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emois

A présent elle sait...

24 Mars 2015, 04:18am

Publié par vertuchou

A présent elle sait enfin pourquoi elle vit:
parce qu'elle devait -le-rencontrer.
Dans les heures sombres de désespoir,
elle s'est souvent demandé pourquoi
elle était venue sur terre.
Elle en voulait à ses parents de l'avoir mise au monde.
Ce monde qui lui semblait hostile et dur.
Elle est tellement émue qu'il lui soit apparu
qu'elle en mourrait volontiers sur le champ.
Rien n'existe pour elle de plus grandiose
et de plus excitant
que la contemplation de cet étranger.
Pour la première fois de sa vie,
elle aime quelqu'un qui n'est pas son père.

Unica Zürn Sombre printemps -

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Oui, Amour, toucher la plus douce nappe d’air

21 Mars 2015, 04:13am

Publié par vertuchou

Oui, Amour, toucher la plus douce nappe d’air, hier amont de Vaucluse,

c’était te dénuder, se jeter sur toi, et n’être plus qu’une forme heureuse

dans l’espace, comme sur la terre de sable qui nous accueillait. […] J

e me porte vers ton corps toujours prêt à s’ouvrir, ton visage, ta parole,

ton rire quand ma bouche clôt ta bouche…

ma source chérie, ta nuit tant cherchée et désirée.

Merci, merci : tes deux lettres feront, déferont et referont

mon bonheur de droit, par toi aujourd’hui.

Tu sais tout cela, chère Adorée.


Lettre de René Char à Marie-Claude Char

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Je trouvai Albertine dans son lit

6 Mars 2015, 04:31am

Publié par vertuchou

Je trouvai Albertine dans son lit. Dégageant son cou, sa chemise blanche

changeait les proportions de son visage qui congestionné par le lit,

ou le rhume, ou le dîner, semblait plus rose ; je pensai aux couleurs

que j’avais eues quelques heures auparavant à côté de moi, sur la digue,

et desquelles j’allais enfin savoir le goût ;

sa joue était traversée de haut en bas par une de ses longues tresses noires

et bouclées que pour me plaire elle avait défaites entièrement.

Elle me regardait en souriant.

A côté d’elle, dans la fenêtre, la vallée était éclairée par le clair de lune.

La vue du cou nu d’Albertine, de ces joues trop roses, m’avait jeté

dans une telle ivresse (c’est-à-dire avait tellement mis pour moi

la réalité du monde non plus dans la nature ; mais dans le torrent

des sensations que j’avais peine à contenir) que cette vue

avait rompu l’équilibre entre la vie immense, indestructible

qui roulait dans mon être et la vie de l’univers, si chétive en comparaison.

Marcel Proust, A l'ombre des jeunes filles en fleurs

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Je dors en toi

13 Février 2015, 04:41am

Publié par vertuchou

Je dors en toi. Je dors toujours en toi, plus profondément en toi.

Je t’enlace, tu me pénètres des dents, des bras.

Tu as le râle des palombes.

Les yeux fermés, je vois ouverts tes yeux.

Y dérivent les rivières.


Jean Malrieu

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Par coup de foudre j’entends

5 Février 2015, 06:21am

Publié par vertuchou

Par coup de foudre j’entends ce choc immédiat

d’où jaillit une lumière intense, un éclair,

sous laquelle vous voyez l’autre tout entier d’un seul coup d’œil ;

vous voyez tout ce que les autres ne voient pas,

car l’amour, loin d’être aveugle, comme on le dit bêtement,

l’amour est extralucide.


Françoise Giroud

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Tu donnes des rêves à mes nuits

28 Janvier 2015, 04:03am

Publié par vertuchou

Tu donnes des rêves à mes nuits, des chansons à mes matins, des buts à mes jours

et des désirs solaires à mes rouges crépuscules. Tu donnes sans fin...

Je suis tout ce que tu veux. Et je serai esclave ou roi selon que tu t'irrites

ou souris. Mais ce qui me fait exister - c'est toi.

Rainer Maria Rilke, lettres à Lou Andreas Salomé

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Je te rencontre...

20 Janvier 2015, 04:01am

Publié par vertuchou

Cette ville était faite à la taille de l’amour. Tu étais fait à la taille de mon corps même.

Qui es-tu ? Tu me tues.

J’avais faim. Faim d’infidélités, d’adultères, de mensonges et de mourir.

Depuis toujours. Je me doutais bien qu’un jour tu me tomberais dessus.

Je t’attendais dans une impatience sans borne, calme.

Dévore-moi. Déforme-moi à ton image afin qu’aucun autre,

après toi, ne comprenne plus du tout le pourquoi de tant de désir.

Nous allons rester seuls, mon amour. La nuit ne va pas finir.

Le jour ne se lèvera plus sur personne. Jamais. Jamais plus.

Enfin. Tu me tues. Tu me fais du bien.


Marguerite Duras, Hiroshima mon amour

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Tes yeux me manquent

8 Janvier 2015, 04:45am

Publié par vertuchou

Tes yeux me manquent
Et je deviens aveugle
Dès que tu regardes ailleurs
Tous les jours je meurs
Quand parmi les vivants
Je te ne vois nulle part
Qu'est ce que vivre mon amour
Quand toute chose en ce monde
Me raconte ton absence.

Yasmina Khadra

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Rien d’autre ne se produisit ce jour-là

23 Décembre 2014, 04:09am

Publié par vertuchou

"Bien sûr rien d’autre ne se produisit ce jour-là,
que cette capture silencieuse d’un homme dans une femme
et d’une femme dans un regard.
Il n’advint rien,
que ce silence plein de choses sues,
d’évidences indéfiniment jouées,
ce langage d’éclairs, d’eau et de lumière
que parle les yeux,le sabir du désir
qui n’a de mystère que celui des choses tues,
un faux mystère, puisque nous n’avons pas besoin des mots
pour reconnaître une attraction."


Alice Ferney, La conversation amoureuse

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Ainsi frappe la foudre

7 Décembre 2014, 04:27am

Publié par vertuchou

"L’amour surgit devant nous comme surgit de terre
l’assassin au coin d’une ruelle obscure et nous frappa
tous deux d’un coup.
Ainsi frappe la foudre, ainsi frappe le poignard !
Elle affirma d’ailleurs par la suite que les choses
ne s’étaient pas passées ainsi, puisque nous nous aimions,
évidemment, depuis très longtemps, depuis toujours,
sans nous connaître,
sans nous être jamais vus…"


Mikhaïl Boulgakov, Le Maître et Marguerite

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