Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Vertuchou.over-blog.com

poetes d'aujourd'hui

Pour le moment

9 Août 2019, 02:10am

Publié par vertuchou

La vie est simple et gaie
Le soleil clair tinte avec un bruit doux
Le son des cloches s’est calmé
Ce matin la lumière traverse tout
Ma tête est une rampe allumé
Et la chambre où j’habite est enfin éclairée
Un seul rayon suffit
Un seul éclat de rire
Ma joie qui secoue la maison
Retient ceux qui voudraient mourir
Par les notes de sa chanson
Je chante faux
Ah que c’est drôle
Ma bouche ouverte à tous les vents
Lance partout des notes folles
Qui sortent je ne sais comment
Pour voler vers d’autres oreilles
Entendez je ne suis pas fou
Je ris au bas de l’escalier
Devant la grande porte ouverte
Dans le soleil éparpillé
Au mur parmi la vigne verte
Et mes bras sont tendus vers vous
C’est aujourd’hui que je vous aime

Pierre Reverdy

Voir les commentaires

Tu longes à mes côtés

28 Juillet 2019, 02:17am

Publié par vertuchou

Tu longes à mes côtés les rivages du temps
Sans jamais te soumettre aux chevaux de halage
Ni laisser la colère gouverner ton voyage
À mes côtés tu fondes des digues passagères
Pour convaincre l’eau noire de laisser aux oiseaux
Le droit de survoler leur delta de lumière
Comme un fleuve tu ouvres des routes d’avenir
Dans un pays sans nom où s’accordent déjà
La fougue de mes pas et l’eau de ton sourire

------------- Bruno Doucey

Voir les commentaires

La Sorgue

20 Juillet 2019, 01:56am

Publié par vertuchou

Rivière trop tôt partie, d’une traite, sans compagnon,
Donne aux enfants  de mon pays le visage de ta passion.

Rivière où l’éclair finit et où commence ma maison,
Qui roule aux marches d’oubli la rocaille de ma raison.

Rivière, en toi terre est frisson, soleil anxiété.
Que chaque pauvre dans sa nuit fasse son pain de ta moisson.

Rivière souvent punie, rivière à l’abandon.

Rivière des apprentis la calleuse condition,
Il n’est vent qui ne fléchisse la crête de tes sillons.

Rivière de l’âme vide, de la guenille et du soupçon,
Du vieux malheur qui se dévide, de l’ormeau, de la compassion.

Rivière des farfelus, des fiévreux, des équarrisseurs,
Du soleil lâchant sa charrue pour s’acoquiner au menteur.

Rivière des meilleurs que soi, rivière des brouillards éclos,
De la lampe qui désaltère l’angoisse autour de son chapeau.

Rivière des égards au songe, rivière qui rouille le fer,
Où les étoiles ont cette ombre qu’elles refusent à la mer.

Rivière des pouvoirs transmis et du cri embouquant les eaux,
De l’ouragan qui mord la vigne et annonce le vin nouveau.

Rivière au cœur jamais détruit dans ce monde fou de prison,
Garde-nous violent et ami des abeilles de l’horizon.

René Char

Voir les commentaires

Tu n'aurais pas dû

16 Juillet 2019, 01:48am

Publié par vertuchou

Tu n'aurais pas dû
me prendre par la main
pour la laisser
rêver de te toucher

Tu n'aurais pas dû
effleurer mes lèvres
pour les laisser
brûler sous tes baisers

Tu n'aurais pas dû
rester silencieux
pour que je ne cesse
d'espérer

Maram al-Masri

Voir les commentaires

Un poème pour la postérité

12 Juillet 2019, 01:52am

Publié par vertuchou

Ce soir,
Si j’écrivais un poème
pour la postérité ?
fichtre
la belle idée

je me sens sûr de moi
j’y vas
et à la postérité
j’y dis merde et remerde
et reremerde
drôlement feintée
la postérité
qui attendait son poème

