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emois

Au fil de l'eau

11 Avril 2014, 05:07am

Publié par vertuchou

(...)

Ce fut un baiser long comme une éternité
Qui tendit nos deux corps dans l'immobilité.
Elle se renversa, râlant sous ma caresse ;
Sa poitrine oppressée et dure de tendresse,
Haletait fortement avec de longs sanglots ;
Sa joue était brûlante et ses yeux demi-clos,
Et nos bouches, nos sens, nos soupirs se mêlèrent.
Puis, dans la nuit tranquille où la campagne dort,
Un cri d'amour monta, si terrible et si fort
Que des oiseaux dans l'ombre effarés s'envolèrent.
Les grenouilles, la caille, et les bruits et les voix
Se turent ; un silence énorme emplit l'espace.
Soudain, jetant aux vents sa lugubre menace,
Très loin derrière nous un chien hurla trois fois.

(...)

Guy de Maupassant

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Pour la première fois

21 Mars 2014, 04:45am

Publié par vertuchou

J’étais immobile de stupeur comme si la Vénus fût descendue de son piédestal et s’était mise à marcher.

C’est que, pour la première fois alors, je sentais mon cœur, je sentais quelque chose de mystique, d’étrange comme un sens nouveau.

J’étais baigné de sentiments infinis, tendres, j’étais bercé d’images vaporeuses, vagues ; j’étais plus grand et plus fier à la fois.
J’aimais.

Gustave Flaubert. Mémoires d’un fou,

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Pourquoi la peau des lèvres est-elle si douce ?

9 Mars 2014, 04:47am

Publié par vertuchou

La douceur des lèvres - on peut retourner la question dans tous les sens - ne se justifie que pour donner des baisers.
[...] Quand Libert l'a embrassée pour la première fois, les lèvres de Thérèse sont parties toutes seules à la rencontre des siennes. Sûrement, elles cherchaient d'elles-mêmes la place qui est la leur, comme le poussin se glisse, à peine éclos, sous l'aile de sa mère.
Et une fois arrivées à destination, quel étrange délice ! Cela ne ressemblait à rien de connu. Les lèvres, inutiles de le dire, étaient ravies, mais surtout, elles tenaient absolument à le faire savoir au reste du corps. De lointaines extrémités, qui jusqu'alors avaient mené une existence paisible et effacée, s'ébrouaient, se dressaient, réclamaient, un peu affolées, qu'on s'intéresse à elles. Et pour les rassurer, Thérèse ne trouvait d'autre ruse que de les confier aux mains vigoureuses de Libert.

Armel Job, Baigneuse nue sur un rocher

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Reste ainsi

4 Mars 2014, 04:58am

Publié par vertuchou

Reste ainsi, je veux te regarder, je t'ai tellement regardé

mais tu n'étais pas pour moi et à présent tu es pour moi, ne t'approche pas,

je t'en prie,reste comme tu es ,nous avons une nuit pour nous seuls, et je veux te regarder, jamais je ne t'ai vu ainsi, ton corps pour moi,ta peau,

ferme les yeux,et caresse toi, je t'en prie […] je t’en prie, tout doucement […]


Alessandro Baricco Soie

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Dans la rue glacée je te revois

24 Février 2014, 04:36am

Publié par vertuchou

« Dans la rue glacée je te revois moulée sur un frisson, les yeux seuls à découvert. Le col haut relevé, l’écharpe serrée de la main sur la bouche, tu étais l’image même du secret, d’un des grands secrets de la nature au moment où il se livre et dans tes yeux de fin d’orage on pouvait voir se lever un très pâle arc-en-ciel. [...]

Quand le sort t’a portée à ma rencontre, la plus grande ombre était en moi et je puis dire que c’est en moi que cette fenêtre s’est ouverte. La révélation que tu m’apportais, avant de savoir même en quoi elle pouvait consister, j’ai su que c’était une révélation »


André Breton Arcane 17

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Nous avons marché un peu dans la pinède

8 Février 2014, 05:37am

Publié par vertuchou

Nous avons marché un peu dans la pinède pour descendre à la plage. L'air s' accordait à mon émotion, j'avais la gorge sèche, le soleil passait entre les pins comme des lames fines qu'on aurait tirées du feu, la terre était recouverte de poussière et d'épines, de petits cailloux et de coquillages cassés, des parcelles de
Rochers que le temps avait fragmentés, et j'étais moi-même aussi faite d'éclats, de désordre et de chaud. J'étais dans mon corps et un peu au-dessus aussi, je me voyais clairement marcher avec Dario vers la crique, je savais ce qui allait nous arriver, j'avais conscience que bientôt je serais "ni tout à fait la même ni tout à fait une autre", et je souriais ä Dario, d'un sourire nouveau, plus tendre, presque amusé auquel il répondait en se mordant un peu les lèvres, c'était la première fois que je le voyais gêné.

Véronique Olmi, Le premier amour

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corporal

1 Février 2014, 04:13am

Publié par vertuchou

son triangle isocèle m'obsède
qui s'ouvre puis se ferme comme un éventail
Geyser / odeurs corporelles
décrue de l'envie
que je te dédie
magnétisme magnitude absolue
séisme cutané
mon sexe grande roussette
montée de l'envie , roux rousse rouvre
et ta peau !
oh ! mon corporal

FrenchPeterpan

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Un hémisphère dans une chevelure

18 Janvier 2014, 05:01am

Publié par vertuchou

Laisse-moi respirer longtemps, longtemps, l'odeur de tes cheveux, y plonger tout mon visage, comme un homme altéré dans l'eau d'une source, et les agiter avec ma main comme un mouchoir odorant, pour secouer dans l'air.


Si tu pouvais savoir tout ce que je vois ! Tout ce que j'entends dans tes cheveux ! Mon âme voyage sur le parfum comme l'âme des autres hommes sur la musique.

Charles Baudelaire

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Dispositions

7 Janvier 2014, 05:18am

Publié par vertuchou

Elle dispose de choses : des épaules, des fesses, un nombril, des colliers, une chevelure, du jade… Tout cela la dispose. Du jade, une chevelure, des colliers la disposent, mais elle dispose de son pas, de son éclat, de son souffle.

Elle dispose de sa peau. Non. Des épaules, des fesses, un nombril, des sourires, des robes, des doigts, des ongles, des colliers la disposent. Sa peau la dispose.

De l’âme la dispose. Comment dire autrement ? De l’âme. Des vagues, des lames d’âmes. Trop ce vocable. Du naufrage à peine, du vertige la dispose, et elle dispose des roses d’âmes, d’âme trémière au vent frémissant comme une aube.

Non. Encore non. Elle danse. Elle dispose d’hommes qui la disposent, l’opposent, la reposent, font sa pause.

Yves Le Pestipon

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Tu es plaisir

27 Décembre 2013, 04:25am

Publié par vertuchou

Tu es plaisir, avec chaque vague séparée de ses suivantes. Enfin toutes à la fois chargent. C’est la mer qui se fonde, qui s’invente. Tu es plaisir, corail de spasmes.

René Char Lettera amorosa,

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