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poetes d'aujourd'hui

Comme toi

10 Octobre 2011, 05:18am

Publié par vertuchou

Comme toi,

j'aime l'amour, la vie, le doux enchantement

des choses, le paysage

céleste des jours de janvier.


Aussi, mon sang bout

et mes yeux rient

qui ont connu le jaillissement des larmes.

 
Je crois que le monde est beau,

que la poésie est comme le pain, pour tous.

 
Et que mes veines ne finissent pas en moi

mais dans le sang unanime

de ceux qui luttent pour la vie,

l'amour,

les choses,

le paysage et le pain,

la poésie pour tous.

 

 

Roque Dalton

 

 

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Je suis comme je suis

6 Octobre 2011, 05:48am

Publié par vertuchou

Je suis comme je suis
Je suis faite comme ça
Quand j'ai envie de rire
Oui je ris aux éclats
J'aime celui qui m'aime
Est-ce ma faute à moi
Si ce n'est pas le même
Que j'aime chaque fois
Je suis comme je suis
Je suis faite comme ça
Que voulez-vous de plus
Que voulez-vous de moi

Je suis faite pour plaire
Et n'y puis rien changer
Mes talons sont trop hauts
Ma taille trop cambrée
Mes seins beaucoup trop durs
Et mes yeux trop cernés
Et puis après
Qu'est-ce que ça peut vous faire
Je suis comme je suis
Je plais à qui je plais

Qu'est-ce que ça peut vous faire
Ce qui m'est arrivé
Oui j'ai aimé quelqu'un
Oui quelqu'un m'a aimée
Comme les enfants qui s'aiment
Simplement savent aimer
Aimer aimer...
Pourquoi me questionner
Je suis là pour vous plaire
Et n'y puis rien changer.

Jacques Prévert

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Chanson du va-et-vient du vent

3 Octobre 2011, 05:37am

Publié par vertuchou

Sur ma joue un baiser.
Oui, le vent passe.
Sur ma joue nulle trace
du vent passé.

Sur ta joue un baiser.
Oui, le vent passe.
Sur ta joue nulle trace
de vent glissé

Sur nos joues un baiser.
Oui, le vent passe.
Sur nos joues nulle trace
du vent glacé.


Paul Fort

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Nos songes nous rassemblent

30 Septembre 2011, 05:16am

Publié par vertuchou

Nos songes nous rassemblent,

Nous y croisons beauté,

Extase et volupté.

Alors, pareil au semeur

Je place en votre sein

La graine fertile,

Et sa virgule de lumière

Pour y pérenniser

L’hymne du libre amour,

Qui insuffle la vie

Aux jachères du désert.



Michel Bénard

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Dès que tu entres dans ma chambre

27 Septembre 2011, 06:00am

Publié par vertuchou

Dès que tu entres dans ma chambre   
tu la fais se tourner vers le soleil.
Le front sur toi de la plus faible lueur
et c'est tout le ciel qui t'enjambe.

 Pour que mes mains puissent te toucher
il faut qu'elles se fraient un passage
à travers les blés dans lesquels tu te tiens,
avec toute une journée de pollen sur la bouche.

 

Marija

 

Nue, tu te jettes dans ma nudité
comme par une fenêtre
au-delà de laquelle le monde n'est plus
qu'une affiche qui se débat dans le vent.

Tu ne peux pas aller plus loin que mon corps
qui est contre toi comme un mur.
Tu fermes les yeux pour mieux suivre les chemins
que ma caresse trace sous ta peau.

 Lucien Becker 

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les yeux

19 Septembre 2011, 05:47am

Publié par vertuchou

Deux lueurs rouges — non, des miroirs !
Non, deux ennemis !
Deux cratères séraphins.
Deux cercles noirs

Carbonisés — fumant dans les miroirs
Glacés, sur les trottoirs,
Dans les salles infinies —
Deux cercles polaires.

Terrifiants ! Flammes et ténèbres !
Deux trous noirs.
C’est ainsi que les gamins insomniaques
Crient dans les hôpitaux : — Maman !

Peur et reproche, soupir et amen…
Le geste grandiose…
Sur les draps pétrifiés —
Deux gloires noires.

Alors sachez que les fleuves reviennent,
Que les pierres se souviennent !
Qu’encore encore ils se lèvent
Dans les rayons immenses —

Deux soleils, deux cratères,
— Non, deux diamants !
Les miroirs du gouffre souterrain :
Deux yeux de mort.

30 juin 1921.

 

Marina Tsvetaeva

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La passante

13 Septembre 2011, 05:59am

Publié par vertuchou

Hier, j'ai vu passer, comme une ombre qu'on plaint,
En un grand parc obscur, une femme voilée :
Funèbre et singulière, elle s'en est allée,
Recélant sa fierté sous son masque opalin.

