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poetes d'aujourd'hui

Sans Elle

16 Novembre 2012, 05:37am

Publié par vertuchou

Regarder devant
avoir peur des gens
Souffrir en dedans
être hors du temps

Comment n’avons nous pas senti
alors que tout était parfait
que le peu de notre vie
s’évaporait comme si de rien n’était

Aujourd’hui tout recommencer
réapprendre les gestes et les gens
pour que demain sublimer
me fasse traverser le temps

Ethan Street

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Ce que c’est / Was es ist

12 Novembre 2012, 05:22am

Publié par vertuchou

C’est du non-sens

dit la raison

C’est ce que c’est

dit l’amour


C’est de la malchance

dit le calcul

Ce n’est rien que douleur

dit la peur


C’est sans issue

dit le bon sens

C’est ce que c’est

dit l’amour



C’est ridicule

dit l’orgueil

C’est insouciant

dit la prudence


C’est impossible

dit l’expérience

C’est ce que c’est

dit l’amour

 


 

Erich Fried



Es ist Unsinn

sagt die Vernunft

Es ist was es ist

sagt die Liebe

 

Es ist Unglück

sagt die Berechnung

Es ist nichts als Schmerz

sagt die Angst

Es ist aussichtslos

sagt die Einsicht

Es ist was es ist

sagt die Liebe



Es ist lächerlich

sagt der Stolz

Es ist leichtsinnig

sagt die Vorsicht

Es ist unmöglich

sagt die Erfahrung

Es ist was es ist

sagt die Liebe







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Dialogue amoureux

10 Novembre 2012, 05:04am

Publié par vertuchou

Je dis : «
Votre prénom ? »

Et elle :

«
Selon vos goûts. »

Je dis : «
Choisissons-nous
Carole ? »

Et elle :

«
J'accepte, pour l'instant. »

Je dis : «
Vous êtes seule ? »

Et elle :

«
Mais avec vous. »

Je dis : «
On peut s'aimer ? »

Et elle :

«
Votre désir a tous les droits. »

Je dis : «
Vos hommes, qui sont-ils ? »

Et elle :

«
Croupiers, industriels, maîtres nageurs. »

Je dis : «
Vos préférences ? »

Et elle :

«
Ceux qui sont tristes mais pas trop. »

Je dis : «
On mange ? »

Et elle :

«
Les huîtres sont un bon prélude. »

Je dis : «
Quelquefois vous lisez ? »

Et elle :

«
Sartre,
Camus et
Thomas
Mann. »

Je dis : «
Vous avez de beaux seins. »

Et elle :

«
Moi aussi, je les aime. »

Je dis : «
Vous êtes à peu près divine. »

Et elle :

«
Vous avez bien raison. »

Je dis : «
Votre cadeau... »

Et elle :

«
Peut-être est-ce gratuit. »

Nous nous sommes aimés

lundi, mardi, dimanche

et le lundi suivant.

Nous avons discuté de
Flaubert,

puis de
Tolstoï.

Je dis :

«
Vous avez des genoux inoubliables. »

Et elle :

«
Seulement les genoux ? »

Nous nous sommes lassés l'un de l'autre,

le même jour, à la même heure,

ce qui est rare et vertueux.
Alain Bosquet

 

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La femme

4 Novembre 2012, 05:26am

Publié par vertuchou

Mais maintenant vient une femme,
Et lors voici qu'on va aimer,
Mais maintenant vient une femme
Et lors voici qu'on va pleurer,

Et puis qu'on va tout lui donner
De sa maison et de son âme,
Et puis qu'on va tout lui donner
Et lors après qu'on va pleurer

Car à présent vient une femme,
Avec ses lèvres pour aimer,
Car à présent vient une femme
Avec sa chair tout en beauté,

Et des robes pour la montrer
Sur des balcons, sur des terrasses,
Et des robes pour la montrer
A ceux qui vont, à ceux qui passent,

Car maintenant vient une femme
Suivant sa vie pour des baisers,
Car maintenant vient une femme,
Pour s'y complaire et s'en aller.

 

Max Elskamp

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Saveur d’homme

1 Novembre 2012, 05:16am

Publié par vertuchou

Donnez-moi de quoi changer les pierres,
De quoi me faire des yeux
Avec autre chose que ma chair
Et des os avec la couleur de l’air ;
Et changez l’air dont j’étouffe
En un soupir qui le respire
Et me porte ma valise
De porte en porte ;
Qu’à ce soupir je pense : sourire
Derrière une autre porte.
Détestable saveur d’homme.
En vérité, une main ne tremble
Que pour vieillir sa mémoire ;
L’autre ne vieillit que d’avoir
Trop bougé de vie depuis le temps
Où le monde l’a basculée
Dans l’histoire du temps et du moment,
Qui, sans jamais se ressembler,
Se retrouve à chaque instant
Dans le sac noirci de son éternité

Jean-Pierre Duprey

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Où la vie se contemple tout est submergé

28 Octobre 2012, 05:52am

Publié par vertuchou

    Où la vie se contemple tout est submergé
    Monté les couronnes d’oubli
    Les vertiges au cœur des métamorphoses
    D’une écriture d’algues solaires
    L’amour et l’amour.

