
Comme on les sent tout une lieue
Leurs parfums forts !

Nous regagnerons le village
Au ciel mi-noir ;
Et ça sentira le laitage
Dans l’air du soir ;

Ca sentira l’étable, pleine
De fumiers chauds,
Pleine d’un lent rythme d’haleine,
Et de grands dos

Blanchissant sous quelque lumière ;
Et, tout là-bas,
Une vache fientera, fière,
À chaque pas…

– Les lunettes de la grand-mère
Et son nez long
Dans son missel ; le pot de bière
Cerclé de plomb,

Moussant entre les larges pipes
Qui, crânement,
Fument : les effroyables lippes
Qui, tout fumant,

Happent le jambon aux fourchettes
Tant, tant et plus :
Le feu qui claire les couchettes
Et les bahuts :

Les fesses luisantes et grasses
Du gros enfant
Qui fourre, à genoux, dans les tasses,
Son museau blanc

Frôlé par un mufle qui gronde
D’un ton gentil,
Et pourlèche la face ronde
Du cher petit…..

Que de choses verrons-nous, chère,
Dans ces taudis,
Quand la flamme illumine, claire,
Les carreaux gris !…

– Puis, petite et toute nichée,
Dans les lilas
Noirs et frais : la vitre cachée,
Qui rit là-bas….

Tu viendras, tu viendras, je t’aime !
Ce sera beau.
Tu viendras, n’est-ce pas, et même…

Elle – Et mon bureau ?

Arthur Rimbaud

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