L’arbre de Diane
Il faut sauver le vent
Les oiseaux brûlent le vent
dans les cheveux de la femme solitaire
qui revenant de la nature
tisse des tourments
Il faut sauver le vent.
Alejandra Pizarnik
Coups de cœur
Il faut sauver le vent
Les oiseaux brûlent le vent
dans les cheveux de la femme solitaire
qui revenant de la nature
tisse des tourments
Il faut sauver le vent.
Alejandra Pizarnik
Ô lumineux matin, jeunesse des journées,
Matin d'or, bourdonnant et vif comme un frelon,
Qui piques chaudement la nature, étonnée
De te revoir après un temps de nuit si long ;
Matin, fête de l'herbe et des bonnes rosées,
Rire du vent agile, oeil du jour curieux,
Qui regardes les fleurs, par la nuit reposées,
Dans les buissons luisants s'ouvrir comme des yeux ;
Heure de bel espoir qui s'ébat dans l'air vierge
Emmêlant les vapeurs, les souffles, les rayons,
Où les coteaux herbeux, d'où l'aube blanche émerge,
Sous les trèfles touffus font chanter leurs grillons ;
Belle heure, où tout mouillé d'avoir bu l'eau vivante,
Le frissonnant soleil que la mer a baigné
Éveille brusquement dans les branches mouvantes
Le piaillement joyeux des oiseaux matiniers,
Instant salubre et clair, ô fraîche renaissance,
Gai divertissement des guêpes sur le thym,
- Tu écartes la mort, les ombres, le silence,
L'orage, la fatigue et la peur, cher matin...
Anna de Noailles
Je le sais quand Vittorio est entré en moi à tout jamais, quand la première fois il m’a embrassée j’ai senti mon corps m’abandonner et se retirer au profit d’un nouveau corps, le sien dans le mien. Cet homme est devenu mon sang.
Hélène Grémillon, La garçonnière.
Cet instant où la beauté,
après s'être longtemps fait attendre surgit des choses communes,
traverse notre champ radieux,
lie tout ce qui peut être lié,
allume tout ce qui doit être allumé
de notre gerbe de ténèbres
René Char
Si tu dois m'aimer, que ce soit pour rien
Sinon pour l'amour en soi. Ne dis pas
«Je l'aime pour son sourire… son allure… sa façon
De parler si douce… sa finesse de pensée
Qui convient à la mienne, et suscita
Tel jour un bien-être fugitif et charmant» -
Car ces choses en elles-mêmes, Aimé, peuvent
Changer, ou changer pour toi - et l'amour
Ainsi construit peut être ainsi détruit.
Ne m'aime pas par pitié pour mes larmes -
Qui jouit longtemps de ton soutien pourrait
Sécher ses pleurs, et perdre ton amour !
Mais aime-moi pour l'amour en soi, pour
Qu'à jamais tu m'aimes, d'un amour sans fin.
Elizabeth Barrett-Browning
Un poème est une peinture invisible
Une peinture est un poème visible
Guo Xi
Entre tous mes tourments entre la mort et moi
Entre mon désespoir et la raison de vivre
Il y a l'injustice et ce malheur des hommes
Que je ne peux admettre il y a ma colère
Il y a les maquis couleur de sang d'Espagne
Il y a les maquis couleur du ciel de Grèce
Le pain le sang le ciel et le droit à l'espoir
Pour tous les innocents qui haïssent le mal
La lumière toujours est tout près de s'éteindre
La vie toujours s'apprête à devenir fumier
Mais le printemps renaît qui n'en a pas fini
Un bourgeon sort du noir et la chaleur s'installe
Et la chaleur aura raison des égoïstes
Leurs sens atrophiés n'y résisteront pas
J'entends le feu parler en riant de tiédeur
J'entends un homme dire qu'il n'a pas souffert
Toi qui fus de ma chair la conscience sensible
Toi que j'aime à jamais toi qui m'as inventé
Tu ne supportais pas l'oppression ni l'injure
Tu chantais en rêvant le bonheur sur la terre
Tu rêvais d'être libre et je te continue. "
Paul Eluard