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poetes d'aujourd'hui

En rêve

11 Mai 2012, 05:10am

Publié par vertuchou

Je porte en même temps que toi
Cette rupture noire et opiniâtre.
Pourquoi pleures-tu ? Donne-moi la main.
Promets-moi plutôt de revenir en rêve.
Pour toi, pour moi (nous sommes deux montagnes),
Pour toi, pour moi, plus de revoir en ce monde.
Tu pourras simplement, à minuit, m’envoyer
Un message par les étoiles.

Anna Akhmatova,

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La jeune femme

5 Mai 2012, 05:20am

Publié par vertuchou

Il ne faudra pas confier
à ses beaux yeux sombres & lumineux
mes rêves pénibles
Mais debout, effacé
par l’univers qui va trop vite
veiller de loin sur les diamants de son cœur
sur sa voix
sur ses paupières chaudes
Quand sa bouche soulèvera
une autre lumière
plus légère
plus cachée
entre les fenêtres de sa chambre

 

Pascal Boulanger

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Poème 20

3 Mai 2012, 05:02am

Publié par vertuchou

Je peux écrire les vers les plus tristes cette nuit.

Écrire, par exemple: "La nuit est étoilée
et les astres d'azur tremblent dans le lointain."

Le vent de la nuit tourne dans le ciel et chante.

Je puis écrire les vers les plus tristes cette nuit.
Je l'aimais, et parfois elle aussi elle m'aima.

Les nuits comme cette nuit, je l'avais entre mes bras.
Je l'embrassai tant de fois sous le ciel, ciel infini.

Elle m'aima, et parfois moi aussi je l'ai aimée.
Comment n'aimerait-on pas ses grands yeux fixes.

Je peux écrire les vers les plus tristes cette nuit.
Penser que je ne l'ai pas. Regretter l'avoir perdue.

Entendre la nuit immense, et plus immense sans elle.
Et le vers tombe dans l'âme comme la rosée dans l'herbe.

Qu'importe que mon amour n'ait pas pu la retenir.
La nuit est pleine d'étoiles, elle n'est pas avec moi.

Voilà tout. Au loin on chante. C'est au loin.
Et mon âme est mécontente parce que je l'ai perdue.

Comme pour la rapprocher, c'est mon regard qui la cherche.
Et mon coeur aussi la cherche, elle n'est pas avec moi.

Et c'est bien la même nuit qui blanchit les mêmes arbres.
Mais nous autres, ceux d'alors, nous ne sommes plus les mêmes.

je ne l'aime plus, c'est vrai. Pourtant, combien je l'aimais.
Ma voix appelait le vent pour aller à son oreille.

A un autre. A un autre elle sera. Ainsi qu'avant mes baisers.
Avec sa voix, son corps clair. Avec ses yeux infinis.

je ne l'aime plus, c'est vrai, pourtant, peut-être je l'aime.
Il est si bref l'amour et l'oubli est si long.

C'était en des nuits pareilles, je l'avais entre mes bras
et mon âme est mécontente parce que je l'ai perdue.

Même si cette douleur est la dernière par elle
et même si ce poème est les derniers vers pour elle.

Pablo Neruda

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Oublieuse mémoire

28 Avril 2012, 05:28am

Publié par vertuchou

C’est beau d’avoir élu
Domicile vivant
Et de loger le temps
Dans un cœur continu,
Et d’avoir vu ses mains
Se poser sur le monde
Comme sur une pomme
Dans son petit jardin,
D’avoir aimé la terre,
La lune et le soleil
Comme des familiers
Qui n’ont pas leurs pareils,
Et d’avoir confié
Le monde à sa mémoire
Comme un clair cavalier
A sa monture noire,
D’avoir donné visage
A ces mots : femme, enfants,
Et servir de rivage
A d’errants continents
Et d’avoir  atteint l’âme
A petits coups de rame
Pour ne l’effaroucher
D’une brusque approchée.
C’est beau d’avoir connu
L’ombre sous le feuillage
Et d’avoir senti l’âge
Ramper sur le corps nu,
Accompagné la peine
Du sang noir dans nos veines
Et doré son silence
De l’étoile Patience
Et d’avoir tout ces mots
Qui bougent dans la tête,
De choisir les moins beaux
Pour leur faire un peu fête,
D’avoir senti la vie,
Hâtive et mal aimée,
De l’avoir enfermée
Dans cette poésie.

 

Jules Supervielle

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Je renonce / Renuncio

19 Avril 2012, 05:30am

Publié par vertuchou

Je renonce, je me retire
de ce jeu, je ne connais pas les règles
moi j’avais les blanches
mais   toi   tu   fais   des   coups   que   je   ne comprends pas
- peut-être qu’il y a beaucoup de dames à ta table
ou que tu joues ce jeu à ta manière -
Mais j’ai toujours, malgré la pénombre
et la peur, des tours debout
des cavaliers scellés dans la nuit
des fous argentés sur ma ligne d’horizon
mon cœur est reine parmi la brume
de ta peau incertaine.
Joueur de nuits tièdes, je me retire
je   préfère   ma   solitude   et   mon   ancienne tristesse.
Mieux   vaut   laisser   tomber   la   partie,   mon  amour.

