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poetes d'aujourd'hui

Vacances

18 Décembre 2019, 01:56am

Publié par vertuchou

Tiède est le vent
Chaud est le temps
Fraîche est ta peau
Doux, le moment

Blanc est le pain
Bleu est le ciel
Rouge est le vin
D’or est le miel

Odeurs de mer
Embruns, senteurs
Parfums de terre
D’algues, de fleurs

Gai est ton rire
Plaisant ton teint
Bons, les chemins
Pour nous conduire

Lumière sans voile
Jours à chanter
Millions d’étoiles
Nuits à danser

Légers, nos dires
Claires, nos voix
Lourd, le désir
Pesants, nos bras

Tiède est le vent
Chaud est le temps
Fraîche est ta peau
Doux le moment

Doux le moment…
Doux le moment…
 

Esther Granek

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Le temps de neige

15 Décembre 2019, 01:47am

Publié par vertuchou

Il neige elles s'en rient
Elles se rient de tout
De l'hiver d'être nues
De la nuit et des hommes
Du bouc noir des sapins
Du vent et de leur maître.

Le feu peint leur lit froid
D'aras et de chimères
Aux gorges étincelantes
Et dans leurs yeux se battent
Faisans geais colibris.

La parure incontestable
De beaux jours qui s'amenuisent
En éclats d'une gaieté folle
En duvets jetés aux frimas
Pour le plus vain des sacrifices
S'il n'est temps que d'être perdues.

Si leur lit est un champ de défaite
Si les draps rompus sont à bas
Aux pieds de cet homme sans âge
Sans amitié ni pardon
Bloc de pierre erratique
Qu'un glacier laissa dans la chambre.

Soumise à tout par sa fierté
L'une se feint indifférente
Mais déjà l'autre s'émerveille
Rosit sans cesser d'être blanche
Comme un petit harfang des neiges
Pris aux filets de l'oiseleur.

Sait-il bien qu'elle est la plus jeune
Et que son plumage est si tendre
Qu'un trait de sang le ruinera ?

Mais le bûcher s'est mis de la partie
Le roc se fend la chambre s'illumine
Le jeu bourru va bientôt s'achever
En chaude ondée de rubis et de nacre.

 André Pieyre de Mandiargues

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Vient le jour

11 Décembre 2019, 01:17am

Publié par vertuchou

Vient le jour où la vie ressemble enfin à la vie.
Où l’ombre et la lumière jaillissent
du même instant d’éternité
que délivre l’éphémère.

Vient le jour où la joie et le tourment
la grâce et la détresse,
l’amour et l’absence font un.

Vient le jour où l’on pose la main
sur un visage, et tout devient la clarté
de ce visage. Tout se nourrit
du même amour, d’un même rayon de bleu
et boit au même fleuve. Tout va
et vient dans un unique balancement des choses

Hélène Dorion

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Tard dans la vie

7 Décembre 2019, 01:14am

Publié par vertuchou

Je suis dur
Je suis tendre
Et j'ai perdu mon temps
A rêver sans dormir
A dormir en marchant
Partout où j'ai passé
J'ai trouvé mon absence
Je ne suis nulle part
Excepté le néant
Mais je porte caché au plus haut des entrailles
A la place ou la foudre a frappé trop souvent
Un cœur ou chaque mot a laissé son entaille
Et d'où ma vie s'égoutte au moindre mouvement

Pierre Reverdy

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Tout ça qui a commencé

3 Décembre 2019, 01:40am

Publié par vertuchou

Tout ça qui a commencé
il faut bien que ça finisse :

la maison zon sous l'orage
le bateau dans le naufrage
le voyageur chez les sauvages.

Ce qui s'est manifesté
il faut que ça disparaisse :

feuilles vertes de l'été
espoir jeunesse et beauté
an-ci-en-nes vérités.

MORALITÉ

Si vous ne voulez rien finir
évitez de rien commencer.
Si vous ne voulez pas mourir,
quelques mois avant de naître
faites-vous décommander.

Jean Tardieu

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XLVI

29 Novembre 2019, 01:27am

Publié par vertuchou

Vaincue la page
Et le poème est comme si un rossignol chutait
Et la page dégage l’odeur du rossignol,
De l’humide rossignol
Humide comme le désert
Où chantent sans cesse les rossignols.

Leopoldo Maria Panero

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Quoi ?

25 Novembre 2019, 01:19am

Publié par vertuchou

Qu’es-tu pour moi ?
Que sont pour moi tes doigts
et tes lèvres ?
Qu’est pour moi le son de ta voix ?
Qu’est pour moi ton odeur
avant l’étreinte
et ton parfum
pendant l’étreinte
et après ?

Qu’es-tu pour moi ?
Que suis-je pour toi ?
Que suis-je ?

Erich Fried

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Traces

17 Novembre 2019, 01:09am

Publié par vertuchou

Sur le ciment frais d’une allée
un oiseau jadis laissa
pigeon, colombe ou tourterelle,
l’empreinte de ses pas.


l’oiseau sans doute s’envola
vécut de saison an saison
puis fut mangé par la terre.

Mais la trace à jamais demeure
comme une longue et belle phrase énigmatique.

Il en est ainsi du poète
sur le chemin de l’écriture
dans une secrète espérance.

 Jean Joubert

 

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L'abscisse et l'ordonnée

13 Novembre 2019, 01:50am

Publié par vertuchou

L’abscisse est la cruelle Maîtresse de l'ordonnée.
À Peine se sont-elles croisées
qu'elles enfantent, baptisent et domicilient un petit point
dont il faut reconnaître - à regret - qu'elles ne prennent aucun soin.
L’abscisse en effet n'a de cesse que de rencontrer une nouvelle ordonnée
plus jeune, plus belle,
à laquelle elle fera illico un nouveau petit point unique,
qu'elle abandonnera comme le précédent,
le vouant le plus souvent
à la solitude paranoïaque des corps totalement ordonnés.

Marie Desplechin

 

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Les pommes respirent

9 Novembre 2019, 01:36am

Publié par vertuchou

Ne laissez pas l’amour s’échapper de ses pommes.
Ce sont des fruits mordus, sucrés, puis oubliés.
On trouve dans l’herbage ce qui reste d’un homme ;
pulpes mortes et fraîches, chair qui perdit son nacré.

Le pommier a fleuri dans le gel d’hiver ;
ses pétales ont été emportés au loin par un vent sec.
L’écorce s’est fendue, la mousse est sa misère ;
une roue a écrasé ses pépins, la neige les enterre.

L’amour charnu bouge dans le vent froid,
pomme jaunie par les soucis :
c’est un nomade abandonné sans être en vie,
quel amant a choisi d’être un dieu sans carquois ?

Amour rouge et rond telle une pomme douce,
on retrouve des traces de dents sur la peau neuve.
Est-ce un baiser perdu dont la sève s’abreuve ?
On oublie le pas discret d’une saison trop rousse.

Amour, quoi de plus secret, perdu, abandonné,
la guêpe a mordu son cœur qui fut le tien.
Tu roules sur le chemin avec les chiens,
tu te laisses enfermer dans un blanc compotier.

Amour comestible dont le jus fait du bien.

Jean Cayrol

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