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Vertuchou.over-blog.com

Selon les règles du jeu

28 Février 2018, 02:37am

Publié par vertuchou

Selon les règles du jeu il s'allonge contre elle et presse la bouche
contre son front, ses paupières, ses joues, son cou, ses épaules.
Ses épaules son cou ses paupières.
Peau brûlante goût de sel résistance de la chair dès que les lèvres s'y appuient
odeur Vermeille goût de soleil goût de raisins de serre il ne respire plus
ses propres mains ses reins ses jambes sont glacés les battements de son cœur
se développent de plus en plus fort de plus en plus rapprochés irradiant sa gorge
comme si une course une fuite blessée le soulevait du sol et le laissait retomber
plus lourdement à chaque foulée il fuit bien qu'il ne bouge pas ne l'embrasse même plus
reste simplement serré contre elle poursuivi par le goût de raisins de sa chair
et le faible parfum d'amandes de ses cheveux.

Jean-René Huguenin, La Côte sauvage

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Une nuit…

27 Février 2018, 02:16am

Publié par vertuchou

Une nuit, de l’au-delà des ténèbres
comme une étoile je viendrai vers toi.
Sur les ailes du vent coureur du monde,
Je viendrai te chercher avec joie.
Comblée de tendresse et d’ivresse,
comme un beau jour d’été, je t’offrirai une jupe
pleine de tulipes sauvages de la montagne.

Une nuit, je frapperai à ta porte,
ton coeur tremblera dans ta poitrine.
La porte s’ouvrira et mon corps
impatient glissera dans tes bras chauds.
Dans ces instants d’ivresse,
tu ne verras plus mon regard enfantin
se disputant avec la pudeur.

Une nuit, si tu appelles mon nom,
je t’inviterai au pays des rêves.
Je danserai comme les sirènes
sur les vagues de ton souvenir.
Une nuit, mes lèvres assoiffées se brûleront
avec joie dans le feu de tes lèvres.
Mes yeux fixeront leur espoir
sur la destination de ton regard.
une nuit, de Vénus, la déesse charmeuse,
j’apprendrai les jeux de l’amour.
Comme une lumière née du ventre des ténèbres,
j’allumerai un feu auprès de toi.
Ô toi, les yeux rivés sur le chemin !
C’est moi qui viendrai vers toi,
Sur les ailes du vent coureur du monde,
je viendrai te chercher avec joie.

Ahwaz, printemps 1955

Forough Farrokhzad

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The Harbour Cassis

26 Février 2018, 02:36am

Publié par vertuchou

 - Francis Campbell Boileau Cadell, The Harbour Cassis, 1923.

- Francis Campbell Boileau Cadell, The Harbour Cassis, 1923.

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La fellah

25 Février 2018, 02:34am

Publié par vertuchou

Caprice d'un pinceau fantasque
Et d'un impérial loisir,
Votre fellah, sphinx qui se masque,
Propose une énigme au désir.
 
C'est une mode bien austère
Que ce masque et cet habit long,
Elle intrigue par son mystère
Tous les Œdipes du salon.
 
L'antique Isis légua son voile
Aux modernes filles du Nil ;
Mais, sous le bandeau, deux étoiles
Brillent d'un feu pur et subtil.
 
Ces yeux qui sont tout un poème
De langueur et de volupté
Disent, résolvant le problème,
" Sois l'amour, je suis la beauté. "
 
Théophile Gautier 

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La poésie est si essentiellement musicale

24 Février 2018, 02:10am

Publié par vertuchou

La poésie est si essentiellement musicale qu'il n'y a pas de si belle pensée

devant laquelle le poète ne recule si sa mélodie ne s'y trouve pas.

Alfred de Musset

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La quête

23 Février 2018, 02:11am

Publié par vertuchou

Rêver un impossible rêve
Porter le chagrin des départs
Brûler d'une possible fièvre
Partir où personne ne part

Aimer jusqu'à la déchirure
Aimer, même trop, même mal,
Tenter, sans force et sans armure,
D'atteindre l'inaccessible étoile

Telle est ma quête,
Suivre l'étoile
Peu m'importent mes chances
Peu m'importe le temps
Ou ma désespérance
Et puis lutter toujours
Sans questions ni repos
Se damner
Pour l'or d'un mot d'amour
Je ne sais si je serai ce héros
Mais mon cœur serait tranquille
Et les villes s'éclabousseraient de bleu
Parce qu'un malheureux

Brûle encore, bien qu'ayant tout brûlé
Brûle encore, même trop, même mal
Pour atteindre à s'en écarteler
Pour atteindre l'inaccessible étoile.