ah mais

Raymond Queneau

Voir les commentaires

Et ensuite, faites l'amour

8 Juillet 2019, 02:21am

Publié par vertuchou

Et ensuite, faites l'amour.
Pas de sexe, juste de l'amour.
Et avec ça je veux dire
Les baisers lents sur la bouche,
Sur le cou,
Sur le ventre,
Sur le dos,
Les morsures sur les lèvres,
Les mains tressées,
Et les yeux dans les yeux.
Je veux dire, des câlins tellement serrés.
Pour devenir une seule chose,
Des corps piégés et des âmes en collision,
Caresses sur les rayures,
Des vêtements arrachés à la peur,
Bisous sur les faiblesses,
Sur les signes d'une vie
Que jusqu'à ce moment-là
Elle a été un peu fané.
Je veux dire, les doigts sur les corps,
Créer des constellations,
Inhaler des parfums,
Les cœurs qui battent ensemble,
Les respirations qui voyagent
Au même rythme.
Et puis sourires,
Sincères après un peu
Qui ne l'étaient plus.
Voilà,
Faites l'amour et n'ayez pas honte,
Parce que l'amour est de l'art,
Et vous, les chefs-d'œuvre divins.

Alda Merini

Voir les commentaires

Graphèmes

30 Juin 2019, 01:51am

Publié par vertuchou

Le tracé sonore de la ligne
Est antérieur au tempo du blanc.

Le tempo de la ligne
— Tel l'espace et le rythme de la page —
Est antérieur au rythme des couleurs.

L'espace et le tempo de la ligne
Sont intérieurs au rythme de la page.

Corps textué, l'écriture
Est un rythme d'espaces de couleur :
Blanc sur noir,
Noir sur blanc
Dans l'espace blanc de la ligne,
Dans l'espace blanc de la page,
Dans l'espace blanc des couleurs.

L'écriture est un rythme antérieur à ce corps,
Intérieur à cet espace.

L'écriture du noir sur le blanc
Ne connaît qu'un seul signe :
Le blanc invisible
Visé par la couleur.

Jaime Siles

Voir les commentaires

Cadavre exquis

26 Juin 2019, 01:49am

Publié par vertuchou

Si tous les chevaux avaient pour fers des aimants (André Breton)
Le cœur des amants cesserait de battre. (Robert Desnos)

Quand les oiseaux nageront (Louis Aragon)
La moule fera preuve d’énergie. (André Breton)

Si les fortifications étaient meublées de quelques beaux divans rouges (André Breton)
Le téléphone garderait indéfiniment l’image de nos pensées. (Benjamin Péret)

Si la canaille pouvait dire son mot (André Breton)
Les mendiants seraient enterrés dans la basilique Saint-Denis. (Pierre Unik)

Quand on reportera des armures (André Breton)
On ne parlera plus que par proverbes. (Pierre Unik)

Voir les commentaires

Noctambule

22 Juin 2019, 01:46am

Publié par vertuchou

Ce soir, j’irai te visiter, encore.
Tu laisseras la fenêtre doucement entr’ouverte,
Moi, je viendrai du dehors , légère,
Les ailes chargées de poudre d’or,
La poitrine palpitant d’un tendre émoi,
Les mains toutes enivrées de musique.
Toi, encore marié à la nuit,
Tu ouvriras l’espace de tes rêves
Et j’entrerai dans ton soir intime,
Déflorant le secret de ton cœur.

Hélène Phung

Voir les commentaires

Il reste

16 Juin 2019, 02:08am

Publié par vertuchou

Il reste la pluie nue sur les pavés,
nue sur les mains, nue sur les larmes.
Il reste les femmes qu'on a aimées d'un seul regard
et qui passent avec un visage sans réponse.
Chaque foulée dont je marque les chemins
ferme une tombe qui n'est pas la mienne.
Mais le temps est proche où, les lèvres sèches de boue,
je perdrai pied sous le pont trop haut du ciel.
Ma vie n'aura même pas eu l'éclat rapide
de la rosée prise un instant dans le soleil
et l'espace se souviendra d'elle comme d'un souffle
qui faisait remuer ma bouche comme une feuille.
De mon corps dispersé il lèvera des plantes
qui auront un peu de mon regard sur leurs pousses.
Personne ne saura que je revis en elle
seul comme la dernière flaque portée par la terre.

Lucien Becker

Voir les commentaires