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Vertuchou.over-blog.com

Les poètes

21 Mai 2011, 05:54am

Publié par vertuchou

Ce sont de drôles de types qui vivent de leur plume
Ou qui ne vivent pas c'est selon la saison
Ce sont de drôles de types qui traversent la brume
Avec des pas d'oiseaux sous l'aile des chansons

Leur âme est en carafe sous les ponts de la Seine
Les sous dans les bouquins qu'ils n'ont jamais vendus
Leur femme est quelque part au bout d'une rengaine
Qui nous parle d'amour et de fruit défendu

Ils mettent des couleurs sur le gris des pavés
Quand ils marchent dessus ils se croient sur la mer
Ils mettent des rubans autour de l'alphabet
Et sortent dans la rue leurs mots pour prendre l'air

Ils ont des chiens parfois compagnons de misère
Et qui lèchent leurs mains de plume et d'amitié
 Avec dans le museau la fidèle lumière
Qui les conduit vers les pays d'absurdité

Ce sont des drôles de types qui regardent les fleurs
Et qui voient dans leurs plis des sourires de femme
Ce sont de drôles de types qui chantent le malheur
Sur les pianos du cœur et les violons de l'âme

Leurs bras tout déplumés se souviennent des ailes
Que la littérature accrochera plus tard
A leur spectre gelé au-dessus des poubelles
Où remourront leurs vers comme un effet de l'Art

Ils marchent dans l'azur la tête dans les villes
Et savent s'arrêter pour bénir les chevaux
Ils marchent dans l'horreur la tête dans des îles
Où n'abordent jamais les âmes des bourreaux

Ils ont des paradis que l'on dit d'artifice
Et l'on met en prison leurs quatrains de dix sous
Comme si l'on mettait aux fers un édifice
Sous prétexte que les bourgeois sont dans l'égout

 

Léo FERRE

 


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Je te guette

20 Mai 2011, 05:01am

Publié par vertuchou

Abandonné par le sommeil
je te guette
au milieu des bruits étouffés
de la nuit qui expire


Je t'imagine pétrifiée
vigie muette dans l'attente
de la libération du jour

L'aube aux mille détours
me surprend suspendu
à ton souffle constant

sur le battant de mon cœur


Apaisement fugace
avant la lumière crue
des tourments du jour

 
Ivre de ton absence
je te sais partie
au-delà du fleuve de la vie
là où le soleil est inconnu.

 

   




 

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L'isolement

19 Mai 2011, 06:00am

Publié par vertuchou

Souvent sur la montagne, à l'ombre du vieux chêne,
Au coucher du soleil, tristement je m'assieds ;
Je promène au hasard mes regards sur la plaine,
Dont le tableau changeant se déroule à mes pieds.

Ici gronde le fleuve aux vagues écumantes ;
Il serpente, et s'enfonce en un lointain obscur ;
Là le lac immobile étend ses eaux dormantes
Où l'étoile du soir se lève dans l'azur.

Au sommet de ces monts couronnés de bois sombres,
Le crépuscule encor jette un dernier rayon ;
Et le char vaporeux de la reine des ombres
Monte, et blanchit déjà les bords de l'horizon.

Cependant, s'élançant de la flèche gothique,
Un son religieux se répand dans les airs :
Le voyageur s'arrête, et la cloche rustique
Aux derniers bruits du jour mêle de saints concerts.

Mais à ces doux tableaux mon âme indifférente
N'éprouve devant eux ni charme ni transports ;
Je contemple la terre ainsi qu'une ombre errante
Le soleil des vivants n'échauffe plus les morts.

De colline en colline en vain portant ma vue,
Du sud à l'aquilon, de l'aurore au couchant,
Je parcours tous les points de l'immense étendue,
Et je dis : " Nulle part le bonheur ne m'attend. "

Que me font ces vallons, ces palais, ces chaumières,
Vains objets dont pour moi le charme est envolé ?
Fleuves, rochers, forêts, solitudes si chères,
Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé !

Que le tour du soleil ou commence ou s'achève,
D'un oeil indifférent je le suis dans son cours ;
En un ciel sombre ou pur qu'il se couche ou se lève,
Qu'importe le soleil ? je n'attends rien des jours.

Quand je pourrais le suivre en sa vaste carrière,
Mes yeux verraient partout le vide et les déserts :
Je ne désire rien de tout ce qu'il éclaire;
Je ne demande rien à l'immense univers.