Jacques Brel

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Stephen

22 Février 2018, 02:18am

Publié par vertuchou

Ross McKelvey, Stephen

Ross McKelvey, Stephen

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Je ne sais plus, je ne veux plus

21 Février 2018, 02:18am

Publié par vertuchou

Je ne sais plus d'où naissait ma colère ;
Il a parlé... ses torts sont disparus ;
Ses yeux priaient, sa bouche voulait plaire :
Où fuyais-tu, ma timide colère ?
Je ne sais plus.

Je ne veux plus regarder ce que j'aime ;
Dès qu'il sourit tous mes pleurs sont perdus ;
En vain, par force ou par douceur suprême,
L'amour et lui veulent encor que j'aime ;
Je ne veux plus.

Je ne sais plus le fuir en son absence,
Tous mes serments alors sont superflus.
Sans me trahir, j'ai bravé sa présence ;
Mais sans mourir supporter son absence,
Je ne sais plus !

Marceline Desbordes-Valmore

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Mes doigts sentent la chaleur

20 Février 2018, 02:10am

Publié par vertuchou

[...] Mes doigts sentent la chaleur sur sa peau tannée. Le sel y a laissé des scarifications
d'un blanc sale. Nous quittons la plage. Nous marchons sur la Promenade des Anglais.
Un mètre à peine nous sépare. Plus loin, alors que nous sommes en face du Negresco,
sa main  prend mon coude; il me fait traverser, comme si j'étais aveugle.
J'aime ce vertige. Je ferme les yeux longtemps, je suis toute à sa volonté.
Nous entrons dans l'hôtel. Mon cœur s'emballe. Je perds la raison.
Qu'est-ce qui me prend ? Vais-je coucher avec un inconnu ? Je suis folle.

Grégoire Delacourt, La liste de mes envies

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La traversée vers Byzance

19 Février 2018, 02:07am

Publié par vertuchou

1
Ce pays-là n’est pas pour les vieillards. Les garçons
Et les filles enlacés, les oiseaux dans les arbres
– Ces générations de la mort – tout à leur chant,
Les saumons bondissants, les mers combles de maquereaux,
Tout ce qui marche, nage ou vole, au long de l’été célèbre
Tout ce qui est engendré, naît et meurt.
Ravis par cette musique sensuelle, tous négligent
Les monuments de l’intellect qui ne vieillit pas.

2
Un homme d’âge n’est qu’une misérable chose,
Un manteau loqueteux sur un bâton, à moins
Que l’âme ne batte des mains et ne chante, et ne chante plus fort
A chaque nouvelle déchirure qui troue son habit mortel,
Mais il n’est qu’une seule école pour ce chant, c’est l’étude
Des monuments de sa propre magnificence ;
Et c’est pourquoi j’ai traversé les mers pour m’en venir
Jusqu’à la cité sainte de Byzance.

3
Ô vous, sages dressés dans les saintes flammes de Dieu
Comme dans l’or d’une mosaïque sur un mur,
Sortez des flammes saintes, venez dans la gyre qui tournoie
Et soyez les maîtres de chant de mon âme.
Réduisez en cendres mon cœur ; malade de désir,
Ligoté à un animal qui se meurt,
Il ignore ce qu’il est ; et recueillez-moi
Dans l’artifice de l’éternité.

4
Une fois hors de la nature, je n’emprunterai plus
Ma forme corporelle à nulle chose naturelle, mais
A ces formes que les orfèvres de Grèce
Façonnent d’or battu ou couvrent de feuilles d’or
Pour tenir en éveil un Empereur somnolent ;
Ou qu’ils posent sur un rameau d’or pour qu’elles chantent
Aux seigneurs et aux dames de Byzance
Ce qui fut, ce qui est, ce qui est à venir.

William Butler Yeats
Traduction J.-Y. Masson

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