 Gioconda Belli,

Renuncio, me retiro
de este juego, no me sé las reglas
yo jugaba a las blancas
pero tú haces jugadas que no entiendo
- tal vez haya muchas damas en tu mesa
o jugaras este juego a tu manera –
Pero aún, a pesar de la tiniebla
y el miedo, tengo torres en pie
caballos empotrados en la noche
alfiles plata en línea de horizonte
mi corazón es reina entre la niebla
de tu insegura piel.
Jugador de noches tibias, me retiro
prefiero mi soledad y mi antigua tristeza.
Mejor dejemos tablas la partida, amor.

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Un désir absolu

15 Avril 2012, 05:44am

Publié par vertuchou

Entre visions et reflets mon amour,
Je prends l’empreinte de tes yeux,
Le cristal de ton corps jeté dans la lumière.
Je pars nous mettre à l’abri de ce temps.

Je donne ton sourire à une bouche d’or,
Je laisse tes cheveux recoudre l’infini,
J’attache à ton désir un désir absolu,
J’appelle de ton nom le chant des solitudes.

Il y a je le sais des traces sur le vide,
Des blessures qui dessinent le chaos de mon cœur.
Je suis au labyrinthe où je me suis perdu,
En rêvant de me perdre sans retour avec toi.

Je te veux dans mes bras comme au ciel,
Je te veux à tous les échos essoufflés,
Je te veux à bout portant accordée,
Je te veux avec moi dans un néant solitaire.

En ton visage est au creux de mes mains,
Je le presse si fort sur mon propre visage,
Que je traverse monts et désastres, ruines ou glaciers,
Jusqu’à toucher encore cette merveille de nous,

Entre visions et reflets mon amour.

André Velter

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Consolation sur la plage

13 Avril 2012, 05:24am

Publié par vertuchou

Allons, ne pleure pas…
L’enfance est perdue
La jeunesse est perdue
Mais la vie n’est pas perdue.

Le premier amour est passé
Le deuxième est passé
Le troisième est passé
Mais le coeur persiste.

Tu as perdu ton meilleur ami
Tu n’as tenté aucun voyage
Tu ne possèdes ni maison, ni bateau, ni terre,
Mais tu as un chien.

Certains mots durs,
Prononcés doucement, t’ont blessé.
Jamais, ils n’ont jamais cicatrisé.
Oui mais, et l’humour ?

L’injustice ne se résout.
À l’ombre de ce monde fourvoyé
tu as murmuré une protestation timide.
Mais d’autres suivront.

Tout bien compté, tu devrais
te jeter une fois pour toutes dans les flots.
Tu es nu sur le sable, dans le vent…
Dors, mon petit. A

 

Carlos Drummond de Andrade

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Mon amour découvre des objets / Mi amor descubre objetos

9 Avril 2012, 05:51am

Publié par vertuchou

mon amour découvre des objets
des papilons soyeux
se cachent entre ses doigts
ses paroles m'éclaboussent d'étoiles

sous les doigts de mon amour
la nuit brille telle un éclair

mon amour invente des mondes
par des serpents aux écailles de diamants

mondes où la musique est le monde   

mondes où les maisons aux yeux ouverts
s'extasient au lever du soleil

mon amour est un tournesol fou qui oublie
dans le silence des morceaux de soleil

Isabel Fraire

mi amor descubre objetos
sedosas mariposas
se ocultan en sus dedos

sus palabras
me salpican de estrellas

bajo los dedos de mi amor la noche
brilla como relámpago

mi amor inventa mundos en que habitan
serpientes cuajadas de brillantes

mundos en que la música es el mundo
mundos en que las casas con los ojos abiertos
contemplan el amanecer

mi amor es un loco girasol que olvida
pedazos de sol en el silencio


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Chanson de la pomme

5 Avril 2012, 05:00am

Publié par vertuchou

Ciel de l'après-midi en miniature :
jaune, vert, incarnat
avec des étoiles de sucre, de petits nuages de satin,

pomme au sein dur
avec pour toucher de lentes neiges,
pour le goût de douces rivières
et des ciels fins pour l'odorat.

Signe du savoir.
Porteuse d'un très haut message :
la loi de la gravitation
ou celle du sexe amoureux.

La pomme, entre nos mains,
est souvenir du paradis.
Ciel minuscule autour duquel
vole un ange de parfum

Jorge Carrera Andrade

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Tristan et Yseut

3 Avril 2012, 05:30am

Publié par vertuchou

- Parle-moi, dit Yseut à Tristan.
- Je t'aime, dit Tristan à Yseut.
- Je sais. Mais c'est tout ? demanda Yseut.
- Je t'aime beaucoup, répondit Tristan.
- Mais encore ? insista Yseut.
- Je t'adore, ajouta Tristan.
- C'est attristant, pensa Yseut.

 

Michel Deville

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