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emois

Tenue par lui

7 Août 2014, 05:05am

Publié par vertuchou

Tenue par lui, tête renversée, elle entrouvrit les lèvres comme une fleur éclose, et ils burent l'un à l'autre, soigneux, profonds, perdus et ce fut le grave langage, soudain furieux langage de jeunesse, longue lutte mouillée, lèvres et langues unies. Plus bas maintenant, osa-t-elle imperceptiblement murmurer.

Albert Cohen, Belle du Seigneur

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C’est lui, c’est lui

27 Juillet 2014, 04:37am

Publié par vertuchou

C’est lui, c’est lui
aussitôt j’ai su
à l’instant même où il
mon sang a fait son grand tour
à l’instant même où je l’ai vu
dès que je vous ai vu, tu m’as plu
dès qu’il m’a regardé, je n’ai plus pu
dès ce moment je n’ai eu de cesse de
il a suffi que vous, il a fallu que tu
mon cœur l’a reconnu au premier coup de son œil
c’était en bas, dans la rue, chez des amis, au café
(il pleuvait)
son âme tout entière vaut le regard, détour, voyage
je vous aime depuis tous ces yeux que vous m’avez balancés
je vous aime car ma gorge s’est renouée, mon sang n’a fait qu’un, mes veines sont devenue bleues
vous m’avez donné le goût des larmes, des chaudes larmes, du sel dans la bouche
je vous aime pour tout ce sang que vous avez retourné jusqu’à ce que mon plus grand silence apparaisse
c’était chez des organes, il pleuvait, c’était au café, dans une salle d’attente, c’était, c’était là
quand je pense que je nous attendais depuis tant de temps, depuis tout le temps, depuis tout de suite, depuis là


Jacques Rebotier

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vos talons qui sonnent sur le trottoir...

15 Juillet 2014, 04:05am

Publié par vertuchou

"... vos talons qui sonnent sur le trottoir me font penser aux chemins que je n'ai pas parcourus et qui se ramifient comme les branches d'un arbre. Vous avez réveillé en moi l'obsession de ma prime jeunesse : j'imaginais la vie devant moi comme un arbre. Je l'appelais alors l'arbre des possibilités. Ce n'est que pendant un court moment qu'on voit la vie ainsi. Ensuite, elle apparaît comme une route imposée une fois pour toutes, comme un tunnel d'où on ne peut sortir. Pourtant, l'ancienne apparition de l'arbre reste en nous sous la forme d'une indélébile nostalgie. Vous m'avez rappelé cet arbre et je veux, en retour, vous transmettre son image, vous faire entendre son murmure envoûtant."

Milan Kundera, "L'identité"

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Je n’attends rien…

10 Juillet 2014, 05:01am

Publié par vertuchou

Je n’attends rien… je n’espère rien.
Je vous aime. Quoi que vous fassiez, je vous le répéterai si souvent, avec tant de force et d’ardeur, que vous finirez bien par le comprendre.
Je veux faire pénétrer en vous ma tendresse, vous la verser dans l’âme, mot par mot, heure par heure, jour par jour, de sorte qu’enfin elle vous imprègne comme une liqueur tombée goutte à goutte, qu’elle vous adoucisse, vous amollisse et vous force, plus tard, à me répondre : "Moi aussi je vous aime."

Guy de Maupassant Bel ami

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Elle avait tant à dire.

7 Juillet 2014, 04:44am

Publié par vertuchou

Elle avait tant à dire. Mais les mots lui semblèrent soudain trop légers.

Il n’existait qu’un langage suffisamment puissant.

Alors elle laissa son corps lui dire que c’était avec lui qu’elle voulait

rire, danser, chanter, pleurer, crier.

Dominique Demers, Pour rallumer les étoiles

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Ôki saisit la main de la jeune fille

21 Juin 2014, 04:35am

Publié par vertuchou

Ôki saisit la main de la jeune fille. "Keiko ne te maquille pas…"
- "Vous me faites mal !" dit Keiko, en se tournant vers Ôki. "Vous êtes vraiment odieux !"
- "Ton visage est beau tel quel. Avec ces jolies dents et ces sourcils… ”

Ôki appuya ses lèvres sur la joue brillante de la jeune fille.
Keiko laissa échapper un petit cri. La chaise de la coiffeuse bascula, et elle perdit l’équilibre. Les lèvres d’Ôki furent sur les siennes.
Ce fut un long baiser.
Ôki détourna sa bouche de celle de Keiko pour reprendre son souffle.
“Non, non, embrassez-moi encore…”, dit Keiko, en l’attirant à elle.
Ôki fut sidéré. “même les pêcheuses de perles ne peuvent rester sous l’eau aussi longtemps. Tu vas perdre connaissance !
- "Faites-moi perdre connaissance…"
- "Les femmes ont plus de souffle que les hommes.”

Yasunari Kawabata, Tristesse et beauté

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Je n’ai jamais imaginé

14 Juin 2014, 04:15am

Publié par vertuchou

Je n’ai jamais imaginé qu’on pût être à ce point hanté par une voix, par un cou, par des épaules, par des mains. Ce que je veux dire c’est qu’elle avait des yeux où il faisait si bon vivre que je n’ai jamais su où aller depuis.
Romain Gary - La Promesse de l’Aube

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Oui, c’est toi

17 Mai 2014, 04:03am

Publié par vertuchou

Une peau délicate se déploie sur ma langue. Elle la caresse.

Une peau délicate caresse ma langue.

Mes mains résonnent pleines des fruits.

Remplies d’abandon.

Ce qui doit arriver dans l’ histoire arrive maintenant dans mes mains.

Tu vivifies ma journée.

La sidères.

Ton odeur a chamboulé ma journée.

Elle tourbillonne, Bascule.

Ma journée tourbillonne et bascule dans la tienne.

Mon cœur une bouche brûlante docile condamnée

par la caresse de ton cœur parfumée

à subsister béante balbutiante de lèvres privée.

Dimitra Kotoula

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Je ne voyais vraiment pas comment

27 Avril 2014, 04:47am

Publié par vertuchou

Je ne voyais vraiment pas comment je pouvais aimer quelqu'un d'autre que toi, ni même jouer à l'amour avec un autre, cela m'était parfaitement étranger, le simple fait d'être tentée m'aurait semblé un crime. Ma passion pour toi restait toujours aussi forte, seulement, elle se transformait en même temps que mon corps, elle devenait plus ardente, plus charnelle, plus féminine à mesure que mes sens s'éveillaient. Et ce que l'enfant, prisonnière d'une volonté impuissante et innocente, l'enfant qui avait tiré un soir la sonnette de ta porte, n'a pas pu deviner, était maintenant mon unique pensée : m'offrir à toi, me donner à toi.

Stefan Zweig, Lettre d'une inconnue

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Il replia ses bras

21 Avril 2014, 12:35pm

Publié par vertuchou

Il replia ses bras autour de moi avec une petite exclamation de colère et m'arracha doucement du bateau. Il me tenait serrée contre lui, soulevée, la tête sur son épaule. En ce moment-là, je l'aimais. Dans la lumière du matin, il était aussi doré, aussi gentil, aussi doux que moi, il me protégeait. Quand sa bouche chercha la mienne, je me mis à trembler de plaisir comme lui et notre baiser fut sans remords et sans honte, seulement une profonde recherche, entrecoupée de murmures. Je m'échappai et nageai vers le bateau qui partait à la dérive. Je plongeai mon visage dans l'eau pour le refaire, le rafraîchir... L'eau était verte. Je me sentais envahie d'un bonheur, d'une insouciance parfaite.


Françoise Sagan, Bonjour Tristesse

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