Mais peut-être au-delà des bornes de sa sphère,
Lieux où le vrai soleil éclaire d'autres cieux,
Si je pouvais laisser ma dépouille à la terre,
Ce que j'ai tant rêvé paraîtrait à mes yeux !

Là, je m'enivrerais à la source où j'aspire ;
Là, je retrouverais et l'espoir et l'amour,
Et ce bien idéal que toute âme désire,
Et qui n'a pas de nom au terrestre séjour !

Que ne puîs-je, porté sur le char de l'Aurore,
Vague objet de mes voeux, m'élancer jusqu'à toi !
Sur la terre d'exil pourquoi resté-je encore ?
Il n'est rien de commun entre la terre et moi.

Quand là feuille des bois tombe dans la prairie,
Le vent du soir s'élève et l'arrache aux vallons ;
Et moi, je suis semblable à la feuille flétrie :
Emportez-moi comme elle, orageux aquilons !

Alphonse de LAMARTINE  

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le langage

18 Mai 2011, 06:07am

Publié par vertuchou

Le langage doit couvrir toutes les gammes de la musique.

Le poète doit toujours, dans toutes les situations, trouver le mot qui vibre,

qui me parle, qui peut blesser mon âme jusqu’au sanglot par sa précision.

Le verbe peut se métamorphoser en couleur, en son, en odeur ;

c’est à l’artiste de l’employer pour faire mouche.


Knut HAMSUN

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la cendre et le sang

17 Mai 2011, 05:46am

Publié par vertuchou

  I.    Au sommet de la ville sainte
       Où gît une cendre de roi
       Un aigle plane sur l'enceinte
       Aux frêles toits
       Où vécut dans l'air libre et frais
       Parmi ses armes argentines
       Et ses fragiles concubines
       Le Désiré.


II.    Aujourd'hui le silence est l'hôte du Rova
       Avec le souvenir du prestige hova.


III.    Si le vide est dieu c'est là qu'est son temple
       Où l'éternité vaine le contemple.


IV.   Quand les rois ont passé le mystique horizon
       Le néant de la vie habite leur maison.


V.    Mais le pâtre qui se nourrit
        Des grains roses du riz
        Recueille la moisson généreuse, et sourit.


VI.    Pourtant il consacre aux Ancêtres.
        Dont les mânes ont faim peut-être,
        Une offrande, et garde pour lui la douceur d’être.


VII.   Car le sang desséché n'est qu'une pourpre vaine
        Mais le sang est joyeux: qui flue au long des veines.


VIII.  Le sang des vivants chante une chanson silencieuse
        Et plus mélodieuse
        Que la voix de l'amie au coeur des nuits heureuses.


IX.    Les danseurs d'Anosy sont vifs
        A scander le pas du Désir
        Sous les arbres aux belles hampes:
        Mais moins que le sang vif aux tempes,


X.     Et puis, lorsque viendra l'heure funèbre,
        Des mains nous coucherons dans les ténèbres.


XI.   La vie est une porte unique et double,
       Un étrange logis peuplé d'ombre et de doute
       Où quelqu'un nous tissa le lange et le linceul:
       On n'y peut entrer seul, on n'en peut sortir seul.

Robert-Edward HART

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Nuages passant

16 Mai 2011, 03:35am

Publié par vertuchou

Friedrich00.JPG

 

Caspar David Friedrich (1774-1840)

Nuages passant

1821

huile sur toile,

0.183 m. x 0.245 m

 

 

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Soleil d'hiver

15 Mai 2011, 05:10am

Publié par vertuchou

Regards échangés 
tendresse partagée 
sans aller plus loin 
que le chemin
de l'amitié

je te regarde
fixant ton visage
dans ma mémoire
tu ne prononces
aucun mot

la tristesse envahit
tes yeux
tu a compris avant moi
que la douleur
l'emportera à l'heure
de la séparation

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Une image divine

14 Mai 2011, 06:11am

Publié par vertuchou

La Cruauté possède un Coeur Humain,
Et la Jalousie, un Visage Humain,
La Terreur, la Forme Humaine du Divin,
Et le Secret, le Vêtement Humain.

Le Vêtement Humain est un Métal forgé,
La Forme Humaine, une Forge embrasée,
Le Visage Humain, une Fournaise scellée,
Le Coeur Humain, sa Gorge affamée.

 


William Blake

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L'amour des mots

13 Mai 2011, 06:15am

Publié par vertuchou

L’amour des mots est en quelque façon nécessaire

à la jouissance des choses.                       Francis PONGE

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The Köln Concert

12 Mai 2011, 03:10am

Publié par vertuchou

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