Ami, ô, mon ami…
Ami, ô, mon ami… J'éprouve les limites du langage, et mes propres limites aussi
-limites écartelées continûment… et qu'est-ce qui va naître ?
Ce n'est pas de tout repos de grandir. Demain me donne le vertige,
et pourtant j'ai soif infiniment, j'ai faim infiniment de nouvelles nourritures ;
je n'en finis pas de venir au monde.
Et qui délivrera cet oiseau battant de mes poignets ?
-Ah, pardonne-moi, pardonne-moi cette incohérence.
Je suis abattue contre ton épaule, mais comment consoleras-tu ce bonheur
de vivre si poignant qu'il m'est douleur ?
Mireille Sorgue, Lettres à l’Amant,