Et rien que d'un regard, par ce soir cristallin,
J'eus deviné bientôt sa douleur refoulée ;
Puis elle disparut en quelque noire allée
Propice au deuil profond dont son coeur était plein.

Ma jeunesse est pareille à la pauvre passante :
Beaucoup la croiseront ici-bas dans la sente
Où la vie à la tombe âprement nous conduit;

Tous la verront passer, feuille sèche à la brise
Qui tourbillonne, tombe et se fane en la nuit ;
Mais nul ne l'aimera, nul ne l'aura comprise.

 

Emile Nelligan  

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Est-ce ainsi que les hommes vivent ?

5 Septembre 2011, 05:21am

Publié par vertuchou

Tout est affaire de décor
Changer de lit changer de corps
A quoi bon puisque c'est encor
Moi qui moi-même me trahis
Moi qui me traîne et m'éparpille
Et mon ombre se déshabille
Dans les bras semblables des filles
Où j'ai cru trouver un pays

Coeur léger coeur changeant coeur lourd
Le temps de rêver est bien court
Que faut-il faire de mes jours
Que faut-il faire de mes nuits
Je n'avais amour ni demeure
Nulle part où je vive ou meure
Je passais comme la rumeur
Je m'endormais comme le bruit

Est-ce ainsi que les hommes vivent ?
Et leurs baisers au loin les suivent

C'était un temps déraisonnable
On avait mis les morts à table
On faisait des châteaux de sable
On prenait les loups pour des chiens
Tout changeait de pôle et d'épaule
Le pièce était-elle ou non drôle
Moi si j'y tenais mal mon rôle
C'était de n'y comprendre rien

Dans le quartier Hohenzollern
Entre la Sarre et les casernes
Comme les fleurs de la luzerne
Fleurissaient les seins de Lola
Elle avait un coeur d'hirondelle
Sur le canapé du bordel
Je venais de m'allonger près d'elle
Dans les hoquets du pianola

Est-ce ainsi que les hommes vivent
Et leurs baisers au loin les suivent

Le ciel était gris de nuages
Il y volait des oies sauvages
Qui criaient la mort au passage
Au-dessus des maisons et des quais
Je les voyais par la fenêtre
Leur chant triste entrait dans mon être
Et je croyais y reconnaître
Du Rainer Maria Rilke

Elle était brune et pourtant blanche
Ses cheveux tombaient sur ses hanches
Et la semaine et le dimanche
Elle ouvrait à tous ses bras nus
Elle avait des yeux de faïence
Et travaillait avec vaillance
Pour un artilleur de Mayence
Qui n'en est jamais revenu

Est-ce ainsi que les hommes vivent ?
Et leurs baisers au loin les suivent

Il est d'autres soldats en ville
Et la nuit montent les civils
Remets du rimmel à tes cils
Lola qui t'en iras bientôt
Encore un verre de liqueur
Ce fut en avril à cinq heures
Au petit jour que dans ton coeur
Un dragon plongea son couteau

Est-ce ainsi que les hommes vivent
Et leurs baisers au loin les suivent
Comme des soleils révolus.

 

adaptation par Léo Ferré du poème

de Louis Aragon

"Bierstube Magie allemande"

 

 

 

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Prose

1 Septembre 2011, 05:06am

Publié par vertuchou

Tu me manques mais maintenant
Pas plus que ceux que je ne connais pas
Je les invente criblant de tes faces
La terre qui fut riche en mondes
Quand chaque roi guidait une île)
A l’estime de ses biens (cendre d'
Oiseaux, manganèse et salamander)
Et que des naufragés fédéraient les bords)

Maintenant tu me manques mais
Comme ceux que je ne connais pas
Dont j’imagine avec ton visage l’impatience
J’ai jeté tes dents aux rêveries
Je t’ai traité par-dessus l’épaule

(Il y a des vestales qui reconduisent au Pacifique
Son eau fume C’est après le départ des fidèles
L’océan bave comme un mongol aux oreillers du lit
Charogne en boule et poils au caniveau de sel
Un éléphant blasphème Poséidon)

Tu ne me manques pas plus que ceux
Que je ne connais pas maintenant
Orphique tu l’es devenu J’ai jeté
Ton absence démembrée en plusieurs vals
Tu m’as changé en hôte Je sais
Ou j’invente

 

Michel Deguy

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Échardes

27 Août 2011, 05:44am

Publié par vertuchou

     I
    Cesse donc de gémir Rien de plus ridicule
    Qu'un homme qui gémit
    Si ce n'est un homme qui pleure

    II
    [...]
    Je me promène avec
    Un grand trou dans mon coeur

    III
    Crois-moi
    Rien ne fait si mal qu'on pense

    XII
    Qui dit J'ai mal
    Oublie les autres
    [ ...]   

    XVII
    La vie est pleine d'échardes

Louis Aragon


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