    Tes mains font le jour dans l’herbe
    Tes yeux font l’amour en plein jour
    Les sourires par la taille
    Et tes lèvres par les ailes
    Tu prends la place des caresses
    Tu prends la place des réveils.

 

    Paul Eluard

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Maison grise

25 Octobre 2012, 05:26am

Publié par vertuchou

Le train s'acheminait dans le monde extérieur
Je me sentais très seul sur la barquette orange
Il y avait des grillages, des maisons et des fleurs
Et doucement le train écartait l'air étrange
Au milieu des maisons il y avait des herbages
Et tout semblait normal à l'exception de moi
Cela fait très longtemps que j'ai perdu la joie
Je vis dans le silence, il glisse en larges plages.
Le ciel est encore clair, déjà la terre est sombre ;
Une fissure en moi s'éveille et s'agrandit
Et ce soir qui descend en Basse-Normandie
A une odeur de fin, de bilan et de nombre.

Michel Houellebecq

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Nécrologie des désenchantés de l’amour

22 Octobre 2012, 05:58am

Publié par vertuchou

Les désenchantés de l’amour
se tirent des balles dans le coeur.
De ma chambre j’entends les coups de feu.
Les bien-aimées se tordent de jouissance.
Oh que de matière pour les journaux.

Désenchantés mais photographiés,
ils ont écrit des lettres d’explication,
ils ont pris toutes les dispositions
pour le remords de leur bien-aimée.
Pan pan pan adieu, écoeurante.
Je m’en vais, tu restes, mais nous nous retrouverons
dans le ciel lumineux ou l’enfer tortueux.
Les médecins procèdent à l’autopsie
des désenchantés qui se sont tués.
Quels grands coeurs ils possédaient.
Des viscères immenses, des tripes sentimentales
et un estomac tout rempli de poésie…
Allons maintenant au cimetière
accompagner les corps des désenchantés
dûment mis en boîte
(passions de première et seconde classe).
Les désenchantés viennent après les enchantés,
sans coeur, sans tripes, sans amour.
Unique fortune, leurs dents en or
ne serviront pas de caution financière
et recouvertes de terre perdront leur brillant
tandis que les bien-aimées danseront une samba
féroce, violente, sur leur tombe.

 

Carlos Drummond de Andrade

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Sonnet XVII / soneto XVII

20 Octobre 2012, 05:06am

Publié par vertuchou

Je ne t'aime pas comme rose de sel, ni topaze
Ni comme flèche d’oeillets propageant le feu :
Je t’aime comme l’on aime certaines choses obscures,
De façon secrète, entre l’ombre et l’âme.


Je t’aime comme la plante qui ne fleurit pas
Et porte en soi, cachée, la lumière de ces fleurs,
Et grâce à ton amour dans mon corps vit l’arôme
Obscur et concentré montant de la terre.


Je t’aime sans savoir comment, ni quand, ni d’où,
Je t’aime directement sans problèmes ni orgueil :
Je t’aime ainsi car je ne sais aimer autrement,


Si ce n’est de cette façon sans être ni toi ni moi,
Aussi près que ta main sur ma poitrine est la mienne,
Aussi près que tes yeux se ferment sur mon rêve.

 

                  ---------

 

No te amo como si fueras rosa de sal,topacio
o flecha de claveles que propagan el fuego:
te amo como se aman ciertas cosas oscuras,
secretamente, entre la sombra y el alma.


Te amo como la planta que no florece y lleva
dentro de sí, escondida, la luz de aquellas flores,
y gracias a tu amor vive oscuro en mi cuerpo
el apretado aroma que ascendió de la tierra.


Te amo sin saber cómo, ni cuándo, ni de dónde,
te amo directamente sin problemas ni orgullo:
así te amo porque no sé amar de otra manera, .


sino así de este modo en que no soy ni eres,
tan cerca que tu mano sobre mi pecho es mía,
tan cerca que se cierran tus ojos con mi sueño.

 

Pablo Neruda

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Ombres

15 Octobre 2012, 05:04am

Publié par vertuchou

 

Quand mes pensées s’arrêtent

Et figent les instants

Quand en moi se répètent
D’autres lieux d’autres temps

Quand d’un mot d’une phrase
S’estompe le décor

Et quand un ange passe
D’ennui ou de remords…

Je cours après mon ombre
Et nul ne sait

 
Quand la folle nature
Me fait de grands cadeaux

Quand d’une fleur d’un murmure
Me vient comme un écho

Quand soudain souvenances
Vont s’accrochant aux heures

Et quand réminiscences
M’emplissent de langueur

Je cours après mon ombre
Et nul ne sait

 
Quand mes pensées s’arrêtent
Et figent mes pensées

Quand en moi se projettent
Appréhensions rentrées

Quand le temps et ses traces
Me gavent de frayeurs

Et quand je les ressasse
Ricanant de mes peurs…

Je cours après mon ombre
Et nul ne sait

 
Quand les jours en dérive
Se taisent infiniment

Quand l’image s’esquive
Et se couvre d’un blanc

Quand les anges s’éloignent
Et n’en ai chaud ni froid

Et quand regrets me gagnent
D’en être sans émoi…

Je cours après mon ombre
Et nul ne sait

 
Esther Granek 

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