Être
Etre.
Et rien de plus.
Jusqu’à ce que se forme un puits en-dessous.
Ne pas être.
Et rien de plus.
Jusqu’à ce que se forme un puits au-dessus.
Ensuite,
entre ces deux puits,
le vent s’arrêtera un instant.
Roberto Juarroz
Coups de cœur
Etre.
Et rien de plus.
Jusqu’à ce que se forme un puits en-dessous.
Ne pas être.
Et rien de plus.
Jusqu’à ce que se forme un puits au-dessus.
Ensuite,
entre ces deux puits,
le vent s’arrêtera un instant.
Roberto Juarroz
Il faut identifier la poésie et l'espoir.
Yves Bonnefoy
Timide, la timide
Jeune fille de mon coeur,
Dans la lueur du feu
Se déplace l’air songeur.
Elle apporte les plats,
Et les met sur l’étagère.
J’irais bien, elle et moi,
Dans une île de la mer.
Elle apporte les bougies,
Et les rideaux éclaire,
Timide à contre-jour
Et timide dans le noir;
Et timide comme un lièvre,
Serviable et timide.
Je volerais, elle et moi,
Dans une île de la mer.
William Butler Yeats
tu me demandes
si nous pouvons rester amis
je t’explique qu’une abeille
ne rêve pas d’embrasser
la bouche d’une fleur
pour se contenter ensuite de ses feuilles
– j’ai déjà assez d’amis
Rupi Kaur
Samedi – trois heures du matin. Je rentre.
J’ai ta lettre. Cette douce lettre, je l’avais lue aujourd’hui dans tes yeux. Que tu étais belle tantôt aux Tuileries sous ce ciel de printemps, sous ces arbres verts, avec ces lilas en fleurs au-dessus de ta tête. Toute cette nature semblait faire une fête autour de toi. Vois-tu, mon ange, les arbres et les fleurs te connaissent et te saluent. Tu es reine dans ce monde charmant des choses qui embaument et qui s’épanouissent comme tu es reine dans mon coeur.
lettre de Victor Hugo à Léonie Biard
Terre irréprochablement cultivée,
Miel d'aube, soleil en fleurs,
Coureur tenant encore par un fil au dormeur
(Nœud par intelligences)
Et le jetant sur son épaule :
« Il n'a jamais été plus neuf,
Il n'a jamais été si lourd. »
Usure, il sera plus léger,
Utile.
Clair soleil d'été avec :
Sa chaleur, sa douceur, sa tranquillité
Et, vite,
Les porteurs de fleurs en l'air touchent de la terre.
LUIRE.
Paul Eluard
Tandis que je parlais le langage des vers
Elle s’est doucement tendrement endormie
Comme une maison d’ombre au creux de notre vie
Une lampe baissée au coeur des myrrhes verts
Sa joue a retrouvé le printemps du repos
Ô corps sans poids posé dans un songe de toile
Ciel formé de ses yeux à l’heure des étoiles
Un jeune sang l’habite au couvert de sa peau
La voila qui reprend le versant de ses fables
Dieu sait obéissant à quels lointains signaux
Et c’est toujours le bal la neige les traîneaux
Elle a rejoint la nuit dans ses bras adorables
Je vois sa main bouger Sa bouche Et je me dis
Qu’elle reste pareille aux marches du silence
Qui m’échappe pourtant de toute son enfance
Dans ce pays secret à mes pas interdit
Je te supplie amour au nom de nous ensemble
De ma suppliciante et folle jalousie
Ne t’en va pas trop loin sur la pente choisie
Je suis auprès de toi comme un saule qui tremble
J’ai peur éperdument du sommeil de tes yeux
Je me ronge le coeur de ce coeur que j’écoute
Amour arrête-toi dans ton rêve et ta route
Rends-moi ta conscience et mon mal merveilleux
Louis Aragon
Le poète, l'esprit du poète est une véritable fabrique d'images.
Pierre Reverdy